Drame à Kalehe, deux semaines après la vie normale n’a pas repris à Bushushu (Reportage)
Les villages de Bushushu et Nyamukubi dans le territoire de Kalehe risquent de disparaitre sur la carte de la province du sud Kivu.Ceci après des graves inondations qui ont frappé cette partie de la province dans la nuit de jeudi à vendredi 5 mai 2023.Après une descente organisée sur le terrain, voici le tableau peint par le reporter de votre radio sur place à Bushushu ce 19 Mai 2023.
Bushushu, Nyamukubi, deux villages qui apparaissent comme des déserts après cette catastrophe qui a endeuillé la RDC en général et la province du sud Kivu en particulier. Sur place, nous sommes sur un vaste espace vide caractérisé par des débris des maisons, des grosses pierres emportées par les eaux, espace abandonné car inhabitable suite à cette catastrophe. Difficile si pas impossible de vivre à Bushushu dans une zone où les habitants vivent le traumatisme à cause de la situation qu’ils ont vécu.
Nous avons constaté qu’une Eglise de la 8ème CEPAC a été emportée, des maisons, des établissements scolaires comme l’école Nursa, des débits de boisson emportés par les eaux. L’Espace demeure vide, ici, la prison a été emportée avec les détenus se trouvant à l’intérieur, des centres de santé, les marchés emportés.
Selon les témoins, 6 rivières se sont croisées lors de la forte pluie survenue la nuit de jeudi à vendredi 5 mai, situation qui a provoqué des graves inondations. Les femmes et les enfants souffrent, plusieurs séparés de leurs, on se croirait à la deuxième guerre mondiale où tout avait été détruits.
Devant cette situation macabre, plusieurs victimes dénoncent la mauvaise gestion des biens et dons, c’est le cas de ce papa qui a requis l’anonymat et qui a perdu 21 membres de la famille mais ne se retrouve pas sur la liste des victimes. Il en parle sans retenir ses larmes : « lorsque la catastrophe est arrivée, j’étais quelque part, je voulais rentrer chez moi, j’ai trouvé que toutes les issues ont été bloquées. Malheureusement mon épouse et tous mes enfants ainsi que mes petits fils, au total 26 personnes, ont été emportés par les eaux. Ma maison était à quelques mètres d’ici (il allonge son bras droit et pointe un endroit) .»
Il aimerait avoir au moins où passer la nuit, bien qu’il soit le seul rescapé de sa famille. Jusqu’à présent il n’a reçu aucune assistance car son nom ne figure pas sur la liste des sinistré.es.
« … je réclame mais mon nom n’apparait pas. Je ne sais pas c’est quel problème. On appelle tous les alphabets, de A-Z mais mon nom ne figure pas sur la liste pourtant il commence par la lettre D (il regarde le sol et sanglote). J’ai compris que ceux qui enregistrent les noms ne tiennent pas compte des vraies victime… je ne reste qu’avec deux de mes enfants. L’un de 6e primaire et l’autre de la G1… », regrette le survivant interrogé par votre reporter.
La population souffre, elle ne sait pas à quel saint se vouer. Certains pleurent les leurs qui sont toujours dans les décombres sur un espace de profondeur évalué à 3 mètres après les recherches qui ont été menées.
Les femmes poussent le cri d’alarme. Elles n’arrivent pas à gérer leurs menstruations pendant cette dure période. Sans abris, il est difficile de vivre en intimité. Ces femmes ont même du mal à s’échanger des sous-vêtements ou trouver comment se laver. Elles sont exposées aux différentes infections… l’une d’elle en parle.
« Ma fille est décédée avec son mari et ses 8 enfants… Nous souffrons, nous avons besoin de l’aide. Qu’on nous donne à manger si possible. Surtout les sous-vêtements… Que l’Etat congolais nous vienne en aide avec des tôles pour nous permettre de construire nos maisons. Comme moi, j’ai cet enfant qui a perdu ses parents. Il n’a rien à manger ni à boire… », explique-t-elle.
Sur place, des véhicules des organisations humanitaires pour la mobilisation. Certains interviennent dans le domaine médical, d’autres dans la prise en charge psycho – sociale.
Des survivants inondent les routes à Bushushu avec des biens reçus de la part de plusieurs organisations humanitaires, difficile d’aller à l’Eglise car certaines ont été emportées. Bref, pas de vie à Bushushu et Nyamukubi, des survivantes et survivants restent disponibles en attentes d’aides car ils n’ont rien.
Une certaine opinion pense que l’Etat Congolais doit agir, surtout délocaliser ces personnes par le fait qu’une autre catastrophe du genre a été signalée dans le même village et a endeuillé le sud Kivu comme c’est le cas aujourd’hui.
Anselme Kangeta
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