RDC : craintes d’élections violentes, les signes avant-coureurs documentés par DYPOL
Des doutes planent sur la tenue des élections apaisées en République Démocratique du Congo, le 20 décembre 2023. Outre les discours de haine et d’intolérance entre candidats à la veille des élections, il s’observe aussi des attitudes violentes entre sympathisants de différents challengers ; ce qui présage la tenue des élections tendues. Ceci ressort d’une conférence-débat tenue à Bukavu, le vendredi 17 novembre 2023, par l’Asbl Dynamique des Politologues, DYPOL en sigle.
Selon le professeur Pacifique MAKUTA MWAMBUSA, professeur de sciences politiques à l’Université Officielle de Bukavu et coordonnateur de la Dynamique des politologues au Sud Kivu, certains candidats choisissent des replis communautaires et identitaires en lieu et place des politiques publiques qu’ils doivent promettre à la population.
Organisées sous le thème « Elections, légitimité politique et stabilité en RDC : entre espoirs et désillusions », ces assises ont édifié les participants.tes sur les leçons tirées des processus électoraux de 2006 à ces jours, l’apport de la démocratie électorale en RDC, ainsi que les enjeux, défis et stratégies de prévention des violences pré et post électorales pour les élections du 20 décembre 2023.
« Le vote a quatre fonctions principalement : le choix des représentants et des dirigeants, l’évaluation des politiques publiques donc c’est un moment de faire le bilan d’un mandat politique, le vote est un moyen de légitimité à ceux qui exercent le pouvoir politique, et enfin le vote est un moyen de pacification sociale, un moyen qui rappelle aux citoyens le sens de leur appartenance à l’état Nation et c’est un moyen qui permet de substituer la violence physique par la violence symbolique pour contribuer à l’intégration et l’identité nationale… Malheureusement il s’observe des comportements qui frisent l’intolérance, lesquels comportements sont susceptibles d’entrevoir des violences politiques pendant l’élection et des violences post électorales », renchérit Pacifique MAKUTA.
La même source appelle la population à faire un choix utile et à la socialisation aux fonctions des élections pour éviter de tomber dans des manipulations opportunistes et pratiques clientélistes de différents candidats.
La conférence débat a été animée tour à tour par des professeurs d’universités sur des thématiques liées aux élections. L’un d’eux, le professeur Joseph MUNYABENI a expliqué le rôle et l’importance des élections dans un Etat et cerné les valeurs de référence dans l’exercice de la démocratie dans un Etat moderne.
Des défis majeurs susceptibles d’aboutir à des élections violentes documentés par le professeur sont notamment le non-respect du choix de la population, la non acceptation des résultats, l’insatisfaction des aspirations de la population et des ingérences des puissances étrangères.
« Les congolais doivent retenir qu’il y a des enjeux dont la sauvegarde de l’unité nationale à travers les élections, l’enjeux du développement économique du pays, la consolidation de la paix et la stabilité des institutions. Au-delà des enjeux il y a également des défis après les élections parmi lesquels le choix réel de la population, il faudrait que les élections reflètent le choix réel de la population ; l’acceptation des résultats, nous avons connu des contestations en 2006, en 2011 et en 2018. Les aspirations profondes de la population : il faudrait qu’après les élections la population se retrouve en terme de bien-être, en terme d’amélioration de ses conditions de vie. Il y a aussi l’ingérence des puissances extérieures qui jouent un rôle nocif dans les élections en République Démocratique du Congo, ces puissances ne viennent pas gratuitement chez nous, elles viennent pour la rentabilité économique immédiate et ne tiennent pas compte de l’intérêt majeur de la population… Notre objectif est de livrer cette information, d’inviter la population congolaise à faire attention et à opérer de bons choix parce qu’il y a des enjeux et des défis », croit savoir MUNYABENI.
Alors que la campagne électorale a démarré officiellement le 19 novembre, il s’observe dans plusieurs coins du pays et au Sud Kivu en particulier des actes de sabotage et de destruction des affiches de certains candidats par des sympathisants des partis politiques. Tandis que d’autres font l’objet d’actes d’injures et d’intolérance sur plusieurs terrains lors de la campagne électorale, selon des sources concordantes.
Notons que la RDC est dans un nouveau cycle électoral qui débute par des élections générales le 20 décembre et se poursuivra au cours de l’année 2024, quoique dans des conditions périlleuses.
L’insécurité à l’est du pays va priver des milliers d’électeurs de certaines parties du Nord Kivu et du Mai-Ndombe de voter. L’opposition qui tente de faire un front commun pour battre le président sortant Félix Tshisekedi reste confrontée à une répression accrue du gouvernement et à Ceni qu’elle considère comme favorable au parti au pouvoir.
Parallèlement, le risque de violence localisée est élevé, selon des occidentaux qui estiment que des résultats serrés ou contestés pourraient également conduire à une crise nationale, comme ce fut le cas en 2018.
L’Union Européenne a quant à elle signé, le 10 novembre dernier, un accord avec le Congo-Brazzaville voisin pour évacuer ses ressortissants en cas de besoin.
Le Gouvernement de la République Démocratique du Congo est donc appelé à mettre en place des mécanismes pour atténuer ces risques, concluent les mêmes sources.
Elisée Muzalia
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