Atelier stratégique financé par la GIZ, AFEM réunit les parties prenantes afin de s’approprier l’édit portant interdiction de la justice populaire pour sa mise en application
Depuis le début de l’année 2023, l’Association de Femmes des Médias AFEM, a documenté 97 cas de justice populaire dues aux accusations de sorcellerie. Résultat dévoilé lors de l’atelier stratégique pour le suivi de l’effectivité et mise en œuvre de l’édit portant interdiction du recours à la justice populaire promulguée depuis 2014. Il s’est tenu à Bukavu, province du Sud Kivu en République Démocratique du Congo ce 27 Juin 2023 avec le financement de l’agence allemande de la coopération internationale.
Madame Julienne Baseke, Coordinatrice de l’AFEM regrette de voir que ces accusations de sorcellerie sont en train de se transformer en « feminicide ». Malgré la lutte que mène certaines organisations de la société civile, en l’exemple de AFEM ses partenaires, il y a toujours des cas de justice populaire du aux fausses accusations de sorcellerie signalés dans les territoires et même dans la ville de Bukavu. Elle rappelle aussi qu’un édit portant interdiction de la justice populaire a été promulgué depuis 2014.
« … Depuis le début de l’année 2023, AFEM a documenté 97 cas dont 15 femmes tuées, la ville d’Uvira vient en tête avec 6 femmes tuées, 3 femmes à Kalonge, 2 femmes tuées à Burhale, 2 femmes tuées à Minova et 2 autres à Luvungi. De ces cas, l’on note 82 femmes chassées de leurs villages et leurs cases détruites. Depuis le 10 janvier 2014, le Gouverneur de Province, à l’époque Marcellin CISHAMBO, avait promulgué l’Edit interdisant le recours à la justice populaire. (Edit n° 001/ 2014), Ce texte a été par la suite publié dans le bulletin officiel de la Province le 6 avril 2016(page 17 et 18). Force est de constater que jusqu’à présent, cet édit n’est pas non seulement vulgarisé mais aussi mis en application… », a fait savoir Madame Julienne Baseke.
Dans son mot d’ouverture, son excellence Madame Furaha BYABUZE, commissaire en charge du genre est revenu sur l’article 16 de la constitution de la RDC qui stipule que la vie humaine est sacrée, elle doit être protégé et personne n’a droit de la menacer et moins encore y mettre fin car toute personne a droit à la vie et a l’intégrité physique.
« … Même l’article 5 de la déclaration universelle des droits humains stipule que nul ne sera soumis à la torture ni à des peines ou traitement cruels, inhumains ou dégradants. Tout le monde est appelé à s’approprier cette lutte. Chacun doit informer l’autorité la plus proche tout cas de justice populaire… », a-t-elle déclaré.
Elle a fait savoir que, le recours à la justice populaire est une conséquence de l’impunité dont bénéficient les auteurs de certaines infractions.
« Ces chiffres nous interpellent et demandent plus de renforcement de collaboration pour conscientiser, dénoncer et rendre justice pour amener les membres de communautés à changer de comportement, punir les auteurs conformément a la loi. Ça contribuera à sauver les vies de nos mères et sœurs, nos tantes et cousines, voisines et amies victimes de ces cruautés… »
Pour elle, les violences basées sur le genre n’épargnent personne. Chacun doit mobiliser les énergies pour freiner cette hémorragie qui endeuille la Province du Sud Kivu et déchire la cohésion sociale.
« C’est une situation déplorable qui maintient les femmes, surtout celles du 3e âge et les jeunes filles dans un régime d’accusation permanente de sorcellerie est dues aux fausses croyances, fausses rumeurs, fausses prophéties et aux fausses pratiques coutumières rétrogrades. Imaginez que ces femmes et filles victimes de justice populaire dues aux accusations de sorcellerie étaient vos sœurs, mères, etc, quel est le sentiment qui vous animerait … ? », a-t-elle fait savoir.
Tout en remerciant AFEM et son partenaire GIZ pour cette initiative, elle promet que ses portes seront toujours ouvertes pour le renforcement de la collaboration afin d’éradiquer ce phénomène d’accusation de sorcellerie et de la justice populaire à leur égard.
« Cette collaboration contribuera à l’effectivité de la stratégie nationale de la lutte contre les violences sur le genre de Juin 2018. », a-t-elle conclue.
Cette activité s’inscrit dans le projet Promotion des droits des femmes au Sud Kivu à travers les actions de prévention et lutte contre les violences sexuelles et basées sur le genre pour la consolidation de la paix, financé par la GIZ.
Rédaction
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