Présidentielle RDC : A deux reprises, le meeting de Dénis Mukwege interdit à Bukavu
Dénis Mukwege, candidat à l’élection présidentielle du 20 décembre 2023 ne tiendra plus son meeting populaire à Bukavu, le 15 novembre comme initialement prévu. Le Prix Nobel de la paix 2018 devrait regagner Bukavu la même date et s’exprimer à la population à la Place Major Vangu, et c’est après la première interdiction où il devrait s’exprimer au public à la Place de l’indépendance, le 6 novembre. Ces deux interdictions suscitent la colère de son Bureau politique qui dénonce une politique injuste et une méthode « caporaliste » du régime en place à quelques jours des scrutins. Un point de presse s’est tenu à Bukavu le mardi 14 novembre 2023 au cours duquel il a exprimé son ras-le-bol.
La décision d’interdire au Prix Nobel de la Paix de s’exprimer devant la population, le mercredi 15 novembre, date prévue pour son retour à Bukavu, est contenue dans une lettre du 13 novembre signée par le Maire de la ville, Zénon KARUMBA.
Dans une déclaration lue à la presse, la Dynamique « Dr Dénis MUKWEGE président » annonce la suspension du retour du Prix Nobel de la paix dans son fief à Bukavu où le décor de la violence est planté envers les candidats de l’opposition en cette période électorale.
Dans ce document, notre source qui précise que Mukwege arrivera à Bukavu et tiendra son meeting à une date ultérieure, condamne l’attitude du régime en place qui, selon lui, peine à justifier son bilan et s’évertue à suspendre le vol à destination de Bukavu avec l’intention d’empêcher au Prix Nobel de communier avec le peuple.
« Point n’est besoin de rappeler que nous ne sommes pas dans un régime d’autorisation préalable et donc lors que l’autorité décide de ne pas accorder un site, celle-ci a l’obligation d’indiquer un autre site où les gens doivent tenir leur manifestation. Fort malencontreusement, en RDC s’applique aujourd’hui la loi de la jungle. A cette allure il y a lieu de s’interroger sur la décrispation de la scène politique avant les échéances de décembre 2023 », peut-on retenir dans cette déclaration lue par Delphi NAMUTO, coordinatrice provinciale du mouvement Appel Patriotique.
Le Bureau politique du Docteur Mukwege crie à une violation de l’article 26 de la constitution qui consacre le droit de manifester, ainsi qu’à une discrimination politique, alors que plusieurs autres membres de l’Union Sacrée, la plateforme du président sortant, tiennent en toute quiétude des manifestations publiques à la Place de l’indépendance.
« Nous condamnons la politique discriminatoire appliquée à notre champion ; nous fustigeons les méthodes caporalistes du pouvoir en place qui musèle le Dr Dénis Mukwege… », poursuit le document.
En séjour en dehors de la province du Sud Kivu, Dénis Mukwege avait tout d’abord annoncé son retour à Bukavu le 6 novembre où il devait tenir un meeting à la Place de l’indépendance.
Les autorités ont alors rejeté la demande, exigeant aux « Mukwegistes » de choisir un autre site, sous prétexte que la place de l’indépendance était réservée à d’autres organisations durant tout le mois de novembre, alors qu’en réalité, la stratégique Place de l’indépendance ne reçoit pas d’activités tous les jours.
La deuxième lettre d’information de l’arrivée à Bukavu du Dr Mukwege du 12 novembre, annonçant la tenue d’un meeting, cette fois à la place Major Vangu, vient aussi de bénéficier d’une fin de non-recevoir de la part de l’autorité urbaine qu’une certaine opinion estime être manipulée par le pouvoir de Kinshasa pour interdire cette manifestation.
Dans sa lettre, le Maire de Bukavu, Zénon Karumba, justifie ce refus par l’interdiction de toute propagande de pré campagne avant la date du démarrage officiel, le 19 novembre 2023, contenue dans un message du Vice Premier ministre et Ministre de l’intérieur, sécurité et affaires coutumières, non encore vulgarisée.
Depuis l’affichage des listes définitives des candidatures à l’élection présidentielle, la classe politique congolaise bat de l’aile sur la candidature du Prix Nobel de la paix, actuellement victime d’une cabale politique, signe d’une mauvaise gouvernance au sommet du pays, d’après ses proches.
Alors que les candidats de l’opposition sont en consultation à Pretoria en Afrique du Sud pour l’éventualité d’une candidature commune, la Communauté internationale craint le risque d’élections chaotiques en RDC, malgré des assurances de la CENI, accusée de préparer une fraude électorale.
L’Union Européenne qui est d’ailleurs en phase de déployer sa mission d’observation électorale redoute une détérioration de la situation politique après le scrutin de décembre 2023. Dans cette optique, elle a signé, vendredi 10 novembre, un accord avec le Congo-Brazzaville pour qu’il soit prêt à évacuer ses ressortissants en cas de besoin.
Elisée Muzalia
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