Les constructions anarchiques, un véritable casse-tête pour les habitants de Bukavu
Dans plusieurs coins de ville de Bukavu, les maisons se retrouvent bâties sur les canaux d’évacuation des eaux et d’autres sur des terres fragiles à l’origine des glissements. Cette situation est plus observée dans certains quartiers populaires de trois communes de la ville tels que Cimpunda, Nyakaliba, Buholo quatre et Nkafu en commune de Kadutu ; à Irambo, Ndendere, Essence et Panzi en commune d’Ibanda ainsi qu’à Nyakavogo et Kazingo en commune de Bagira.  Dans la nuit du samedi 11 mai un mur de soutènement d’environ 30 mètres s’est écroulé sur une maison en planche à Bagira et a fait 5 morts.
Difficultés à quitter le lieu malgré les conséquences
Ces constructions anarchiques sont à la base des inondations pendant la saison des pluies qui occasionnent d’importants dégâts matériels et de pertes en vies humaines.  A cause de la pauvreté, jusqu’à ce jour, certaines familles ont du mal à trouver un autre endroit où vivre malgré qu’elles aient déjà été victimes d’éboulement.
Guillaume Mugaruka, est rescapé d’un éboulement de terre qui a fait quatre morts  dans une même famille dont les deux parents et deux enfants au quartier Nkafu en commune de Kadutu en janvier dernier. Il est traumatisé par ce qui s’est passé dans sa famille.
«C’était un soir, nous avons entendu les cris et les alertes des voisins car des masses de terre tombaient sur notre maison. Nous n’étions pas iniquités car cela arrive souvent. Mais en un moment en voulant sortir, c’était trop tard. Arrivé à l’extérieur, le mur s’était écroulé sur une partie de la maison. Nous n’avons pas retrouvés nos deux parents et deux de nos petits frères. Le drame s’est produit à 21 heures et c’est vers zéro heure que nous avons retrouvé le premier corps et d’autres corps nous les avons retrouvés le lendemain à 11 heures. Nous sommes en train de reconstruire la maison car nous n’avons pas où aller. Nous n’avons pas d’autres choix». Raconte Guillaume Mugaruka.
Certaines  normes doivent  être respectées pour la construction
Selon Alexis Nshombo, technicien en planification régionale à l’Institut Supérieur de Développement Rural, ISDR Bukavu, avant de construire une maison il faut d’abord vérifier si la terre ne contient pas d’eau, car sur une colline la terre est exposée aux érosions et aux éboulements.
« La ville de Bukavu a plusieurs zones de turbulence avec des failles mettant en danger la vie des habitants » ajoute Alexis Nshombo, technicien en cette matière de construction
A qui revient la responsabilité
Plusieurs observateurs dénoncent ces constructions anarchiques qui se font depuis plusieurs années au vu et au su de toutes les autorités de la ville.
Pour  Josué ARUNA, coordonnateur de la société civile environnementale au sud Kivu, la grande responsabilité revient aux services de l’Etat en charge de la vente et la distribution des parcelles ainsi que ceux chargés de l’octroi des documents.
« Les habitants qui achètent des parcelles à des endroits impropres à la construction sont accompagnés sur leur malheur par les services de l’Etat au vu et au su des autorités compétentes. Nous demandons  au gouvernement provincial de réfléchir sur des stratégies urgentes pour élargir la ville de Bukavu  afin d’éviter aux habitants d’enterrer les morts tous les jours suite au glissement des terrains ».
Le responsable du service technique du ministère provincial des affaires foncières, le chef de division du cadastre, KAKOZI ITONGWA Benjamin indique que ceux qui construisent à des sites impropres n’ont pas des documents et ceux qui peuvent les détenir  doivent les avoir eu de manière frauduleuse. ITONGWA Benjamin promet de s’investir et collaborer avec d’autres services intervenant dans ce secteur afin de mettre fin à cette situation.
A noter que l’arrêté ministériel portant réglementation et octroi du permis de bâtir en RDC à son article 4 stipule que le permis doit être délivré au nom de l’Etat par le ministre ayant en charge l’urbanisme et l’habitat.
Et le même arrêté à l’article 5 prévoit une analyse du dossier avant l’octroi du permis de construire. Cette analyse doit tenir compte du respect des normes environnementales, de l’hygiène, de voirie et drainage.
Article réalisé dans le cadre du projet Témoin Spécial exécuté par AFEM avec l’appui de Free Press Unlimited.
Par Rachel FURAHA
Mama Radio
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