AFEM décrie le manque d’intérêt des autorités dans la promulgation de l’édit provincial interdisant la justice populaire.
L’Association des femmes des médias AFEM regrette de constater que plusieurs cas de justice populaire sont répertoriés dans la ville de Bukavu et dans les territoires. Les victimes sont des femmes accusées de sorcellerie. Ces dernières sont battues, torturées et d’autres brûlées vives dans leurs maisons par des manifestants en colère les accusant d’être à la base d’un décès ou d’autres malheur qui frappe leurs entourages.
« … pourtant un édit provincial interdisant la justice populaire a été adopté en plénière à l’hémicycle provinciale lors de la deuxième législature. Ce texte juridique qui a déjà force de loi n’a jamais été promulgué par le gouverneur de province pour que les autorités judiciaires s’y réfèrent pour sanctionner tous les auteurs de justice populaire en province du Sud-Kivu… », regrette Julienne Baseke, coordinatrice d’AFEM
Cette structure de défense des droites femmes fait savoir que des initiatives ont été menées par les organisations de la société civile pour demander aux autorités locales et provinciales d’adopter de stratégies pour protéger les femmes et les garantir une sécurité.
« …un acte d’engagement a été signé par les participants à l’atelier de plaidoyer organisé par AFEM appuyé par Internews au mois de Mars 2021 à Bukavu. Le gouvernement provincial du Sud-Kivu à travers ses services techniques s’est engagé à enquêter, identifier et arrêter les présumés auteurs des enlèvements liés aux accusations à la sorcellerie avant de le déférer devant la justice et les sanctionner. A cela s’ajoute la décision de fermer les chambres de prières et maisons d’invocation qui versent dans les dérives liées aux accusations de sorcellerie… », ajoute notre source.
AFEM renseigne que l’assemblée provinciale s’est engagée à faire le suivi de mise en application des édits votés à l’assemblée provinciale du Sud-Kivu à l’instar de l’édit portant interdiction de recours à la justice populaire et puis initiée un édit portant incrimination des pratiques de sorcellerie. En Avril 2022 un atelier d’évaluation de la situation sécuritaire des femmes liées aux accusations de sorcellerie les participants parmi lesquels les autorités, l’assemblée provinciale, les autorités locales territoriales et coutumière, la société civile et les médias ont réitéré les engagements en acceptant d’améliorer les actions entreprises et la mise en œuvre des initiatives non encore entamées.
« …Les services de sécurité pour leurs parts se sont dit être prêts à enquêter sur les cas d’accusation de la sorcellerie et appliquer les sanctions prises par la justice à l’endroit des coupables accusés de sorcellerie », renseigne-t-elle.
Madame Julienne BASEKE regrette de constater que malgré ces efforts, la situation est restée la même sur terrain. Les femmes continuent d’être la cible des personnes de mauvaises volontés qui utilisent l’accusation à la sorcellerie pour régler leurs différents et en faisant subir aux femmes des actes inhumains et dégradants pourtant ces violations sans sanctionnées par les textes légaux qui protègent les droits humains.
« … nous en appelons à la conscience des autorités compétentes à prendre des mesures contraignantes et urgentes pour la protection des femmes accusées des sorcières en Province du Sud-Kivu », regrette-t-elle.
Rappelons que de 2021 jusqu’à ce jour, AFEM a documenté au moins 23 cas des femmes tuées dans les mêmes circonstances et 430 autres chassées de leurs villages et condamnées à l’errance. Le groupement de Kalonge en territoire de Kalehe a un chiffre très élevé avec plus de 300 femmes accusées de sorcellerie.
Rachel RUGARABURA, JRI
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