Le tabou autour des menstrues ne m’a pas permis d’observer l’hygiène de mes premières règles ; témoignage.

Posté par  Cikuru Kadjunga   à       5 mois ago     346 Views     Laisser vos impressions  

Dans plusieurs coins des pays africains, les menstrues restent perçues comme un tabou jusqu’à stigmatiser les femmes et filles pendant leurs périodes des règles. Des messages qui circulent autour de ce sujet dans la communauté laissent passer des désinformations.

A l’Est de la RDC et au Sud-Kivu en particulier, les adolescentes n’ont pas de bonnes informations sur l’hygiène menstruelle. Ce sujet supposé tabou est abordé des différentes manières selon différentes cultures, mais pour la plupart des cas les gens préfèrent se taire.    

Contrairement à ce qu’on peut penser, cette situation reste aussi une réalité dans les milieux urbains comme dans les milieux ruraux.  

Ce mardi 28 mai 2024, Mama Radio a été à la rencontre de Christelle (nom d’emprunt), une jeune fille étudiante de 19 ans dans la commune de Kadutu, en marge de la commémoration de la journée internationale de l’hygiène menstruelle. Elle avait eu ses premières règles à 12 ans et témoigne avoir eu des informations claires sur les menstrues plus tard à 15 ans alors qu’elle avait déjà contracté plusieurs fois des maladies liées au manque de l’hygiène menstruelle.

« Je suis Christelle, j’habite ici dans la commune de Kadutu à Bukavu au quartier Nkafu, je suis étudiante à l’université officielle de Bukavu UOB. J’avais eu mes premières menstrues quand j’avais 12 ans, je me rappelle bien que c’était lors des vacances, on n’allait pas à l’école, mais à ce moment-là j’étais en 6e primaire. Je n’avais pas d’informations claires sur comment me comporter. Je me suis seulement rappelée qu’il y’a une de mes collègues qui en parlait et disait qu’elle utilise les petites pièces de pagne comme bande hygiénique et vite j’en ai pris aussi pour me bander Â». Confit Christelle.  

Christelle a eu des problèmes de santé par manque d’hygiénique menstruelle, des infections génitales, jusqu’ à son cinquième cycle sans se rendre compte que c’était dû au manque d’hygiène appropriée.

« J’ai continué à utiliser ces bandes là à chaque cycle, mais au fur et à mesure que je les utilisais j’avais mal à chaque fin des menstrues, je me grattais les organes génitaux comme pas possible. J’avais mal en tout cas et je ne pouvais pas vite pensais que c’était dû au manque d’hygiène, je pensais d’ailleurs que c’était le cas pour toutes les femmes Â».

A 15 ans, elle a commencé à se renseigner auprès de ses cousines qui l’ont orienté vers un médecin gynécologue pour les soins.

« J’ai parlé de mon problème à mes cousines, car mes parents n’en parlaient pas. C’était comme un tabou pour eux, et c’est d’ailleurs ça jusqu’à présent. Alors mes cousines m’ont dit qu’elles ont connu la même chose mais ont été aidé par un médecin gynécologue, elles m’ont amené chez lui pour les soins et d’autres conseils pour l’hygiène menstruelle. Désormais je veille sur l’hygiène menstruelle, j’utilise des serviettes lavables et des celles non lavables selon les raisons. Bon , je sais déjà que je dois me laver et me changer régulièrement et tout marche bien en tous cas ».     

Aujourd’hui, à l’âge de 19ans, Christelle déplore le tabou autour de la menstruation et en appelle à une appropriation pour sauver des vies. Elle demande aux parents de parler ouvertement de ce sujet à leurs filles adolescentes et aux ainés ainsi qu’aux éducateurs de bannir le tabou autour de cette question.

« Nos parents doivent briser le silence autour de la menstruation, en parler sans honte et clairement aux adolescentes avant qu’elles ne soient surprises, ne pas attendre qu’elles se débrouillent seules, non. Les éducateurs aussi ont un grand rôle à jouer, déjà au niveau de l’école primaire ce sujet doit être abordé et bien discuté au profit des jeunes adolescentes Â».  Conclut Christelle.

Alice W’IRAGI

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