RDC : Projet FORETS et chercheurs déterminés à lutter contre la destruction de la biosphère de Yangambi
Chadrack Kafuti, étudiant de l’université de Gand, mène ses recherches dans la biosphère de Yangambi sur l’Afronesia(Pericopsis). Une espèce la plus frappée par la déforestation, dans cette réserve sablonneuse, située dans le bassin du fleuve Congo à l’ouest de la ville de Kisangani, estimée à 220 000 hectares de superficie. Face à la pression humaine, la déforestation et la dégradation de Yangambi, l’Union européenne via le projet FORETS en collaboration avec l’Université de Kisangani et d’autres partenaires multiplient des actions pour la gestion durable de cette biosphère. Une biosphère considérée pour beaucoup comme la mère nourricière, d’autres encore la tour Effeil de Kisangani comme l’est pour Paris, indispensable pour l’atténuation du changement climatique dans le monde.
« Je ramasse les feuilles des plantes dans la biosphère de Yangambi, BY ; ces feuilles me permettent de couvrir mes pattes traditionnelles que je vends » confie Elvine Ntale, panier au dos, rencontrée dans la biosphère en train de ramasser les feuilles.
Elvine Ntale, comme beaucoup de personnes dans Kisangani, la BY reste une ressource utile et un site touristique où se situe l’arbre authentique (âge : 300 à 500 ans ; diamètre moyen 3.90 m et une circonférence de 9.86 m), lequel arbre le président Joseph Mobutu et Roi Baudoin avaient visité. Malheureusement, cette biosphère fait face aux problèmes d’abattage d’arbres soit pour la fabrication des braises et planches voire bois de chauffe, le braconnage,…
Comme la BY, la forêt reste une zone de diversité biologique exceptionnelle indispensable pour la vie. « Les arbres et leur bonne gestion sont une source d’aliments et de médicaments, de matières premières et de revenus monétaires, mais aussi et surtout de lutte contre le changement climatique »  font remarquer les Nations unies, lors de la célébration de la journée internationale des forêts, cette année 2019.
 Les attaques contre la biosphère de Yangambi, BY en sigle.
« Voilà parmi les cas de la destruction de la BY, ici les arbres sont coupés et brûlés  par les habitants pour trouver l’espace à cultiver » nous fait voir Brice Djiofack, ingénieur forestier- expert junior dans le projet FORETS, notre encadreur, lors de notre passage dans Yangambi.
A ce tableau de la destruction de la BY, s’ajoute la pression de la demande  urbaine des charbons des bois, bois de chauffe et bois d’œuvre surtout pour le cas de l’afronesia( Pericopsis elata) une espèce très prisée par les industries en RDC.                                                     Par rapport aux bois de chauffe, il faut dire que plusieurs habitants de Kisangani utilisent cette forme d’énergie, ainsi ils sont obligés de couper les arbres dans la BY , sans l’idée de planter d’autres.
« Récemment, nous sommes partis réaliser les enquêtes autour de Yangambi, et quand vous posez la question aux habitants, ils disent que cette biosphère est grande et que même si on coupe les arbres, elle ne va pas finir » signale Noella Lifoli, étudiante master forêt à l’Université de Kisangani.
Aussi, les arbres sont coupés pour fabriquer des braises comme source d’énergie ; les braises constituent une source de revenu pour beaucoup de personnes. Ainsi, les sacs des braises sont vendus quasi tous les jours.
Cette année, l’ONU signalent que la déforestation est responsable de 12 à 20 % des émissions  mondiales de gaz à effet de serre qui contribuent au réchauffement climatique de la planète, lors de la journée internationale des forêts célébrée le 21 mars sous le thème : « Explorer, s’émerveiller et apprendre à aimer les forêts ».
Démarches pour la protection et la gestion des forêts,  la BYÂ
Pour faire face à la déforestation, l’ONU via son agence de l’agriculture et élevage, FAO, estime  qu’en élargissant la pratique de la Gestion durable des forêts, GDF, il est essentiel de s’assurer que tous- de ceux qui cueillent les champignons ou coupent les arbres, à ceux qui transforment le bois d’œuvre jusqu’à ceux qui déterminent les politiques – participent au processus d’élaboration des stratégies de GDF et aient les capacités de les appliquer.
L’organisation Fonds mondiale pour la nature de l’anglais World Wildlife Fund (WWF) dans sa guide technique produit en 2013, sur la GD de la biosphère de Luki en RDC préconise une gestion participative de cette biosphère.
Dans cette expérience réussie WWF préconise la participation de décideurs ; les populations ; les scientifiques et les gestionnaires. WWF mentionne aussi les problèmes liés à une bonne gestion : les conflits dans l’utilisation des ressources et la non- connaissance des limites de la Réserve de Biosphère et/ ou conflits de propriété foncière.
Dans sa gestion durable,GD, le Rwanda a privilégié la révision et la mise en œuvre des plans d’aménagement ; le développement de l’agroforesterie par des communautés locales formées ; l’appui à la mise en place et au fonctionnement des coopératives apicoles en faveur des communautés locales en vue de réduire la pauvreté.
Face à ces problèmes de la destruction de Yangambi, le projet Formation, Recherche, Environnement dans la Tshopo (FORETS) coordonné par le Centre de recherche forestière internationale (CIFOR) avec l’appui financier de l’Union européenne multiplie des actions pour associer les scientifiques, les communautés, l’Etat et partenaires pour la protection de la BY.
Organisation des journées scientifiques et formation sur la gestion durable des forêts
 En soutien à la formation des étudiants, parmi eux jusque-là au moins 220 boursiers par le projet FORETS, le CIFOR et l’Université de Kisangani ont organisé une semaine de la science à Kisangani en RDC, du 29 avril au 03 mai 2019,  pour offrir aux étudiants une opportunité d’approfondir leurs connaissances sur la gestion durable des forêts avec l’intervention d’environ 20 experts de renommée internationale.
« La gestion durable des forêts, comme la Yangambi limite la dégradation et le déboisement des forêts tout en augmentant par le biais de politiques saines et de pratiques durables » souligne Nils Bourland de CIFOR, lors de sa présentation à la semaine des sciences à Kisangani.
Dans le même souci de formation sur la gestion durable des forêts, 12 journalistes venus de différentes provinces ont bénéficié une formation dans le journalisme d’enquête  visant à promouvoir des recherches approfondies sur la valeur socio-économique, culturelle et environnementale des forêts, a fait savoir la chargée de communication régionale, CIFOR, Ahtziri Gonzalez.
« La semaine de la science accueille les meilleurs scientifiques spécialisés dans la conservation des forêts du bassin du Congo, cela profite à nos étudiants. Projet FORETS c’est vraiment une opportunité pour l’université de Kisangani, mais aussi, toute la RDC » se réjouit le recteur de cette université, professeur Benoît Djailo.
Installation d’un laboratoire de biologie du bois de la BY en RDC
 Dans l’objectif de faciliter la formation aux étudiants, enseignants et chercheurs le projet FORETS a installé un laboratoire de biologie du bois, pour permettre surtout aux étudiants d’analyser des échantillons de bois sur place.
« Avant les chercheurs de biologie du bois devaient envoyer leur échantillon en Europe pour analyse, mais maintenant avec ce laboratoire, ils font tout ici » confie ingénieur Mélisa Rousseau, personnel scientifique de FORETS.
Elle fait savoir que l’équipement  disponible dans cette infrastructure de recherche permet de réaliser des recherches sur : l’évaluation de la productivité des plantations, la physiologie des espèces tropicales, l’histoire des forêts,…
Reboisement et utilisation de foyer amélioré pour réduire la consommation des braises
 Dans le but de reboiser Yangambi, le projet FORETS a permis de planter près de 55 000 arbres à Bangala dans le secteur de Yangambi. Actuellement dans Yangambi, on observe plusieurs jeunes Afronesia grâce à cette politique de reboisement de Yangambi.
Pour réduire l’utilisation des braises et la déforestation, les braseros sont fabriqués avec la céramique avec un avantage de plus conserver la chaleur.
Au-delà du reboisement et l’utilisation des foyers améliorés, les chercheurs de CIFOR conseillent aux habitants l’amélioration des méthodes de carbonisation par rapport à la méthode traditionnelle, ce qui permet de couper moins d’arbres pour la production des braises.
Espoir permis
Le rapport annuel de 2018 du CIFOR en Ethiopie, après le lobbying de ses scientifiques salue la révision de la loi forestière en matière de gestion et de restauration des forêts, qui permet d’associer les communautés locales à la gestion des forêts.
La FAO pour une GD préconise aux Etats la collaboration entre : les décideurs, les populations, les gestionnaires et les scientifiques. Elle conseille l’agroforesterie aux communautés, l’implication des scientifiques pour la formation des communautés et agents de l’Etat sur la GD des forêts.
Ce reportage a été produit grâce à l’appui du projet FORETS, financé par l’Union européenne et coordonné par le Centre de recherche forestière internationale (CIFOR).Cependant, il ne représente pas nécessairement le point de vue de ces institutions. »
Déo Cikuru
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