Madame Chantal Bisimwa regrette que cette insécurité affecte son activité au détriment de sa famille(Portrait).

Posté par  Gloire KOKO   à  , ,      1 jour ago     76 Views     Laisser vos impressions  

Je m’appelle Chantal Bisimwa et je suis une mère âgée de 44 ans. Je fais le petit commerce. J’ai six enfants, dont deux garçons et quatre filles.
Cela fait douze ans que j’exerce mon activité de vente de tomates, et parfois, je varie en proposant des poissons frais, selon la saison.


Cette marchandise me permet de couvrir mes propres besoins et ceux de ma famille, notamment les études des enfants, l’alimentation, l’habillement et le coût des soins de santé.
Chaque jour, je quitte Ciriri, dans la commune de Bagira, pour me rendre au centre-ville avec ma marchandise sur la tête. Ce trajet est devenu une routine quotidienne, à l’exception du dimanche. Grâce à mon commerce, je parviens à scolariser deux de mes enfants à l’université. Bien que mon mari m’apporte un soutien, étant menuisier, il ne peut pas contribuer de manière significative.


Depuis l’occupation de la ville par les forces du M23, ma famille et moi sommes confrontés à de nombreux problèmes. Avant le conflit, j’achetais un bassin de tomates pour 30 000 francs congolais, que je revendais entre 35 000 et 40 000 francs. Aujourd’hui, le même bassin coûte entre 40 000 et 50 000 francs, et je dois le revendre à 60 000 francs, ce qui représente un véritable défi.

De plus, les clients achètent moins, car il n’y a plus de circulation d’argent et les prix ont augmenté. Cette situation rend difficile l’écoulement de ma marchandise, entraînant des pertes considérables, car les tomates risquent de pourrir.

Je me souviens d’un jour tragique, lorsque la ville de Bukavu a été prise par le M23. J’avais déjà réservé quatre bassins de tomates, sachant qu’ils allaient être prêts pour la consommation, et j’ai perdu 12 000 francs congolais, en plus des bénéfices. Ce souvenir est encore très présent dans mon esprit et je pleure encore la perte de mon argent et de ma marchandise. L’accès à la marchandise est également devenu problématique. Souvent, j’achète mes produits auprès de grossistes qui les importent de Tanzanie via le Rwanda.

Je privilégie la qualité, mais aujourd’hui, en raison de la guerre, le trafic est devenu lent et les marchandises arrivent souvent détériorées.

« L’insécurité impose également un régime strict à Bukavu : tout le monde doit rentrer tôt chez soi par crainte d’être violé, volé ou tué. Autrefois, je pouvais quitter le centre-ville à 21 heures après avoir tout écoulé ? Mais ce n’est plus le cas.  Malgré ces défis, je fais preuve d’une grande résilience. Je suis le pilier de l’économie de ma famille et je refuse de baisser les bras, car mes enfants risquent de mourir de faim en cette période cruciale », s’indigne Chantal BISIMWA.

J’appelle les autorités à tous les niveaux à privilégier la paix, à mettre fin aux tueries et à garantir la protection de la population. La situation dans laquelle nous vivons actuellement restreint les activités économiques à tous les niveaux et nous, les petits, souffrons pour nouer les deux bouts du mois parce que nous vivons du circuit économique.

Aujourd’hui, je ne sais pas sur quel pied danser pour subvenir aux besoins vitaux de ma famille, car mes clients ne produisent plus de revenus en raison de l’insécurité.

Il est possible que j’échappe à la balle, mais je ne vais pas échapper à la famine qui risque de nous exterminer, moi et ma famille.

Cette guerre a beaucoup d’impact sur le plan économique, et si ça continue ainsi, les attaques d’hommes armés ne feront pas seulement la nuit, mais également la journée, parce que les forts vont exterminer les faibles pour assurer leur survie. Alerte Chantal Bisimwa. 

Alice KAJABIKA

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