Bukavu : Plusieurs cas d’harcèlement des femmes des ménages pendant le confinement lié à la Covid19

Posté par  Cikuru Kadjunga   à       3 années ago     560 Views     Laisser vos impressions  

A Bukavu dans la province du Sud-Kivu à l’Est de la République démocratique du Congo, plusieurs filles employées comme domestiques dans des ménages subissent des violences et harcèlements sexuels. Des contrats de travail ne sont pas respectés par leurs patrons, d’autres sont abusées pour que ce contrat soient respectés. Alors que cela demeure une infraction pénale, elles ont peur de dénoncer ces actes inhumains.

« Je viens du territoire de Kabare. Lorsque je suis venue travailler à Bagira, mon patron a commencé à me faire des avances. Le matin lui et sa femme allaient travailler en ville mais malheureusement vers 14 heures il revenait et me montrer que si j’accepte de coucher avec lui, il m’achètera la crème de beauté, des maquillages et des beaux habits Â», raconte Zizina, une jeune fille de 12 ans.

« Un jour il est venu avec dix dollars américains et me l’a présenté. Il a dit que si nous nous donnons un peu d’intimité, il va me le donner. Lorsque j’ai refusé, il m’a pris par force et m’a pénétré Â», ajoute-t-elle, les larmes aux yeux.

Zizina a peur de le dire à sa patronne. Elle a besoin de travailler surtout que ses parents ne sont plus en mesure de la prendre en charge et de la faire étudier. Le confinement a tout perturbé car dit-elle, « mon père travailler pour un blanc en ville mais depuis que la pandémie à coronavirus a été annoncé, son patron lui a dit qu’il va le rappeler une fois que les choses seront arrangées Â».

« Mon patron m’a forcé à coucher avec lui et la troisième fois j’étais obligée de fuir et rentrer chez moi. C’est sûr que j’ai besoin de l’argent mais je ne vais plus continuer à vivre cela. J’ai peur de le dire à qui que ce soit Â», pleure Hortense, âgée de 14 ans.

Plusieurs filles vivent dans des situations pareilles dans les ménages. Elles ne pipent mot par peur d’être rejetées par leurs patrons, situation qui perturbe leur vie psychologique et bloque leur épanouissement.

Avec Covid19, les cas d’harcèlement ont doublé

Pour l’association des professionnels des ménages pour la paix et le développement, APSEMEPAD, une structure qui se charge de réceptionner tous ceux-là qui ont besoin de travailler dans les ménages venant des différents territoires de la province du Sud-Kivu, plusieurs filles et femmes subissent des violences dans les ménages.

« Certaines filles et femmes travaillent mais ne reçoivent rien comme salaire à la fin du mois quoi qu’elles ont signé un contrat de travail. D’autres sont abusées sexuellement par leurs patrons pour que ce contrat soit respecté Â», martèle Furaha Kashandagwe, la chargée de suivi et évaluation au sein de l’APSEMEPAD.

Elle reconnait que des cas des harcèlements sexuels et viols sur des femmes et filles des ménages se sont accrus avec le confinement. « Si les cas des violences contre les domestiques étaient à cinq pour cents, aujourd’hui, avec les effets de la pandémie de Covid19, ils sont à dix pourcents Â», renchérit-elle.

De son côté, Elysée Muzalia,  défenseur des droits humains, les femmes des ménages sont appelées à dénoncer ces actes inhumains car ils sont sanctionnés par la loi. Cela leur permettra aussi de s’épanouir psychologiquement et physiquement et les auteurs de ces actes seront punis conformément à la loi.

« Les violences faites aux femmes demeurent une infraction pénale qui est sanctionnée par la loi de 2006 qui réprime les viols à l’égard de la femme Â».

La loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant dans son titre II de la protection sociale de l’enfant, section 2 de l’enfant au travail, stipule que l’enfant ne peut être employé d’une manière ou d’une autre tant qu’il n’a pas 18 ans.

Maitre Arnold Nyaluma précise que lorsque les faits sont commis sur une subalterne, celui qui a le pouvoir doit être sanctionné. La loi prévoit également que le consentement est inopérant en ce qui concerne le viol dans un environnement coercitif. « Dans la plupart des cas les femmes des ménages sont dans une situation de subordination avec un pouvoir exorbitant du chef de ménage. Elles peuvent faire semblant d’être consentante juste pour garder son travail Â».

Il appelle les autorités à enquêter comme ce sont des violences qui se font dans des maisons, elles sont difficiles à détecter et aux victimes de briser le silence. « Des points focaux peuvent aider à détecter ces cas des violences et harcèlements à l’égard de la femme. Ce qui peut faciliter aussi c’est l’obtention d’un numéro vert Â», renchérit-il.

Pour le ministre du genre, Cosmos Bishisha, les victimes préfèrent dénoncer à des organisations au lieu de le faire auprès des autorités. « Aucune dénonciation n’a été jusque-là donnée à mon ministère mais une fois qu’il y aura des cas de dénonciation les bourreaux devront subir leur peine.  Aucun mécanisme n’a été jusque-là mis en place tant qu’il n’y a pas dénonciation».

Il promet d’accompagner toutes ses femmes victimes des harcèlements et violences pour qu’ils recouvrent leurs droits.

Joëlle Bufole

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