BUKAVU : Les AVEC, considérées comme des stratégies de relèvement économique des femmes, sont exposées à la disparition.

Les femmes qui constituent le soutien économique de plusieurs ménages au Sud-Kivu sont confrontées à une crise sécuritaire réduisant sensiblement les activités génératrices de revenus.
Réunies au sein des associations villageoises d’épargne et de crédit AVEC, ces femmes ne savent plus comment se réunir pour bénéficier de crédits, faire des économies et effectuer des remboursements.
Plusieurs d’entre elles ont perdu leurs activités, d’autres ont été victimes de pillages et d’autres encore sont en fuite à l’étranger depuis l’occupation de la ville de Bukavu par le mouvement politico-militaire AFC/M23.
La majorité de ces femmes effectuent le petit commerce à Bukavu et font face à la crise économique due à la disparition de plusieurs activités commerciales. D’autres, qui génèrent des recettes grâce à d’autres activités génératrices de revenus, n’ont plus accès à la matière première et font face au manque de clientèle.
Selon le constat effectué par votre rédaction le lundi 10 mars 2025, les réunions hebdomadaires qui réunissaient tous les membres ne se tiennent plus suite à la situation d’insécurité. Plusieurs membres détenant des crédits ne savent pas comment rembourser leurs crédits et d’autres ont du mal à épargner par manque de revenus.
Contactée, madame SIFA BYAMUNGU, femme ménagère ambulante, rencontre des difficultés pour accéder à l’argent actuellement. Pourtant, grâce à son travail de lessive dans les ménages, elle parvenait à épargner quarante mille francs congolais chaque semaine dans l’AVEC.
« Je suis veuve et mère de six enfants. Cela fait deux semaines que je n’ai pas participé à la réunion de notre AVEC par manque d’argent pour épargner. Auparavant, je lavais le linge de sept ménages chaque semaine, ce qui me permettait de réaliser des économies considérables. Mais aujourd’hui, je termine la semaine sans avoir quatre ménages et le peu d’argent que je gagne ne me permet que d’acheter de la nourriture pour mes enfants. Certains de mes clients ont quitté la ville et d’autres disent qu’ils n’ont plus assez d’argent pour engager une telle dépense. Ce n’est pas vraiment facile pour moi », témoigne cette dame.
De son côté, Elodie Mugisho, responsable de l’AVEC TUUNGANE dans la commune de Kadutu, indique que l’association qu’elle dirige compte 56 membres. Cela permettait à l’association, dans le temps passé, d’épargner chaque semaine au moins un million de francs congolais. Aujourd’hui, il est difficile pour l’association de réunir 30 membres lors d’une rencontre, et d’atteindre une épargne de 200 000 francs congolais. Sans même parler des crédits non remboursés par certains membres.
« …Nous devrions clôturer la quatrième échéance à la fin du mois de mars, mais cela sera difficile, car une somme importante est entre les mains des membres qui ont emprunté et qui ont du mal à rembourser suite à la situation que traverse la province. Nous ne savons pas si nous allons pouvoir poursuivre après cette échéance, sauf si la situation s’améliorait… », explique Élodie.
De son côté, Christian CHIFIZI, expert en comptabilité dans la ville de Bukavu, demande aux responsables des comités des différents AVEC d’être tolérants envers leurs membres ayant des litiges, en réduisant les pénalités pour les retardataires afin de permettre à chaque membre de se mettre en règle malgré la situation actuelle.
Il demande également la suppression de certains frais exigés aux membres, comme la solidarité (upendo), les amendes (de retard et d’absence), en attendant que la situation économique redevienne normale, pour permettre à chaque membre de ses différentes associations d’épargner et de contracter un crédit à la limite de ses moyens, conformément au règlement intérieur de chaque structure.
Tharcile BWAYE
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