Partager l’Or Blanc

Posté par  Mama_Radio   à       7 années ago     714 Views     Laisser vos impressions  

Prendre soin des ressources d’eau de la région requiert une approche intégrée de la gestion de l’eau. C’est une leçon partagée par les quatre Membres d’ ORASECOM: Le Botswana, le Lesotho, la Namibie et l’Afrique du Sud – lesquels sont entrain de restaurer le Wetlands du Lesotho afin de préserver la Rivière Orange-Senqu.

 

Lorsque la pluie tombe sur les hauteurs du Lesotho, à 3500m au dessus du niveau de la mer, elle se déverse dans la Rivière OrangenSenqu, une des plus grandes d’Afrique. Sur une distance de 2200km, le flux se fraie un chemin vers l’Afrique du Sud, le Botswana et la Namibie. Tout le long de son cours, la rivière joue un rôle économique crucial pour les populations locales.

Sur les hauts plateaux du Lesotho où des barrages ont été érigés pour créer une centrale hydro-électrique, la vente d’eau de la rivière Orange-Senqu génère 33% du Produit National Brut du Lesotho. Et alors que cette eau s’écoule via Gauteng, elle contribue à 26% de l’économie Sud Africaine.

En vertu de leur valeur immense pour les pays respectifs, les Basothos qualifient les ressources d’eau comme étant de “l’Or Blanc”. Le système riverain de l’Orange-Senqu est entretenu par les zones humides (wetlands) dans les hautes terres du Lesotho. Les terres humides absorbent de l’eau pendant la saison de pluie et la déversent dans la rivière périodiquement, soutenant ainsi un flux continu et a réduisant les effets des inondations et des sécheresses en aval.

Cependant, la dégradation des zones humides ces dernières années a réduit leur capacité de rétention et de dégagement d’eau. Ceci a impacté le flux d’eau à travers l’entièreté du système riverain.

“Nous nous rendons compte que nos pâturages sont en train de se détériorer et qu’il y a des carences d’eau,” dit Mpiti Letse, Chef du village de Ha Tlhaku dans les terres humides de Khubelu au Lesotho. “Il y a une plante appelée Diphophotho laquelle grandissait autrefois dans les champs mais qui ne pousse plus à cause des mauvaises herbes. Nous essayons de nous assurer qu’il y a suffisamment d’eau pour nous et pour notre bétail, et que le flux d’eau dans la rivière Qoadi soit continu parce qu’elle nourrit la Rivière Senqu, qui est la rivière de la nation.”

En 2000, les Etats Membres de la SADC ont signé le Protocole d’Accord Révisé sur le Partage des  Ressources d’Eau dans le but d’optimiser la gestion commune de l’eau dans la région. Le Protocole a vu la création de plusieurs entités, parmi lesquelles la Commission ORASECOM mise en place pour la gestion de la rivière OrangeSenqu entre les quatres Etats qui en sont membre: Botswana, le Lesotho, la Namibie et l’Afrique du Sud.

“Il existe 15 cours d’eau partagés dans la SADC, chacun ayant ses propres problèmes” affirme Phera Ramoeli, un Exécutif du Programme d’Eau au sein de la SADC. “ORASECOM compte bon nombre d’initiatives réussies. Ils possèdent maintenant une stratégie effective de gestion de l’eau qui tient en compte l’ensemble des initiatives afin d’assurer que les ressources hydrauliques de la rivière Orange-Senqu soient gérées de manière à éviter les conflits entre les Etats.

Une source potentielle de conflit est le surpâturage dans les terres humides du Lesotho, lequel commence à avoir des effets néfastes sur les ressources en aval. Le projet de Protection des Sources d’Eau de l’Orange-Senqu (Sponge) opère en collaboration avec le Département des Ressources naturelles et le ministère des Affaires d’Eau pour traiter de la dégradation des terres humides via une technique connue sous le nom de gestion saine des pâturages.

“Selon un recensement de 2006, nous avions 70,000 unités d’animaux au Lesotho, affirme Dr Rats’ele Rats’ele, Directeur au Ministere de Gestion des Ressources naturelles.

Une entité animale correspond à la masse du bétail ou à un poids équivalent à un plus petit bétail.

“Chaque animal requiert huit hectare de terre pour paitre chaque année (dans le but de) prévenir la dégradation de la terre,” dit-il. “Toutefois, nous n’avons que deux millions d’hectares pour paitre les troupeaux, si vous faites le calcul vous remarquerez que nous avons besoin d’une superficie de plus de trois fois la dimension du Lesotho pour nos troupeaux.”

Le projet Sponge travaille avec les résidents des terres humides pour établir des associations de pâturage composées de toutes les parties prenantes au sein des Zones humides.

Une technique mise en œuvre par les associations de pâturage est appelée le pâturage de haute densité. Auparavant, les bergers des troupeaux permettaient à leur bétail de déambuler librement pendant la journée, les laissant se nourrir seulement des plantes agréables de leur choix. Ceci avait accéléré la décimation de ces plantes et a même créé un vide écologique, provocant la dégradation des pâturages. En instaurant le pâturage de haute densité, les bergers bloquent les troupeaux dans des domaines limités, en accordant aux plantes décimées le temps de repousser.

“Nous pratiquons un pâturage rotationnel, tout en espérant conserver les praires en bonne

condition,” confirme le Chef Letse. “Les avantages du pâturage rotationnel seront évidents pendant l’hiver parce qu’il y aura encore de la nourriture à suffisance pour notre bétail. Un autre avantage est que cela prévient l’érosion du sol pendant les jours les plus pluvieux ou venteux.”

En conservant les zones humides opérationnelles, les quatre pays de l’Orange-Senqu bénéficient d’une gestion des pâturages améliorée par les bergers des montagnes du Lesotho.

Le Projet Sponge produit égalmement un impact sur les vies des membres des associations de pâturage. Avant le projet, les fermiers espéraient un taux de gestation de 30 à 40% dans les troupeaux, mais maintenant les fermiers impliqués dans des associations de pâturage font état d’un taux de gestation de 100%. Certains font également état d’une plus grande quantité de récolte de laine et de mohair produits par les troupeaux de brebis et de chèvres.

“Lorsque le projet a commencé, il n’y avait que quelques associations de pâturage qui voulaient s’y joindre,” dit le Chef de la Division des Ressources d’Eau du Ministère des affaires d’Eau, Dr Makomereng Fanana.

“A présent presque toutes les associations veulent nous rejoindre. Même les communautés éloignées de Maseru (300 km) réclament nos services pour des formations,”. Le nombre d’associations de pâturages voulant être impliqués dans le projet a déjà dépassé toutes nos attentes.

“Ceci démontre le succès qui émane de Khubelu,” déclare Dr Fanana. “Nous espérons étendre notre projet au reste du pays. Nous avons une opportunité réaliste de sauvegarder les zones humides; nous avons une formule gagnante.”

Et cette formule gagnante démontre des problèmes complexes affectant les populations au delà des frontières nationales peuvent être résolus par les gens qui travaillent ensemble sur terrain pour créer une solution avec des retombées régionales.


Le Protocole: Le Secrétariat d’ORASECOM est l’une des institutions découlant du Protocole Révisé sur les Cours d’Eaux Partagés voté en 2000. Il appelle à la formation d’institutions étatiques afin de gérer de manière durable les 15 cours d’eaux partagés dans la région et à l’aune des objectifs de la SADC pour la réduction de la pauvreté et l’intégration régionale.


 

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