JIF 2023 : une survivante de violences conjugale engagée à appuyer les autres pour sortir de l’esclavagisme conjugal
« Je ne savais pas si je pouvais intervenir dans une émission publique parler de violence sexuelle dont moi-même j’ai été victime !», s’exclame Faida, une survivante de violence conjugale et sexuelle. C’est l’histoire d’une fille de 19 ans, mère déjà de 3 enfants qui a traversé le calvaire dans un mariage qui lui a été imposé par ses parents. Lors d’un entretien avec Faida, elle dit être reconnaissante envers Femme au Fone pour l’avoir formé sur ses droits et devoirs.
Dès l’âge de 10 ans, son papa lui présentait déjà chez certains hommes de son entourage. Pour elle, c’était normal car elle était préparée à se marier un jour avec un homme que lui présentera sa famille. A 12 ans, son papa lui a livrée à un grand commerçant du milieu.
« …il était conducteur d’un camion. Très riche et âgé de 52 ans. Je suis partie chez lui avec honneur parce qu’il m’a doté avec une bonne somme d’argent malgré que j’étais sa seconde femme… Je devrais tout supporter car une fille qui rompt ses relations avec son mari est un grand déshonneur pour la famille… », explique Faida.
Il lui frappait chaque fois qu’elle était en désaccord avec lui. Elle devrait tout endurer pour sauvegarder l’honneur de sa famille.
« J’ai tout enduré, de la violence sexuelle à la violence psychologique. Il devenait de plus en plus violent au fil des jours. Il avait un contrôle total sur moi. Il m’a fait croire que je n’avais aucune chance contre lui. Je me rappelle un jour Il m’a donné un bon coup de pied dans le derrière, où j’ai senti ma mort la prochaine… J’en ai eu pour des semaines à ne pas pouvoir m’asseoir », s’insurge-t-elle avec des larmes aux yeux.
De la victime à une survivante.
Après 5 ans de calvaire, Faida s’est confié à l’une de ses voisines. Cette dernière lui a donnée les numéros femme au fone mais la survivante n’avait pas de téléphone pour alerter aussi, elle ne savait pas, par où commencer pour accuser son homme. Pour elle, tout ce qu’elle traversait était le résultat de son mauvais comportement envers son mari.
Elle a survécu et elle est arrivée à se libérer le jour où elle s’est entretenu face à face avec un membre de femme au fone. C’est dès lors qu’elle a compris qu’elle ne devrait pas rester victime mais plutôt une survivante.
« …Nous avons déménagé à Minova avec mon mari. Et c’est ici ou j’ai rencontré des activistes qui m’ont aidé à sortir de mon silence. Une seule séance de formation ne suffisait pas pour que je comprenne à quel point je vivais dans une violence totale. Mais pendant la séance j’ai compris que je ne devrais arrêter de me prendre comme une victime mais plutôt une survivante », raconte-t-elle.
Décision de briser le silence, et le gout de rejoindre le réseau des activistes et défenseurs de violence sexuelles et basées sur le genre.
« J’avais très peur de la réaction de mon père et de mon mari. Mais je voulais pas sortir de son toit (mon mari) sans qu’il ne sache combien il a abusé de moi, en complicité avec mes parents… », nous explique la survivante.
Après s’être entretenu plusieurs fois avec les activistes FAF, Faida a compris qu’il fallait briser le silence et recommencer sa vie comme elle rêvait. Elle a réussi à commencer son petit commerce avant de quitter cet homme qui a abusé d’elle pendant plusieurs années.
Elle remercie infiniment le groupe Femme au Fone de l’avoir aidé à recouvrer sa liberté. Elle appelle également les autres femmes à briser le silence même si c’est un long chemin, elle les encourage à suivre la radio pour être informé sur leurs droits. Elle espère aussi qu’avec ce qu’elle a appris, elle aidera les autres femmes victime de violence conjugale à recouvrer la liberté avec l’aide de noyau club d’écoute AFEM « Association de Femmes des Media », ou elle fait partie désormais.
« Maintenant je vis seule. Même si cet homme a pris fuite avec la pression de la justice, je sais que je suis en sécurité. Je suis aussi prête à aider toute femme qui veut quitter l’esclavagisme conjugale. J’en ai été victime. Donc je sais de quoi je parle. Je fais une vie paisible avec le peu que je gagne dans mon petit commerce… », se rejouit Faida.
En rappel, femme au fone « FAF » est un projet d’alerte Précoce des Violences Sexuelles et Basées sur le Genre au travers le système Femme au Fone et la Solution SOS Secours pour la prévention et la réponse. Il est mis en œuvre par AFEM et exécuté en consortium entre radio Maendeleo, SPR et AFEM dans 13 territoires de la province du Sud Kivu.
Pour Rachel Rugarabura, JRI
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