RDC : calvaire des journalistes à l’Est, PPI hausse le ton
Vingt-deux cas d’atteintes à la liberté de la presse ont été documentés dans l’Est de la République Démocratique du Congo au cours du premier trimestre de l’année 2024, soit de janvier jusqu’en avril 2024.
Le rapport de monitoring rendu public, le vendredi 31 mai 2024, par l’organisation Partenariat pour la Protection Intégrée, PPI couvre les provinces de l’Ituri, Maniema, Sud Kivu, ainsi que celle du Tanganyika.
Au cours d’une conférence de presse tenue à Bukavu dans le Sud Kivu, l’organisation dit avoir documenté les cas de 3 professionnels de média du Sud Kivu dont les dossiers restent pendants devant la justice, parmi lesquels un seul comparait devant le tribunal de grande instance de Bukavu et deux devant le parquet général.
Il s’agit des journalistes Pascal Kamanzi de Mabadiliko FM émettant à Bukavu, Shasha Rubenga de la radio Amka Kalonge dans le territoire de Kalehe et de Philémon Mutula du RATECO, tous poursuivis en justice pour avoir exercé leur travail dans un contexte électoral tendu.
Outre cette situation, PPI précise que plus de 80 journalistes femmes et hommes des territoires de Rutshuru, Nyiragongo, Masisi et une partie de Walikale dans le Nord Kivu ont été contraints à fuir leurs zones à cause de la guerre et la plupart d’entre eux ont impuissamment assisté à la fermeture de leurs médias dans cette partie de la RDC.
« La situation des journalistes dans l’Est de la RDC est très alarmante. Au cours du premier trimestre de l’année 2024 nous avons documenté 22 cas d’atteintes à la liberté de la presse, malheureusement de ces 22 cas il y a un cas de meurtre contre un journaliste tué par un militaire. Alarmante parce qu’au Nord Kivu, à cause de la guerre, des journalistes ont été obligés de quitter leurs territoires pour se rendre à Goma ou dans des camps des déplacés et actuellement ils exercent difficilement. Au-delà de ces affres de guerre au Nord Kivu, il y a de nombreuses exactions qui se commettent dans d’autres territoires de l’Est de la RDC », renseigne Jonathan Magoma, Directeur des programmes de PPI en République Démocratique du Congo.
A ce tableau sombre, la même source déplore les cas de 6 journalistes de Moba dans la province du Tanganyika qui vivent sous menaces des services de sécurité pour avoir animé, en février 2024, une émission dans laquelle était décriée l’insécurité grandissante qui se vit dans leur territoire.
Suite à cette situation, cette organisation qui milite pour la promotion des droits humains plaide notamment pour l’encadrement des journalistes déplacés des provinces de l’Ituri et du Nord Kivu où sévit l’insécurité à grande échelle.
Cet encadrement comprend des actions concrètes pour leur permettre d’exercer quoiqu’étant loin de leurs milieux naturels, renchérit PPI.
L’organisation recommande également la formation des journalistes sur la sécurité émotionnelle, physique et numérique, afin de faire face à cet environnement hostile à leur travail.
La vulgarisation de l’Ordonnance-Loi sur l’exercice de la liberté de la presse et celle portant Code du numérique, ainsi que de la loi relative à la protection et la responsabilité des défenseurs des droits humains pourra aussi constituer l’une des pistes de solution au calvaire des journalistes.
Notons que cette activité s’inscrit dans le cadre du projet « Protéger la liberté d’informer en République Démocratique du Congo » mis en œuvre par PPI en partenariat avec Internews.
Elysée Muzalia
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