Bukavu : Du chagrin au bonheur pour les veuves des militaires
Pendant environ trois ans, elles ont enduré des conditions de vie difficiles. Faute d’accès aux soldes de leurs maris décédés sur le front, elles ont eu du mal à joindre les deux bouts du mois. Sans doute, elles ont revendiqué à cor et à cri leurs droits de percevoir ces billets de banque mais leurs cris sont restés, des années durant, lettres mortes auprès des officiels de l’armée. Une émission radio est venue bouleverser la donne !Â
Ouf ! Personne ne pouvait penser que nous serions un jour entendues, nous les veuves. Aujourd’hui, nous recommençons à percevoir les soldes de nos illustres disparus au moment où nous nous y attendions le moins. Quel miracle ? » Se réjouit une veuve interrogée à ce sujet.
Plaidoyer par la radio
Sont nombreuses celles qui ont longtemps défilé au bureau des affaires sociales de la trente troisième région militaire pour revendiquer leurs dus. Des mois s’écoulaient, mais sans qu’une once de solution convenable au problème.
« Nous avons approché les défenseurs des droits humains sur cette lancinante question, mais leur plaidoyer en notre faveur s’est estompé en si bon chemin. », témoigne Marie ange Sabina , une veuve depuis dix ans. Elle se dit contente de voir que la radio a permis de désamorcer la bombe, ou alors, de prévenir le pire.
« Alors que nous nous préparions à organiser des marches de colère et d’innombrables sit-in devant le bureau du commandant de la troisième région militaire, quelques unes d’entre nous au camp militaire SAIO ont suivi une émission à MAMA radio ».Â
Sans savoir exactement le titre de ce programme radiophonique, ces femmes en situation difficile ont écouté« Témoin Spécial » en rediffusion sur les violences domestiques.
« Les journalistes parlaient des violences dont la femme est victime, lorsqu’elle est battue par son mari ou subit toute autre agression verbale, psychologique ou sexuelle. Mais une question est restée : qu’en est-il de nos soldes que l’on nous prive dans l’insouciance?Au delà de ce questionnement, une décision collégiale a été prise à huis-clos.
« Nous avons entrepris la démarche d’aller à MAMA radio. Aux premières heures du matin, nous l’avons prise d’assaut en nous confiant à deux productrices de cette émission. Elles nous ont fait remarquer que cela sera une forme des violences économiques si le fait s’avère juste. Et cela ne pourrait pas passer inaperçu aux yeux de ce medias communautaire qui défend l’égalité des chances, nous nous ont-elles rassuré»
Fini le calvaire
Ces femmes ont refusé de continuer à subir ce genre de traitement qu’elles qualifient d’inhumain. La radio a mené une investigation sur ce sujet plutôt sensible jusqu’à rencontrer des hauts-gradés de l’armée.
« La question de cette centaine des femmes de nos vaillants militaires abattus au front nous préoccupe au plus haut point. Il y a un budget réservé pour elles chaque mois, mais curieusement, elles n’y accèdent pas toujours pour des raisons inavouées. Je suis tenté d’avancer l’hypothèse du détournement », nous a confié, sous le sceau de l’anonymat, un officier des FARDC.
Sans citer les noms des personnes au banc des accusés, l’enquête a révélé une main noire dans la gestion de fonds alloué au social des veuves des militaires.
« C’est un motif de joie pour nous d’apprendre enfin que certains responsables inciviques géraient comme leur proche le budget qui devait nous payer depuis toutes ces années. Les auteurs de cette violence économique qui s’enrichissent sur notre dos devraient être punis ».
Le commandant des 33 ième régions militaires, Jean pierre Molondo Lompondo a reconnu, sans en dire plus, la disponibilité de ce fonds pour les veuves. Leur calvaire doit s’arrêter, a-t-il promis, en demandant à la radio de ne plus en faire du bruit. Depuis lors, c’est l’afflux au bureau de paie, et le sourire regagne petit à petit les lèvres de ces femmes.
Jean Paul Badibanga
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