Nord Kivu : témoignage de Matabishi, survivante d’un viol collectif, pourtant enceinte, par des rebelles M23
« Ils m’ont violé à tour de rôle pourtant enceinte. Pour réparer mes organes, il m’a fallu 4 interventions chirurgicales. » A témoigné une femme qui n’a pas retenue ses larmes, survivante de violence sexuelle dans une table ronde organisée en marche de la Journée internationale des droits des femmes, JIF 2024 et de la campagne « she decides » Elle a été organisée par l’Association des femmes des medias, AFEM, avec son partenaire l’Ambassade de Pays bas à Goma dans la Province du Nord Kivu, ce 07 Mars 2024.
Matabishi (nom d’emprunt), une mère de 6 enfants a été violée à tour de rôles par des rebelles M23 qui ont débarqué dans son village. Ne pouvant pas se déplacer suite aux malaises dus à sa grossesse, les rebelles ont forcé la porte et l’ont rencontré dans sa maison. Toute froide, elle raconte : « Tout le monde a pris son chemin pour échapper à la mort… Je ne pouvais pas. J’ai décidée de rester dans ma maison mais j’ai donné mes enfants à mes voisins pour qu’ils ne meurent pas avec moi. Apres un moment, les rebelles sont arrivés et ont forcé la porte de ma maison. Ils sont entrés. M’ont demandé ou était mon mari et mes enfants… Ils m’ont violé… (Elle regarde le sol et fond en larme). »
Complètement détruite, la grossesse aussi, un motard qui l’a entendu crier, après le passage des rebelles, l’a vite acheminé dans un centre de santé de Kinyamarhula mais on n’a pas su la traiter parce les rebelle ont pris ce village le même jour pourtant elle se croyait déjà dans bonnes mains pour profiter des premiers soins.
« J’ai eu la chance parce ces rebelles m’ont laissé sans couper le ventre et y enlever le bébé. J’allais mourir sur place. Me violer m’a beaucoup affaibli. J’ai eu des fistules. Le Vessie et d’autres organes étaient déjà détruits. On m’a annoncé que le bébé qui était dans mon ventre ne respirait plus. Malheureusement l’hôpital ne pouvait pas me soigner parce que les rebelles étaient déjà tout près… », Explique-t-elle avec des larmes aux yeux.
Elle ne sait pas comment elle s’est retrouvée à l’hôpital de Rutshuru où elle eut les premiers soins.
« Les médecins ont tout fait pour enlever de mon ventre le bébé déjà mort mais je suis resté malade. Avec ma vessie endommagée, et d’autres organes détruits, je ne pouvais pas retenir les urines. Ils descendaient à volonté même après avoir reçus les traitements médicaux… », A Témoigné la survivante.
Rejetée par son mari, cette survivante a subi trois interventions chirurgicales avant de se remettre sur pieds.
« … Une maman qui connaissait ma situation est partie en parler à la CICR. Cette organisation m’a acheminée à l’hôpital de Goma. Apres trois mois on m’a opérée et j’ai repris la bonne santé. Mon mari en apprenant tout cela, il est parti et m’a dit qu’il ne pouvait plus rester avec une femme violée par les rebelles. Il a peur de contracter des maladies sexuellement transmissibles. J’ai appris qu’il est en Ouganda. Nous sommes ici chez Mugarura dans une bâche avec les enfants.… », Explique-t-elle.
Matabishi a émus le vœu de retourner chez elle pour arriver à subvenir à ses besoins et ceux de ses enfants. Elle déplore la vie que tous/toutes les déplacé.es mènent dans ces différents camps où ils vivent.
« J’aimerais bien retourner chez moi. Nous avons des champs. Nous pouvons cultiver et recommencer la vie malgré ce qui nous est arrivé. On n’oubliera jamais qu’on a été violées, nos frères et sœurs tués et nos biens pillés. Ça reste une histoire, mais au moins, permettez-nous de rentrer chez nous… Il faut dans des bâches ou nous vivons pour comprendre c’est quoi le vrai calvaire… », A-t-elle demandé.
En rappel, l’Est de la République démocratique du Congo est en proie à des violents combats issus des attaques du groupe rebelle connu sous le nom de M23 et d’autres milices actives dans la région.
Une grande partie de la population a ainsi dû fuir la région pour échapper aux affrontements entre les différents groupes armés. La région vivant principalement de l’agriculture, beaucoup de paysans ont été contraints d’abandonner leur terre pour se réfugier dans des camps de déplacés. Les femmes étant parmi les premières victimes, leur autonomisation et leur santé sexuelle et santé de reproduction ont été sensiblement touchée et affecté par cette insécurité.
Rachel Rugarabura, JRI
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