L’accès des femmes à la terre pour combattre l’injustice sociale

Dans les territoires du Sud Kivu, les femmes jouent un rôle majeur dans le développement de leur milieu par leur travail quotidien de l’agriculture et de l’élevage. Mais elles bénéficient d’un accès limité aux ressources de production telles que la terre et les intrants agricoles. En milieu rural on accède souvent à la terre par l’héritage et l’achat, cela n’est pas toujours  facile pour  toutes les femmes. « Parfois on ravit les champs aux femmes, certaines en jouissent quand elles ont leurs maris mais quand l’homme meurt, certains  enfants refusent de laisser même un lopin de terre qui servirait à la veuve, ils veulent tout s’approprier. Ma voisine se retrouve dans cette situation et aujourd’hui elle commence à cultiver pour afin de trouver à manger»  explique Emilienne Mutalegwa, femme agricultrice en territoire de Kabare.

Grâce aux sensibilisations faites par des organisations de défense de droits humains et surtout celles qui interviennent pour les droits des Femmes il y a déjà des changements des  mentalités pour certaines personnes dans les communautés du Sud-Kivu. « Actuellement les femmes de mon territoire peuvent déjà accéder à la terre, car auparavant les femmes ici n’étaient pas considérées, elles n’avaient pas de  valeur, on ne pouvait même pas les compter lors du partage de l’héritage » mentionne l’administrateur du territoire d’Idjwi monsieur Karongo Kaladja .

De part la compréhension des droits des femmes par certains notables et les autorités locales, la communauté est en train d’être convaincue que la femme mérite la terre comme l’homme au sein de la famille. Cette prise de conscience n’est pas encore effective par tous, il est important que les jeunes filles soient instruites pour savoir réclamer et revendiquer leurs droits. C’est dans cette optique Karongo Kalodja  renchérit « Je pense que si toutes les jeunes filles sont scolarisées fortes de leur position scientifique et d’indépendance économique, elles pourront  acheter des terres  et y exercer leurs activités comme elles veulent, malheureusement c’est le moyen financier qui manque aussi souvent».

Sur le plan économique, les femmes dans les territoires du Sud Kivu et même en ville n’ont pas assez des ressources pour se payer la terre qui coute  d’ailleurs cher comme partout au monde. C’est pour cela que qu’elles se battent pour y arriver par le canal de l’héritage lors du partage des biens laissé par le Decujus (le défunt). « Ici en territoire de Walungu, nous avons trouvé que les femmes se mettent débout  pour combattre cette injustice sociale qui  permet à l’enfant garçon seul d’avoir droit à la terre. Il y a même des dossiers au niveau des cours et tribunaux concernant l’héritage.  J’ai déjà deux dossiers que j’ai résolus  où j’ai demandé aux garçons de donner une partie de terre à leurs sœurs exclues tout simplement parce qu’elles sont femmes. Ayant compris, ils ont finalement partagé avec leurs sœurs » témoigne Dominique Bofondo, administrateur du territoire de Walungu nommé il y a environ 14 mois à ce poste.

La terre constitue la principale source de revenu pour de nombreuses familles. Pour avoir de l’argent, certaines femmes se regroupent en associations local  de développement pour des besoins d’agriculture  et parviennent à une récolte abondante pour  garantir la survie de leurs familles. « Cultiver en association, c’est bien, c’est différent lorsqu’on cultive seule. En association, nous nous donnons des conseils et nous avons l’appui des organisations œuvrant dans le secteur agricole, on nous donne  des engrains pour nos champs et des microcrédits, cela nous permet de nous organiser dans la vie et d’avancer » précise Joséphine MAFUNGO  de l’association des femmes agricultrices de Walungu.

Il est important de poursuivre les séances de sensibilisation entamées pour faire comprendre à toute la communauté dans les milieux ruraux et urbains du Sud-Kivu que les hommes et les femmes ont les mêmes chances d’accéder à la terre. Par les hommes et les femmes, par cette terre,  croissance économique de  la province peut prospérer à travers le secteur agricole si  les autorités y investissent un budget conséquent.

Eliane POLEPOLE