RDC : Le travail au Sud-Kivu, compétence ou héritage ? (Enquête)
Le chômage demeure l’un des principaux freins au développement au Sud-Kivu en particulier et en République démocratique du Congo en général. Des jeunes filles te garçons et parents constitués des femmes et des hommes sont tous touchés par cette triste réalité qui présente d’énormes répercussions négatives sur leur vécu quotidien.
Avoir un travail dans un service de l’état ou même dans une organisation non gouvernementale n’est pas chose facile. Le taux de chômage estimé à 80 % est l’un de plus élevés au monde. Depuis plusieurs années le travail se transmet de père en fils comme un caractère héréditaire. Dans certaines organisations et services, l’on voit des parents remplacés après leur décès, retraite ou indisponibilité, par leurs enfants ou proches. Dans ces institutions aucune norme de recrutement n’est respectée.
Un travailleur ayant gardé l’anonymat témoigne : « j’ai été engagé dans ce service après le décès de mon père. Nous n’avions pas fait les mêmes études, mais mon père m’initiait déjà avant de mourir. Il avait aussi déjà donné mon identité à d’autres employés que c’est moi qui prendrai sa relève ».
Alors que des chômeurs à la quête de l’emploi sillonnent à la longueur des journées en train de lire des offres d’emploi placardés sur les valves de différentes ONGs et certains services de l’état.
D’autres après avoir tenté maintes fois mais en vain désespèrent et résolvent de rester à la maison ou de faire un métier manuel.
« J’ai fini mes études en 2013 à l’université évangélique en Afrique dans la faculté d’Agronomie. Depuis cette année je postule sur des offres d’emploi sans jamais réussir, je ne peux pas compter le nombre de fois. De fois je fais même l’interview, mais jamais on ne nous dit pas pourquoi on n’est pas retenu. Pour l’auto prise en charge j’ai fait la formation en coupe et couture pour apprendre au chose en attendant que j’aurai le travail » explique une habitante de la ville de Bukavu.
Elle ajoute qu’elle est objet de moquerie dans l’exercice de ce métier vu le bagage intellectuel dont elle est détentrice. Elle appelle d’autres personnes, femmes et hommes à créer des initiatives entrepreneuriales pour faire face au manque d’emploi.
« Aujourd’hui vous allez rencontrer des vieux de plus de 70 ans dans des bureaux de l’état dans notre province. La retraite est devenue un simple concept verbal qui ne présente aucun avantage. Ces personnes occupent des fonctions que des jeunes devraient normalement exercer. Cela permettra de redynamiser les services de l’état en panne depuis plusieurs années » se plaint un autre habitant.
Il signale que cette situation est à la base de la prostitution, l’insécurité, le vol et l’oisiveté dû l’absence des moyens financiers.
Après deux décentes dans les installations de l’office nationale de l’emploi, ONEM Bukavu, les responsables de ce service n’ont pas voulu répondre aux questions des reporters de l’émission d’investigation de Mama Radio, Témoin spécial.
Pour sa part le numéro un de la division du travail en province du Sud-Kivu, a rassuré qu’un cahier de charge sera bientôt soumis au gouvernement provincial en vue de faire embaucher les jeunes dans les services de l’état à travers l’école nationale d’administration (ENA). Reste à savoir si cet énième promesse des autorités provinciales sera réalisée.
Par Musaba Proust
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