Des millions de migrants à travers l’Afrique restent sans papiers alors que les systèmes d’identification ont du mal à suivre le rythme

Harare, Zimbabwe, 27 mai 2025 (CEA) – Des centaines de millions de personnes en Afrique sont dépourvues de papiers d’identité, ce qui rend les migrants particulièrement vulnérables. Sans preuve d’identité, ils sont exclus des systèmes d’éducation, de santé, d’emploi et de justice, ce qui les rend invisibles aux yeux de l’État et les expose à un risque d’exploitation.
Des études récentes menées par la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) en Ouganda, en Éthiopie et au Soudan du Sud révèlent d’importantes lacunes juridiques et administratives qui privent les migrants de documents d’identité reconnus. Ces lacunes augmentent le risque d’apatridie, limitent l’accès aux services essentiels et mettent à rude épreuve des systèmes d’état civil déjà surchargés.
Cette semaine à Harare, des délégués de dix pays africains, d’institutions régionales et d’agences des Nations Unies se réunissent pour examiner ces conclusions et définir la voie à suivre. Cet atelier de cinq jours, organisé par la CEA en collaboration avec la Commission de l’Union africaine (CUA), l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et l’IGAD, présente une nouvelle boîte à outils pour une bonne identité juridique afin d’aider les pays à renforcer l’inclusion et la responsabilisation.
L’identité légale : une pierre angulaire du développement
Christian Oldiges, chef de la section de politique sociale de la CEA, a ouvert l’atelier en soulignant que l’identification légale n’est pas seulement une question technique mais un fondement pour un développement inclusif et des systèmes de données.
« L’identification légale est peut-être la seule cible des ODD (16.9) liée à presque toutes les autres et constituant la base de nos statistiques », a déclaré Oldiges. « De nombreux pays africains reconnaissent désormais l’absence d’identification légale non seulement comme un déficit de gouvernance, mais aussi comme une forme de pauvreté. »
Il a souligné les efforts nationaux visant à intégrer l’identité juridique dans les évaluations de la pauvreté. Par exemple, le Botswana considère l’« inclusion sociale » comme une dimension clé de la pauvreté, considérant les ménages défavorisés dont aucun membre ne possède d’acte de naissance ou de carte d’identité nationale. L’Angola et le Malawi ont adopté des indicateurs similaires.
Les tendances migratoires soulignent l’urgence
L’Est et la Corne de l’Afrique soulignent l’urgence d’agir. Entre 2010 et 2019, le nombre de migrants internationaux dans la région a plus que doublé. Aujourd’hui, elle accueille près de cinq millions de réfugiés et plus de 85 000 apatrides, principalement en Ouganda, au Kenya et au Soudan du Sud.
« L’identité juridique est un droit humain fondamental et une porte d’entrée vers des services essentiels », a souligné Oldiges.
Gideon Rutaremwa, s’exprimant au nom de William Muhwava, chef de la Section des statistiques démographiques et sociales de la CEA, a confirmé ce point de vue : « L’identité juridique permet aux individus de prouver leur existence, leur identité et leurs liens familiaux. Pour libérer le potentiel de l’Afrique, nous devons adopter une approche axée sur le cycle de vie, de la naissance à la mort. »
Il a averti que le manque de documentation perpétue la pauvreté, les inégalités et l’exclusion, en particulier pour les populations déplacées, souvent laissées en dehors des systèmes formels.
Coopération transfrontalière et protection des droits
La CUA, coorganisatrice, a souligné la nécessité d’une collaboration transfrontalière. Peter Mudungwe, expert en gouvernance des migrations à la CUA, a appelé à l’harmonisation des efforts nationaux d’enregistrement des faits d’état civil avec les cadres continentaux protégeant les droits des migrants et des apatrides.
Diana Cartier, cheffe de mission de l’OIM au Zimbabwe, a ajouté : « L’identité juridique est fondamentale. Sans elle, les migrants sont confrontés à une exclusion systémique. Pour les femmes, les enfants et les apatrides, cela peut signifier une invisibilité à vie. »
Objectifs et résultats de l’atelier
L’atelier explore les moyens d’intégrer les migrants, les personnes déplacées et les communautés frontalières dans les systèmes nationaux d’identification, tout en protégeant leurs droits et leurs données. Les participants examinent la boîte à outils pour une bonne identité juridique et partagent leurs expériences politiques au Kenya, au Zimbabwe, en Somalie, au Rwanda, en Ouganda, au Soudan du Sud et ailleurs.
Les discussions visent à produire des recommandations concrètes et des engagements nationaux pour des systèmes d’identification plus inclusifs. La boîte à outils guide l’interopérabilité, la confidentialité, les cadres juridiques et la documentation des populations difficiles à atteindre.
À moins de cinq ans de la cible 16.9 des ODD (identité juridique pour tous), les organisateurs soulignent que les solutions doivent aller au-delà des améliorations techniques pour s’attaquer aux barrières juridiques et politiques qui excluent les migrants.
Délivré par:
Section des communications
Commission économique pour l’Afrique
Boîte postale 3001
Addis-Abeba
Ethiopie
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