RDC : Ce qu’a « réellement » dit Joseph Kabila lors de son discours devant les parlementaires
Discours sur l’état de la nation, Joseph Kabila dresse un bilan positif de ses 17 ans de règne à la tête de la RDC. Du social à l’économie en passant par la sécurité et les infrastructures, le président de la république dit avoir contribué à un Congo émergeant et souverain. Discours pourtant critiqué par une grande frange de l’opposition qui pense que c’est du déjà entendu et qu’il devrait plutôt annoncer son départ d’ici décembre.
C’est par une mythique phrase prononcée par Mobutu, larmes aux yeux en avril 1990, que Joseph Kabila introduit son discours.
« Je sais pour quoi les gens sont agités ici, tout le monde s’attend que je dise comprenez mon émotion, mais moi je dirai comprenez ma passion pour le Congo » plaisante-t-il.
Devant les parlementaires réunis en congrès, le chef de l’état parle d’un bilan positif dans plusieurs secteurs. Sur le plan politique et sécuritaire, il rassure avoir fait face à plusieurs rebellions et agressions des groupes armés principalement dans l’Est du pays grâce à la réforme de l’armée et de la justice.
Héritant d’une situation économique catastrophique, le chef de l’état dit avoir entrepris des projets de développement entre autres la construction des routes nationales, l’approvisionnement en eau et électricité, la construction des écoles et hôpitaux, contribuant à la réduction du chômage à 15% depuis 1997.
En effet, des analystes pensent qu’encore une fois Joseph Kabila vient d’échouer dans sa énième tentative de ressouder les différentes composantes de la nation. La crise de légitimité demeure profonde et enracinée, les conflits armés se poursuivent à l’Est notamment dans les deux Kivu.
Devant l’ampleur des accusations répétées des organisations internationales qui classent la RDC parmi les pays les plus pauvres, corrompus du monde et mauvaise élève en matière des droits de l’homme, Kabila promet la tenue des élections en décembre sans s’exprimer sur son dauphin.
« …ensemble nous avions réunifié ce pays, instaurer la démocratie et avions organisées les premières élections libres, apaisées et transparentes » se félicite le chef de l’état avant d’ajouter: « j’ai proposé un programme phare sans soutien externe qui avait comme but de stabiliser le cadre macro’économique, c’est qui a été fait ».Â
Là aussi le chef de l’état a tapé à côté, estiment les analystes. Evitant de se prononcer de manière claire et solennelle sur ses véritables intentions de briguer un troisième mandat, Joseph Kabila est plutôt resté évasif sur ce sujet brulant au cœur de vives tensions au sein de la classe politique. Kabila complaisant, s’est prononcé sur l’organisation des élections grâce aux fonds propres de son gouvernement qui, dit-il, refuse toute sorte de leçon de démocratie de la part de ceux qui l’ont assassiné dans son pays. Dans tout ce débat, seul le peuple, pourtant souverain primaire, risquera d’en payer un lourd tribut.
Par Elysée Muzalia et Musaba Proust
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