Quand l’avortement fait pleurer une adolescente à SHABUNDA (Témoignage alarmant)
Ce vaste territoire situé à 300 kilomètres de la ville de Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu, fait face à une fréquence des cas d’avortement provoqué. Des adolescents se livrent à cette pratique auprès des personnes non qualifiées. Et même dans une situation où cet avortement est légalement admis, ils se confient chez des amateurs qui n’ont que le pouvoir d’endommager la santé de leurs clientes.
Dans cette contrée, une jeune fille de 15 ans témoigne avoir été obligée d’avorter après avoir été engrossée par son frère biologique. Entre tristesse et larmes, elle raconte son histoire.
« A l’âge de 15 ans, mon grand-frère âgé de 21 ans m’a beaucoup côtoyée après le décès de notre maman. Il arrivait des moments pour lui d’être dans ma chambre pour une prière d’ensemble. Des jours durant, nous avons été habitués ainsi sans imaginer qu’il pouvait avoir une arrière-pensée contre moi sa sœur », témoigne Amina avant de crever l’abcès.
« Le temps de matérialiser son intention de coucher avec moi est arrivé. Il m’a brutalisé en prétextant que maman nous avait demandé de tout partager, même le sang afin d’affermir nos liens des frères et sœur. L’acte a été commis. Déflorée, je pensais que c’est fini. Quelque temps plus tard, je pressens que j’ai un bébé dans le ventre ».
Cette fille qui vit avec sa marâtre a été envahie par tous les sentiments sauf le courage de parler de ce scenario à celle qu’elle considère désormais comme sa mère. Elle a mal digéré le fait de laisser cette grossesse aller jusqu’à son terme. Sa seule tentation était l’avortement, confie-t-elle.
« Je me suis précipitée chez un vieux de mon village qui a la réputation d’aider les femmes à interrompre volontairement la grossesse. Il m’a administré deux médicaments, soit l’un sous la langue et l’autre à l’anus. Deux jours après, je commençais à saigner telle une poule égorgée. J’ai eu peur. Au troisième jour, les choses se sont dégradées au point que j’ai été transférée dans un centre de santé ».
Amina, internée à cette structure des soins a recouvré à peine sa santé. Une nouvelle l’a bouleversée.
« Ta matrice a été détruite ». Des instruments médicaux peu crédibles auraient été introduits dans sa partie intime par ce fameux médecin provoquant, à cet effet, l’altération de l’uterus.
Depuis lors, angoisse, inquiétude et remords ont conquis le cœur de cette adolescente.
« Je regrette d’avoir perdu ma capacité d’avoir un bébé un jour. Je maudis ce guérisseur qui m’a détruit la merveilleuse partie du corps. Ma famille et moi sont en panique à cause de cette perte. Pour avoir un cœur net à ce sujet, j’ai été amenée à l’hôpital général de référence de PANZI à Bukavu où la nouvelle a été confirmée. J’ai le sentiment d’être enfin inutile ».
Cette situation survient au moment où la possibilité d’aller se faire soigner chez un professionnel s’offrait à elle. Echec faute de connaissance ! Victime d’inceste, le protocole de MAPUTO lui donne le droit à l’avortement médicalisé.
Pour rappel, la RDC avait signé et ratifié en 2008 ce protocole de MAPUTO. Il cite trois conditions sous lesquelles l’avortement est autorisé, à savoir l’inceste, la santé de la mère et du fœtus en danger,  le viol ou l’agression sexuelle.
Alice KAJABIKA
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