RDC/Sud kivu : « Affaire femmes lynchées et brûlées » le prix Nobel Dénis Mukwege condamne cette violation des droits humains

Posté par  Cikuru Kadjunga   à       3 années ago     541 Views     Laisser vos impressions  

« Brûler vive une mère de sept enfants parce qu’accusée de sorcellerie est une grave violation des droits humains Â» déplore maître Pascal Mupenda. Dans la province du Sud kivu, à l’est de la République démocratique du Congo, la justice populaire continue de faire des dégâts humains que matériels. Des personnes accusées de sorcellerie, à majorité des femmes et filles, sont soit déshabiller, lyncher, brûler vive et leurs habitations incendiées. Le Prix Nobel, Dénis Mukwege, activiste des droits humains fustige non seulement cette pratique déshumanisante envers la femme, mais invite  l’Etat congolais à lutter  davantage contre la justice populaire. De leur côté, des organisations des droits humains signalent que cette situation bloque le développement de toute la nation, mais véhicule une mauvaise image du pays à l’intérieur qu’à l’extérieur.

Des femmes tuées accusées de sorcellerie continuent d’être enregistrées dans différents territoires du Sud kivu. Le dernier cas en date et celle de Jeannette M’Kalibanyi du Village Lubuye, groupement Mugote, Chefferie Ntambuka, accusée d’avoir tué deux personnes du milieu. Celle-ci a été brûlée vive, dimanche 31 Janvier par certains habitants.

Des organisations de défense des droits humains, et des femmes en particulier, à l’instar de l’Association des femmes des médias, en RDC qui en 2019, ont fait état  d’une dizaine des femmes et filles soit tabasser, soit brûler et leurs habitations incendiées. Ces dernières déplorent la recrudescence de ces cas favorisée par des chambres de prière et églises des réveils, qui qualifient ou confirment des accusations de sorcellerie.

Ces organisations, qui ont aussi répertorié plusieurs pratiques néfastes envers la femme et fille, fustigent du fait que la justice populaire est une violation de la déclaration universelle des droits de l’homme, mais aussi de la loi congolaise en la matière. Celles-ci font mention de cas de torture et traitement dégradent envers les femmes et filles accusées de sorcellerie

Justice populaire, cas d’accusation de sorcellerie : des faits incroyables et révélation

Plusieurs femmes continuent d’être  torturées, lynchées avant d’être tuées par la population dans la province du Sud-Kivu. Ces dernières sont accusées de sorcière par des responsables des chambres de prière, qui les attribuent d’être à la base des plusieurs maux qui rongent les membres de leurs ménages.

Cette situation est plus remarquée dans  les territoires de la province où  les habitants font face une multitude d’églises de réveil et chambres de prière fondée sur des prophéties, qui malheureusement aboutissent par des messages dans les quels l’on cite les  femmes  et des enfants de sorcière à la base des malédictions que connaissent les familles dans les milieux urbains et ruraux, regrette des organisations des droits humains

Ces organisations, parmi lesquelles l’Association des femmes des médias, SAJEC Forces vives, les sociétés civiles de base dans les territoires,… font état de plusieurs cas de justice populaire en province du Sud comme dans la ville de Bukavu :

Une femme nommée Jeannette M’Kalibanyi du Village Lubuye dans le territoire d’Idjwi, groupement Mugote, Chefferie Ntambuka, épouse à Noeri Mpanguhe du même Village et mère de sept enfants a été brûlée vive  par la population en colère de ce village.

La victime est accusée de tuer par sorcellerie deux personnes : Zabela m’felicien (âgée de 50 ans et mère de 10 enfants) et Divine Léandre (fillette de 12  ans) toutes deux voisines à la présumée sorcière tuée.

A Kalonge, dans le territoire de Kabare, quatre femmes accusées de sorcellerie ont été emportées dans la forêt par le groupe armé Raiya Mutomboki, qui a été alerté par des jeunes du milieu, qui accusent une des femmes d’avoir tué un de leur par la sorcellerie.

Et dans la ville de Bukavu, en province du Sud kivu, quatre femmes accusées sorcières ont été copieusement battues par des habitants dans le quartier Panzi, dans la commune d’Ibanda. Par malheur, l’une a trouvé la mort, avant l’intervention de la police congolaise. Elles ont été accusées  d’avoir tué un jeune garçon de 22 ans, une situation qui a suscité  la colère dans le chef de la population, qui voulait se rendre justice. Les trois autres ont pris fuite.

Et des acteurs de la société civile d’Idjwi, qui indiquent que la justice populaire est à la base des conflits communautaires, renseignent  que dans  la chefferie Ntambuka, plus de 10 personnes dont 8 femmes ont été tuées et une dizaine de maisons incendiées au courant de l’an 2020.

Et dans le territoire de Mwenga, une jeune fille de 15 ans a été tuée à coup des bâtons et pierres par des jeunes en colère, après avoir été accusée de la sorcellerie ; le drame s’est passé la nuit de mercredi à jeudi 20 février dans le groupement de Bashimwenda 1èr.

Dans le village de Mumosho, une femme accusée de sorcellerie a été brulée vive, même scenario à Kalehe où une autre a été brulée accusée d’avoir tué une personne par poison. En 2019, une organisation de la société civile SAJESEK Forces vives a fait état de 66 victimes de justice populaire.

Réaction des organisations de la société civile et acteurs

Le prix Nobel, le docteur Denis Mukwege condamne le cas de justice populaire signalés ces derniers temps à Bukavu en particulier, et au Sud kivu en général. Il regrette de constater que les femmes sont les premières victimes, car accusées de sorcellerie

Le prix Nobel de la paix se dit inquiet de l’ampleur que prend la justice populaire en province, qui coute la vie à des citoyens innocents estimant que la population devrait se rappeler du caractère sacré de la vie et à l’Etat de combattre davantage ce fléau, qui freine l’épanouissement de la femme et celui de la nation en général.

 Â« La justice populaire n’a jamais arrangé les choses. Nous déplorons ces cas d’injustice et l’absence quasi de l’Etat pour mettre fin à cette pratique. On ne peut pas tuer quelqu’un parce qu’on pense, qu’elle est sorcière. Encore une fois, la vie reste sacrée Â» confie Dénis Mukwege

Le prix Nobel Dénis Mukwege condamne la justice populaire et invite l’Etat à trouver solution

Le coordonnateur de la fondation Solidarité des hommes FSH Fernando Nkana fustige cette façon de faire de la communauté, qui débouche à des violations graves des droits de l’homme avec des tortures et maltraitances de la femme pourtant accusée gratuitement sans aucune preuve matérielle.

Il invite le gouvernement provincial à prendre ses responsabilités pour réprimer ce comportement devenue monnaie courante dans la province du Sud-Kivu jusqu’à porter atteinte  à des vies humaines des paisibles citoyens lapidés sans aucune intervention des services de sécurités.

Pour sa part, la responsable du réseau des femmes pour la défense des droits et la paix,  la sociologue Venantie Bisimwa déplore ces accusations, qui freinent l’épanouissement de la femme. Elle estime par ailleurs que la pauvreté et le chômage jouent sur cette augmentation des cas d’accusation de sorcellerie, ainsi invite l’Etat à la création d’emploi et l’amélioration de la situation socio-économique des habitants.

L’Asbl DEC (Droits Environnement  et Citoyenneté) regrette que les citoyens recourent à la justice populaire  dans le cadre de gestion des problèmes à la base.

« Nous condamnons la persistance de la justice populaire qui prend de plus en plus de l’ampleur dans la chefferie Ntambuka où plusieurs citoyens meurent par justice  populaire, la majorité sont des femmes Â» déplore Emmanuel Ndimwiza , le coordonnateur de l’Asbl DEC et membre de la société civile d’idjwi.

De leur côté, l’Association des femmes des médias, AFEM dénonce fermement cet acharnement contre les femmes, qui sont nos mères, nos sœurs, porteuses de la vie et éducatrice de la nation.

La chargée des programmes à AFEM, Eliane Polepole demande aux habitants de ne pas se rendre justice. Vous pouvez vous imaginez, quelle sera alors la vie de ses sept ans, devenus orphelins.

« D’abord, nous fustigeons ce nouveau cas de justice populaire, la femme reste la première victime. Nous avons nous tous, l’obligation de respecter la vie, elle est sacrée . Même notre justice ne reconnait pas la sorcellerie Â» confie Eliane Polepole

Elle demande aux autorités de mettre fin à cette  l’impunité, poursuivre tous les auteurs impliqués dans cette pratique.

La porte-parole du mouvement Rien Sans les Femmes, Solange Lwashiga fustige la maltraitance et violation des droits humains, dont la femme continuent d’être victime.

Celle-ci rappelle la population que la vie humaine est sacrée et personne ne peut mettre fin à la vie de l’autre. Elle invite l’Etat congolais à mettre fin à cette pratique, qui détruit progressivement la communauté.

De son côté, Roger Buhendwa de la Fondation Panzi  regrette ce comportement incivique et ce manque de respect envers la femme, et pourtant elle donne la vie et éducatrice de la nation.

Celui-ci fustige ce mauvais comportement des jeunes, considérés espoirs d’une nation, censés avoir des bonnes manières, mais qui se laissent entrainer dans la justice populaire. Et puis, imaginez l’image que cette pratique de justice populaire donne aux enfants, bruler une femme. C’est vraiment grave, la société se dirige tout droit dans le mur !

De son côté, l’activiste des droits humains, responsable de l’initiative congolaise pour la justice et la paix , Raphaël Wakenge estime que  l’impunité et le non application de l’édit  provincial portant sur la lutte contre la justice populaire au sud  Kivu  seraient à la base de cette recrudescence de la  résurgence de cas de justice populaire dans la  province.

Il appelle les  autorités compétentes de s’impliquer pour apporter  solution à ce problème qui est en train de prendre de l’ampleur dans la province.

Et le Pasteur Byemba, l’un des responsables du barza intercommunautiare dans la sous région des Grands Lacs fustige le comportement des certaines personnes, qui se font passer comme serviteur de Dieu, qui accusent des enfants et femmes de sorcière. Il appelle la justice à les punir et leurs complices de ces accusations.

Réaction des autorités provinciales

En réaction sur la persistance de la justice populaire en province, le ministre de l’intérieur et sécurité, Lwabanji Lwasi Ngabo signale que des auteurs des cas de justice populaire dont sont victimes les femmes dans plusieurs territoires sont dans le viseur des services de sécurité et répondront de leurs actes devant la justice.

Il fait savoir que  toute personne impliquée dans ces pratiques  sera dénichée et traduit en justice  afin de servir d’exemple dans la lutte contre la justice populaire au Sud Kivu.

« Personne ne peut se rendre justice ; il faut plutôt se rendre aux services de la justice. Nous recommandons aux habitants d’éviter cette pratique combien incivique Â» confie Lwabanji Lwasi

Le ministre de l’intérieur et de la sécurité déplore et décourage la justice populaire, promet des sanctions

           

Et de son côté, la cheffe de division des affaires sociales, Pétronie Kangela recommande aux femmes accusées de sorcellerie de porter plainte à la justice, car ces accusations constituent une infraction.

Elle demande la communauté de bannir cette pratique, qui dévalorise la femme, elle qui est éducatrice de la nation.

De son côté, le chef de quartier Panzi, Nsimirhe Buhendwa , qui déplore le comportement de ses administrés rappelle que la justice congolaise sanctionne tout cas de justice populaire.

Par ailleurs, cette dernière fustige aussi du fait que ce sont des femmes, qui continuent d’être accusées de sorcière, puis torturer jusqu’à la mort, mais parfois leurs biens détruits.

Nsimire Buhendwa fustige la justice populaire et invite ses administrés au respect des droits humains

Elle invite toute la population à s’adresser aux instances de justice, pour tout différends et d’éviter de se rendre justice.

Le secrétaire administratif de la chefferie de Ntambumba, Emmanuel Lubundo, condamne cette situation et indique avoir tenu une réunion avec toutes les couches de la population pour dénoncer et interdire  la justice populaire.

Cette autorité locale promet de mener de démarche pour identifier des auteurs de cette justice populaire, afin qu’ils répondent de leur acte.

Par Déo Cikuru

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