Drame à Kalehe : « Maintenant j’ai un enfant de sept jours qui ne connaîtra ni son père, ni ses frères », sanglote une rescapée
L’Association des Femmes des Médias AFEM avec son partenaire Kvinna till kvinna, ont apporté une assistance d’urgence en faveur des familles sinistrées ce 28 juin 2023. A travers son partenaire, cette organisation féminine a voulu répondre aux besoins sexo-spécifiques des femmes et des filles victimes de cette catastrophe naturelle de Kalehe pour compatir et soulager un petit peu la souffrance de cette communauté meurtrie par cette tragédie.
Au cours de cette visite, cette organisation de défense de droits des femmes s’est entretenu avec certaines rescapées. Toutes pitoyables, elles sont loin d’oublier cette tragédie qui les a endeuillé et les a amené à passer les nuits sous la belle étoile. C’est le cas de Amina Mulunga. Rencontrée à Bushushu dans le site des sinistré.es. Elle et sa famille habitaient dans le village de CHABONDO. Cette catastrophe est survenue, alors qu’Amina était enceinte de 9 mois. Celle-ci a perdu son mari et six de ses enfants lors des inondations.
Elle portait dans ses bras un bébé garçon qui n’avait que 7 jours de naissance… Elle tremblait et n’arrivait pas à retenir ses larmes.
« … c’était aux environs de 18h. Avec les fatigues de la grossesse, je dormais avec mes deux enfants, les moins âgées que j’avais. J’ai demandé aux autres enfants de préparer le repas du soir. Mon mari était un pécheur. Je l’ai vu entrer dans la chambre prendre sa torche. Il se préparait pour sortir… J’ai dit à mon mari que je sens comme si la rivière ronfle beaucoup, et quelques temps après, j’ai senti comme si la maison s’était renversée. Du coup nous nous sommes retrouvé couvert d’eau. Je ne savais pas où se trouvaient les enfants. Je n’entendais que leurs cris de détresse mais je ne pouvais pas bouger pour les sauver… », a expliqué Madame Amina avec un visage triste.
Elle ne pouvait pas fournir beaucoup d’effort compte tenu de son état. Elle a attendu sans savoir d’où lui viendra le secours.
« Après un petit moment, j’ai vu une lumière des torches qui se dirigeaient vers moi et j’ai crié au secours, malheureusement ces personnes ne pouvaient pas m’atteindre car j’étais couvert d’eau de boue. Ces derniers m’ont demandé de fournir un effort de me déplacer jusqu’à l’endroit où ils pourraient m’atteindre. Après m’avoir sorti de ces décombres, je leur ai dit de chercher mes enfants et mon mari car ils doivent aussi être là d’où je viens… »,
Une fois dans les mains des sauveurs, elle a été précipiter à l’hôpital général provincial de Bukavu. Pleine des blessures et sa grossesse qui était presque à terme elle n’a pas su comment elle est arrivée à l’hôpital.
« …Vers deux heures du matin, j’ai commencé à pleurer car je ne savais où se trouvait mes enfants et mon mari. Les femmes avec qui nous étions dans la même salle, m’ont dit qu’il y’a des enfants qu’on vient d’amener dans cet hôpital et parmi eux j’ai retrouvé deux de mes enfants, et cela m’a donné espoir de pouvoir retrouver les autres… »
Après quelques jours, une mauvaise nouvelle est tombée.
« Le jour suivant, j’ai reçu la nouvelle comme quoi ma fille de 17 ans est internée à HIUSI, et dans la même journée, j’ai été informé qu’avant que ma fille cadette a été retrouvé morte, mais dans les jambes d’un homme dont le visage n’est pas identifié, car déformé par cette catastrophe, et pour moi ça devrait être son père, car je n’avais pas encore entendu parler de lui… »
Elle regrette de n’avoir pas participer à l’enterrement de ses enfants et de son mari.
« … Le samedi j’ai voulu regarder mes enfants et mon mari avant que ces derniers ne soient enterré, mais on me l’a interdit et ça m’a fait trop mal » , regrette cette dame.
En rappel, le territoire de Kalehe situé en province du Sud Kivu à l’Est de la République Démocratique du Congo a été frappé par un drame humanitaire lié aux inondations causées par les pluies diluviennes qui se sont abattues sur le territoire dans la nuit du 4 au 5 mai 2023. Plus de 600 morts ont été enregistrées, des centaines des personnes et des maisons disparues.
Rachel RUGARABURA, JRI.
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