BUKAVU : Les activités commerciales ne tournent plus comme c’était le cas avant l’arrivée de l’AFC/M23.

La crise économique tue plus que la crise sécuritaire en province du Sud-Kivu. Cette crise se perçoit à travers la timidité des commerçants au grand marché de Kadutu après les pillages des 14 et 15 février 2025.

Le lendemain du pillage, qui a touché de nombreuses familles de la ville de Bukavu avant l’arrivée des éléments de l’AFC/M23, les vendeuses et les vendeurs de légumes vivent un calvaire.

Après un constat fait par Mama Radio, les étalages sont presque vides au sein de ce grand marché de la ville de Bukavu et la situation économique des commerçants reste critique. 

Sur place, les visages tristes des vendeurs étalent timidement une petite quantité de marchandises qui ont été sauvées avant ou pendant le jour des pillages.

Plusieurs hangars connus pour les rayons des vendeuses et vendeurs de sucre, de soja, de matelas et autres. La toiture du bâtiment a été démolie par des personnes de mauvaise volonté, après avoir vidé les dépôts.

Ici, les étagères sont presque vides, il n’y a pas d’articles sur les étalages, mais les vendeurs et vendeuses disent qu’ils se présentent au marché car ils n’ont rien à faire à la maison et afin d’éviter de déranger leurs enfants.

Françoise Cibonga, propriétaire d’un dépôt au grand marché de Kadutu, a fait savoir à votre rédaction qu’elle traverse un pire cauchemar, car depuis plus de 20 ans qu’elle exerce dans ce marché, c’est la première fois qu’elle est victime de pillage jusqu’à tout perdre.

«  Comme vous me voyez là, je n’ai plus de marchandise à vendre aux clients pendant que mon dépôt était plein d’articles. Je vendais des radios, des télévisions, des baffles, des torches et d’autres articles, mais il ne m’en reste que quelques-uns, pas 50 au total. J’avais des clients en provenance des villages et par jour, je pouvais facilement vendre et compter deux mille dollars. Aujourd’hui, il est 15 h. Je n’ai plus que vingt mille francs congolais. Cela affecte non seulement mon économie, mais aussi ma santé mentale. » A-t-elle déploré.

Dans une autre partie du bâtiment, l’endroit communément appelé « Coopéra », qui servait de dépôt et d’étalage à plusieurs vendeuses et vendeurs, avait été incendié par des jeunes après le pillage. Les occupants de ces dépôts sont restés sans mot et sans aucune assistance. Des familles qui dépendaient de ces activités commerciales sont tombées dans la pauvreté.

Certaines des vendeuses qui ont sauvé quelques articles les exposent à même le sol. Malheureusement pour elles, aucun client ne vient pour acheter. C’est devenu un lieu de palabres.  

Notre source sur place nous informe que la fermeture des banques et la difficulté d’importer des marchandises aggravent également la crise économique au sein de la population.

« Malgré la situation, nous n’avons pas augmenté le prix mais le taux de dollars se négocie actuellement à 3 000 francs congolais. La ligne Bukavu – Uvira est coupée, Bukavu – Kamituga, Bukavu – Kalehe ainsi que les autres coins où les clients provenaient, ce n’est pas facile en tout cas pour nous de vendre comme avant ». Se plaint Balyahamwamo Eric, vendeur de chaussures.

Signalons que cette crise économique affecte les activités commerciales à Bukavu, ainsi que les agents et fonctionnaires de l’État, qui ont perdu leurs emplois depuis l’occupation de la ville par l’AFC/M23. À cela s’ajoute de nombreux agents humanitaires des organisations locales, internationales et des agences des Nations unies qui sont au chômage. Ces derniers n’ont plus accès à leurs salaires et ne savent plus comment subvenir aux besoins de leurs familles.

La province du Sud-Kivu est devenue une urgence humanitaire aux yeux de la communauté internationale, qui exige l’implication de tous les acteurs sans exception pour dénouer la crise qui sévit à l’est de la RDC.

CIKURU MIHIGO