RDC : la classe politique bat de l’aile autour de la candidature du Dr Mukwege à la présidentielle
Le premier courageux à se manifester publiquement aux allures de la campagne électorale en faveur du Prix Nobel de la paix, c’est Homer Bulakali, député provincial élu de la ville de Bukavu au Sud Kivu et candidat aux prochaines législatives sur la liste de l’UNC. Une prise de position qui jette un véritable pavé dans la mare au sein de l’Union pour la Nation Congolaise, chère à Vital Kamerhe, actuel vice premier ministre de l’économie et l’un de principaux alliés de Félix Tshisekedi, candidat à sa propre succession. Un acte d’indiscipline, estime le directoire politique national de l’UNC qui annonce des sanctions à l’endroit de son député.
Devant des centaines d’invités réunis, vendredi 6 octobre 2023, dans la salle Marie Claire de Bukavu, Homer Bulakali en conférence débat autour du thème « Pourquoi j’ai choisi le docteur Dénis Mukwege comme candidat président ? » justifie son choix par les valeurs qu’incarne le célèbre gynécologue Dénis Mukwege.
« La classe politique congolaise actuelle a largement et lamentablement échoué. Hier c’était la majorité présidentielle, aujourd’hui c’est l’opposition qui a pris le pouvoir et l’échec est tellement profond qu’on ne peut même pas délibérer. Arriver au niveau où la brigade spéciale qui sécurise le chef de l’Etat aller dans une église à Goma pour massacrer la population, on est tombé trop bas… Il faut qu’on donne la chance à la société civile… Je veux que chaque mot soit enregistré pour qu’on ne dise pas demain que j’ai injurié quelqu’un, parce que nous sommes en train d’user de notre liberté nous garantit par la constitution de la République », a-t-il déclaré.
Homer Bulakali s’insurge contre les violations manifestes des accords issus de la coalition CACH (Cap pour le Changement) qui devaient hisser son leader Vital Kamerehe à la primature et permettre à d’autres cadres de l’UNC d’occuper des postes stratégiques dans les institutions du pays.
« Vital Kamerhe c’est notre frère, on est en train de le noyer, c’est à nous de le sauver, il ne saura pas quoi faire, sauvons-le. On va lui dire va radier ce Monsieur de ton parti sinon on te tue ; vous pensez que j’aurai peur de ça ? Non ! Pourvu que je sauve mon frère, c’est par amour que je le fais, faites aussi la même chose par amour… Nous devons accompagner le Prix Nobel », a renchérit Homer Bulakali.
Dénis Mukwege qui est considéré comme l’homme fort qui malmène, sur le plan international, les pays voisins agresseurs de la RDC, risque de faire peur à la présidence de la République, une fois élu.
Sa lutte acharnée contre le plan de balkanisation du pays et pour la mise en place d’un tribunal pénal international pour le Congo afin de condamner les auteurs des crimes contre l’humanité et crimes de génocide en RDC et qui se la coulent douce au pays, ainsi qu’à l’étranger, taraudent les esprits et méritent une reconnaissance du peuple, estime une certaine opinion.
Des réactions ne se sont pas faites attendre au sein de l’Union pour la Nation Congolaise, parti cher à Vital Kamerhe, actuel vice premier ministre de l’économie dans le gouvernement Tshisekedi.
Dans un communiqué daté du 05 octobre 2023, le secrétaire interfédéral de l’UNC/Sud Kivu, Bisimwa Yabe Ntayitunda, précise qu’Homer Bulakali fait des déclarations et activités contraires à la résolution du congrès de l’UNC de soutenir la candidature de Félix Tshisekedi aux élections présidentielles.
Le Bureau de l’inter fédération de l’UNC considère le comportement de son député comme une indiscipline envers les options et orientations politiques du parti.
L’actuel ministre d’Etat dans le gouvernement Tshisekedi, Aimé Boji, lui aussi cadre de l’UNC appelle les membres et sympathisants à se désolidariser d’Homer Bulakali qui n’est plus autorisé à utiliser les insignes du parti, selon la déclaration.
« C’est un cas d’indiscipline caractérisé d’autant plus que le concerné figure sur la liste des candidats UNC à la députation nationale pour la ville de Bukavu. La direction politique nationale du parti ne peut tolérer un tel comportement qui est de nature à décrédibiliser notre parti ainsi que son rôle d’avant plan dans la dynamique de l’Union Sacrée de la Nation », a déclaré Aimé Boji.
Dénis Mukwege brigue la magistrature suprême pour l’élection présidentielle prévue le 20 décembre prochain. Il a déposé sa candidature à la CENI le 3 octobre après un discours à la Nation dans une salle de conférence à Kinshasa.
« Nous ne pouvons pas attendre pour agir, demain ce sera tard ; c’est aujourd’hui, c’est pourquoi je suis prêt et que j’y vais maintenant », a-t-il déclaré en se décrivant comme un citoyen révolté.
Mukwege rejoint une liste déjà longue d’opposants qui comptent affronter le 20 décembre le chef de l’Etat sortant, Félix Tshisekedi, au pouvoir depuis janvier 2019 et candidat à la réélection.
Parmi eux, Martin Fayulu candidat malheureux à l’élection de décembre 2018, les anciens premiers ministres Matata Ponyo et Adolphe Muzito sous le régime Kabila, mais aussi le riche homme d’affaires Moise Katumbi, ex gouverneur du Katanga.
La candidature du Prix Nobel de la paix 2018 agite les partis politiques de l’Union sacrée de la nation qui soutiennent Félix Tshisekedi. Plusieurs cadres de cette coalition déclarent se ranger derrière la candidature de Mukwege.
Depuis l’année dernière, les soutiens de Mukwege dont beaucoup d’intellectuels congolais le poussaient à se lancer dans la bataille politique, un terrain sur lequel il ne s’était pas encore aventuré, même si sa voix est depuis longtemps très critique à l’égard du pouvoir.
Il avait reçu de ses partisans, le 16 septembre 2023, les 100 000 dollars de caution requis par la commission électorale pour tout dépôt de candidature à la présidentielle.
Sur terrain, deux structures appuient sa candidature : un « Appel patriotique » issu de la société civile, et une plateforme politique « l’Alliance des Congolais pour la Refondation de la Nation », ACRN en sigle.
Elysée Muzalia
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