Massacre des civiles à Goma : la Cour militaire entre dans le fond du dossier
Huitième jour après le carnage des civiles à Goma, la Cour militaire du Nord Kivu siégeant en procédure de flagrance est entrée dans le vif du dossier, vendredi 8 septembre 2023. C’est à travers notamment l’audition des témoins à charge et à décharge sur l’assassinat des manifestants, tous adeptes de la secte dite »Wazalendo »(les patriotes), survenu le 30 août et impliquant des militaires de la garde républicaine.
Le premier témoin à la barre entendu le vendredi 8 septembre pendant plusieurs heures, c’est le directeur du service de renseignement de la 34e région militaire, le colonel Franck UTUNDA qui a directement chargé le commandant de la garde Républicaine au Nord-Kivu, le colonel MIKE MIKOMBE, principal accusé dans cette affaire.
<< C’est depuis le 29 Août que j’ai alerté sur la manifestation des adeptes Wazalendo qui devait avoir lieu le 30. Le même 30 août voulant descendre sur le terrain pour m’imprégner de la situation, j’ai été informé que des militaires de la garde républicaine assiègent la station de la radio Sauti ya neno de Wazalendo vers 3h du matin ; les militaires avaient déjà procédé à la récupération de l’émetteur et l’arrestation de quelques adeptes Wazalendo qui s’étaient retrouvés à la radio et en plus, cinq personnes parmi les adeptes d’être tuées par balles réelles à 3 heures du matin et leurs corps venaient d’être acheminés à l’hôpital CBCA Ndosho. Les militaires qui ont assiégé la radio sont de la garde républicaine >>, soutient le témoin, entendu à titre de renseignement.
La saisie de l’émetteur de la radio, l’arrestation des adeptes de la secte Wazalendo et l’assassinat de cinq d’entre eux, dont une femme animatrice d’émission, a mis le feu aux poudres au sein des adeptes qui venaient aussi de lyncher un policier avant de procéder à des manifestations aux enlentours de leur église en érigeant des barricades sur la route, afin d’exprimer leur ras-le-bol.
<< Je suis arrivé sur le lieu, vers l’église des adeptes pour tenter de les calmer et les suggéré de se constituer en délégation de quatre personnes pour aller déposer leur mémo à la Monusco contre laquelle ils voulaient manifester. Le colonel MIKE avec ses troupes m’ont rejoint sur place ; me reprochant de trainer dans les négociations avec la foule, les militaires de la garde républicaine m’ont désarmé, brutalisé et interdit de ne plus poursuivre les négociations avec les adeptes en colère…; du coup ils ont commencé à tirer des balles à bout portant sur les adeptes et j’ai compté sur place 42 morts et 33 blessés, j’étais là présent quand les gens sont morts, j’ai vu de mes propres yeux 42 personnes tombées sur le champ et le colonel MIKE MIKOMBE était toujours là >>, renchérit le renseignant dans ses dépositions.
En réaction, le principal accusé, le colonel MIKE MIKOMBE, commandant de la garde républicaine nie ces allégations, mais affirme avoir été alerté par la 34e région militaire que les adeptes qui prévoyaient la marche étaient des supplétifs du M23 et RDF ( Rwanda Defense Force) qui voulaient s’emparer de la ville de Goma.
<< Notre rôle était la dissuasion pour éviter les troubles sécuritaires dans une ville en état de siège et menacée par la rébellion…Les adeptes tiraient aussi parce qu’ils venaient de ravir l’arme au policier abattu. Entre temps, le pays voisin, le Rwanda venait aussi de déployer ses unités spéciales à la frontière >>, a-t-il déclaré.
Il sied de signaler qu’un autre procès se déroule à l’auditorat militaire de Goma, il s’agit du dossier de l’arrestation du chef de la secte et une centaine de ses adeptes, mais aussi sur l’assassinat d’un policier par les mêmes adeptes le jour de la manifestation.
Une manifestation qui a tourné au drame le 30 août 2023 à Goma où plus de 50 personnes ont été tuées par balles réelles, une centaine de blessés admis à l’hôpital et plus de 150 arrestations dont des enfants, selon un bilan provisoire.
Des faits qui s’apparentent à un crime de génocide par meurtre, selon les avocats de la partie civile ; une version qui n’est pas encore prouvée par la cour censée qualifier l’infraction.
Sept prévenus sont sur le banc des accusés, notamment deux officiers et cinq soldats de 2e rang, tous des militaires de la garde républicaine.
Pour rappel, les adeptes de la secte dite Wazalendo prévoyaient une manifestation dans les rues de Goma pour exiger le départ des troupes onusiennes de la République Démocratique du Congo accusées d’inefficacité dans la sécurisation de la population.
Elysée Muzaliya
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