Communiqué de presse « Agir ensemble pour contribuer à la réduction des violences sexuelles et basées sur le genre et améliorer la sécurité des femmes dans la province du Sud Kivu »

Posté par  Cikuru Kadjunga   à       4 années ago     724 Views     Laisser vos impressions  

Introduction

Le présent communiqué trace les données sur les cas d’incidents de violences sexuelles et basées sur le genre (VSBG) rapportés au premier trimestre de l’année 2020 par l’Association des femmes des médias AFEM à travers ses Noyaux club d’écoute composés des femmes et qui constituent des structures  relais disséminées à travers les  axes des territoires  de  la province du Sud Kivu ainsi que la ville de Bukavu. Ces femmes  formées par AFEM, sont des véritables monitrices de terrain.

Elles effectuent régulièrement le monitoring de la paix et la sécurité des femmes dans leurs communautés respectives et envoient des informations à AFEM sous forme de baromètre pour la rédaction des cahiers des charges.

Ces cahiers des charges sont présentés à la fin de chaque année aux autorités urbaines et locales à travers les tables rondes qui regroupent les membres des communautés locales et autorités politico administratives à tous les niveaux, afin que tous s’engagent à contribuer à la réduction des VSBG au sein de leurs communautés respectives.

Pour contribuer à mettre fin à ces violences, AFEM organise des dialogues communautaires  dans les axes du projet. Lors des ses séances, les participants issus des diverses communautés à la base montrent que ces incidents freinent le respect des droits des femmes et leur émergence.

La paix et la sécurité des femmes étant un thème transversal dans la prévention, la promotion et la défense des droits humains, les médias sont appelés à éduquer et sensibiliser sur les droits des femmes, recueillir, relayer et diffuser les voix des femmes, dénoncer les violations des droits des femmes, interpeller, alerter et faire pression sur les politiques pour le respect et l’application des droits des femmes, à travers  divers genres et formats médias comme des magazines, des spots, des sketchs, les théâtres radiophoniques et les nouvelles technologies.

C’est dans ce cadre que AFEM met à la disposition des médias des informations sur les cas d’incidents des violences sexuelles et basées sur le genre dont sont victimes les femmes et les filles de Mwenga centre , Luvungi dans la plaine de la Ruzizi  ainsi que la ville de Bukavu, selon les données recueillies par les femmes.

Depuis le début de l’année 2020, AFEM appuyée par la GIZ, poursuit le monitoring de la  sécurité des femmes, à travers le projet dénommé « La radio au service des droits et du leadership des femmes pour la paix et la sécurité », exécuté à Mwenga Centre, dans la plaine de la Ruzizi (Luvungi) et dans la ville de Bukavu.

De ce qui précède, AFEM lance un appel à tous les médias de conjuguer des efforts communs de plaidoyer pour dénoncer les violences sexuelles et basées sur le genre dont sont victimes les femmes et les filles, au niveau local, provincial, national, régional et international afin de susciter l’implication des autorités dans la prise des mesures réduisant les violences sexuelles et basées sur le genre.

Données chiffrées

AFEM en collaboration avec 30 monitrices membres des NCE de la ville de Bukavu, de Mwenga Centre et Luvungi en territoire d’Uvira a documenté différents cas des VSBG pour une période de quatre mois. Durant 4mois soit de janvier en avril, 173 cas des violences sexuelles ont été enregistrés. Le territoire de Mwenga a battu le record avec lui seul a enregistré 74 cas de viol des femmes et jeunes filles, parmi lesquels quatre victimes ont été violentées par des hommes civiles. Luvungi a enregistré 56 cas et la ville de Bukavu 43 cas de violences sexuelles.

Parmi ces cas, 22 sont des filles mineures exploitées sexuellement par des proxénètes dans des débits des boissons, boites de nuit et maisons de tolérance qui pullulent dans les trois communes de la ville. Parmi ces mêmes cas, il y a aussi des femmes qui ont été forcées à faire les rapports sexuels avec leurs maris en état d’ivresse.

324 cas des pratiques néfastes dont les femmes et filles sont souvent victimes dans  les axes touchés par le projet notamment 118 à Mwenga, 126 cas à Luvungi et 80 cas dans les trois communes de la ville de Bukavu à savoir Kadutu, Ibanda et Bagira.

Pour ce qui est de la participation et prise en compte des besoins des femmes, 96 cas ont été enregistrés dont 37 à Luvungi, 42 à Mwenga et 17 dans la ville de Bukavu. Sur ces cas 30 sont des femmes qui ont été menacées, injuriées, intimidées par leurs maris pour n’avoir pas adhéré dans les partis politiques de leurs choix, 22 sont des femmes qui ont été maltraitées et discriminées par les membres de leurs communautés pour avoir exprimé la volonté de briguer des postes de responsabilité en politique et 40 femmes ont été écartées de la gouvernance locale parce qu’elles ont exprimé la volonté d’occuper des postes de chef de village, sous villages suite aux coutumes rétrogrades.

 Conclusion

De ce qui précède, la Constitution de la République Démocratique du Congo accorde tous les droits humains et politiques à la femme comme à l’homme. Cependant, la femme reste victime de toute sorte de violences au sein de la communauté et, sur le plan social, elle est assujettie à diverses contraintes d’ordre culturel dont les coutumes rétrogrades qui ne lui permettent pas d’accéder pleinement à la jouissance de ses droits, ce qui réduit sa participation aux efforts de développement de la communauté. Ces mentalités et pratiques culturelles influent sur le statut de la femme et sur le complexe de supériorité de l’homme envers elle au sein de la société.

C’est ainsi qu’un effort doit être fait pour une prise en compte effective des préoccupations des femmes dans les politiques et programmes de développement à travers des actions de sensibilisation pour le changement de mentalité, en vue de permettre aux femmes de participer effectivement à la refondation de l’Etat. Un rôle prépondérant que les médias sont également appelés à jouer !! En définitive et au regard de la gravité de la situation, AFEM recommande :

  1. Aux autorités politico administratives :  
  2. Inviter les femmes dynamiques et compétentes à participer dans des réunions de sécurité élargies dans divers villages, afin de s’imprégner des différentes réalités de la population en général et celles des femmes en particulier.
  3. Promouvoir les femmes en les nommant chefs de service au sein de l’administration locale  
  4. Aux autorités coutumières et religieuses  
  5. Instruire les hommes, et les parents à assurer non seulement la scolarité des filles mais également leur maintien à l’école.
  6. Impliquer les femmes dans la gestion de l’entité telle que les villages et sous villages en vue de contribuer à la recherche et le maintien de la paix.
  7. Adapter les normes coutumières rétrogrades aux lois qui promeuvent les droits des femmes.
  8. Adapter certaines normes religieuses rétrogrades aux lois qui promeuvent les droits des femmes.
  9. Aux Organisations Non Gouvernementales
  10. Intensifier les sensibilisations des membres de la communauté sur le rôle des femmes dans le processus de paix et de sécurité
  11. Dénoncer tout cas de violences sexuelles dont sont victimes les femmes
  12. Organiser régulièrement des séances de renforcement des capacités à l’intention des femmes dans différents domaines pour accroitre leur participation à la gestion de la chose publique
  13. Aux médias
  14. Dénoncer les violences sexuelles et basées sur le genre dont sont victimes les femmes et les filles dans leurs différents programmes pour susciter l’implication des autorités dans la prise des mesures réduisant les violences sexuelles et basées sur le genre.
  15. Intégrer dans leurs programmes les messages de sensibilisation pour la réduction des violences sexuelles et basées sur le genre
  16. Faire participer équitablement les femmes à tous les processus de production pour élever haut leurs voix et leur permettre de prouver leurs compétences pour contribuer au développement de la communauté

Fait à Bukavu, le 05/05/2020

Pour AFEM

Julienne BASEKE , Coordinatrice

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