Nourrir la région, une tomate à la fois
L’introduction de deux variétés de tomates au Malawi et au Mozambique pourrait renforcer la sécurité alimentaire et pourvoir dessolutions locales pour l’adaptation au changement climatique et faire face aux besoins nutritionnels.
Les tomates sont fièrement exposées dans un marché de Blantyre – rondes, dodues et rouges. Ces nouvelles tomates, muries localement sont en train d’émerger comme l’une des plus importantes et effective façons selon laquelle la SADC entend renforcer la sécurité alimentaire dans la région.Nommées après la station de recherche de Bvumbwe située au Sud de Blantyre au Malawi, ces nouvelles variétés sont appelées tomates de Bvumbwe 1 et Bvumbwe 2. Cette région est connue pour ses collines fertiles.
La volonté d’introduire des variétésqui possèdent une valeur nutritive plus élevées a enjoint les efforts des organisations gouvernementales et nongouvernementales, y compris le Centre pour la Coordination de Recherche Agricole et du Développement en Afrique Australe (CCRADAA), la SADC, le gouvernement du Malawi, et les horticulteurs, les agronomes et les autres spécialistes.
L’initiative est née de la Politique Agricole Régionale de la SADC. Environ 70% de la population de la région dépend de l’agriculture pour leur nourriture, revenus et emploi. L’agriculture est également une source majeure d’exportation pour nombreux des Etats Membres, contribuant en moyenne à 13% des revenus d’exportation et 66% de la valeur du commerce intra-régional.
En 2007, le Conseil de la SADC a invité le Secrétariat a prioriser la sécurité alimentaire et la gestion des ressources naturelles transfrontières. En plus de ces priorités, trois autres domaines sont au centre de la politique agricole de la SADC : la production agricole, la production de bétail et l’information sous forme de données. Le Programme de Productivité Agricole et le Plan Regional Indicatif de developpement Strategique 2020 fournissent également une direction stratégique.
Les développements à Bvumbwe font foi de ces instruments, et ont mené a l’adoption de variétés de tomates très nutritives. Les tomates de Bvumbwe sont tolérantes aux maladies et dotées d’une longue durée de vie, les rendant ainsi plus résistantes aux effets du changement climatique et appropriées pour leur commercialisation transfrontalières par des des entrepreneurs à faibles revenus.
Le Directeur Exécutif intérimaire du CCRADAA, le Dr Simon Mwale, basé non loin du Secrétariat de la SADC à Gaborone au Botswana, souligne un autre avantage des tomates de Bvumbwe: elles possèdent un taux de concentration en vitamine A plus élevé que les variétés de tomates courantes. “Vous pouvez obtenir la vitamine A des produits d’origine animale et végétale, lesquels peuvent être au-delà de la portée des ménages à faibles revenus dans la région de la SADC . La tomate est un ingrédient clé à tous les niveaux de la société. Et avec ces variétés de tomates, vous pouvez fournir davantage de vitamine A aux familles a faibles revenus dans le pays.
Le Programme de la SADC: L’agriculture demeure la source primaire d’alimentation, d’emploi et de revenu de 61% de la population de la SADC. Son importance cruciale a mené à la création du Programme de Productivité Agricole des Pays de la SADC (SADC PPAP) en 2008. Le PPAP de la SADC est un programme sur 15 années, divisé en 3 phases de 5 années. L’objectif du PPAP est de renforcer la recherche agricole, l’innovation technologique ainsi que sa dissémination, et créer des liens entre les institutions agricoles de la région.
Ceci represente une grande avancée pour la nutrition de la population.” Le Malawi est engagé de longue date dans la lutte contre la déficience en Vitamine A, laquelle provoque des retards majeurs de croissance. Le Malawi a le cinquième taux le plus élevé de retard de croissance au monde avec 53% des enfants de moins d’un an affectés, selon la Banque Mondiale.
C’est en cela que les résultats de la Station de Recherche de Bvumbwe font la différence. Gérée par Mr. Thomson Chilanga, la station a développé les deux variétés susceptibles afin de répondre aux contextes spécifiques du Malawi, du Mozambique et du Zimbabwe.
“La région est propice à la cultivation de diverses plantes. Les agriculteurs aiment cultiver différentes sortes de récoltes et le gouvernement s’attèle à promouvoir la diversification. Dans notre recherche, nous tenons également en compte le marché et ce que les gens veulent,” dit Chilanga.
Leur recherche et leur plateforme d’innovations inclut toute la chaine d’approvisionnement des produits alimentaires – des agriculteurs aux agents de vulgarisation agricole, grossiste et points de vente au détail, et des centres de distribution. Cette approche de recherche participative, facilitée au travers du CCRADAA permet à toutes les parties prenantes d’identifier et résoudre ensemble les défis autour de la chaine de valeur .
Les tomates sont déjà un exemple de réussite régionale: la semence est distribuée aux agriculteurs du Mozambique et du Zimbabwe, et ils ont déjà commencé à planter les variétés de Bvumbwe 1 et Bvumbwe 2.
“Nous avons vu les hommes d’affaires et des consommateurs du Mozambique traverser la frontieres vers le Malawi et nous les avons mis en lien avec les agriculteurs du village de Lukya à Thyolo. Il y a maintenant un echange de produits, ce qui est apprécié par les agriculteurs locaux” renchérit Chilanga.
Il ajoute que les agriculteurs locaux “nourrissent les élèves, les patients hospitalisés et même les prisonniers. Ces divers marchés doivent être mis en lien avec les agri-operateurs, les agents de vulgarisation agricole et les agriculteurs. Ceci permettra la durabilite à travers le développement de la technologie agricole.”
Lorsqu’une plateforme d’innovation est établie, les scientifiques se retirent et les agriculteurs prennent la gestion de l’entièreté du processus. Cette nouvelle approche a été promue et soutenue au niveau continental par le ‘Programme de Défis SubSaharien’ dirigé par le Forum pour la Recherche Agricole en Afrique, et coordonnée par le CCRADAA, une extension de la SADC, en Afrique Australe.
Jonathan Matebule, agriculteur, est président du Groupe de Projet de Défis à Lukya, un village situé au sommet des collines donnant sur la Montagne Malanje. “Les chercheurs sont parvenus à un nombre de variétés mais celle de Bvumbwe fut la meilleure »témoigne Matebule”. “Après ma formation par des scientifiques, j’ai planté cette culture,” il dit tout en pointant versses tomates, lesquelles nourrissent désormais l’envie des autres agriculteurs.
“Notre niveau de vie s’est amélioré grâce à la vente des tomates de Bvumbwe., Je suis maintenant en mesure de payer les frais de scolarité, j’ai acheté des vaches laitières et des cochons et je suis en mesure de nourrir ma famille convenablement,” ajoute Matebule.
Avant le programme, la plupart des enfants au village n’étaient pas scolarisés. Le taux d’enrôlement est maintenant à 100%, lequel est directement attribué par la communauté aux revenus générés par la vente des produits agricoles, et spécifiquement des tomates de Bvumbwe.
Le changement est flagrant dans tous les ménages du village. Là où jadis les maisons étaient faites d’argile et de paille, grâce à aux nouveaux revenus, elles sont maintenant remplacées par des habitations en briques avec des toitures en tôle. Quelques villages ont même remplacé les vélos par des motocyclettes, plus adaptées aux routes accidentées.
Matebule n’est pas le seul dans son village qui a vu sa vie changer. Agnes Jakaramba a commencé la sienne comme une employée agricole . Aujourd’hui elle possède sa propre ferme mesurant un hectare dans laquelle elle fait pousser ses légumes. “Nous irriguons trop tôt le matin puis (encore) dans l’après midi. Je fertilise aussi mon champ. C’est une vie difficile mais ce faisant je suis ma propre patronne et je me sens parfaitement bien à présent,” .
A Blantyre, le soutien émane également des magasins tournes vers l’agribusiness. Austin Banda, un directeur des opérations dans l’un de ces magasins déclare: “Nous sommes dans les affaires depuis au moins 20 ans, fournissant une assistance technique des semences à la récolte. Nous avons commencé avec un magasin de distribution, et nous en avons aujourd’hui sept,” Le Magasin de Blantyre est tres fréquenté par les agriculteurs et d’autres clients achetant des produits chimiques, des semences et fertilisants, ainsi que des petits instrumentset des pompes.
Dr Mwale est très confiant concernant le succès de cette variété de tomate. “ C’est un succès pour trois raisons: premièrement l’amélioration de la recherche agricole parmi les Etats Membres de la SADC, deuxièmement ce projet encourage le flux des innovations d’un pays vers un autre, et troisièmement il encourage également le commerce intra régional.
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