Sud Kivu : AFEM réunit des autorités compétentes pour le suivi de l’édit portant interdiction de la justice populaire
L’Association des femmes des médias AFEM, organise un atelier d’appropriation politique pour le suivi de l’édit portant interdiction de la justice populaire en faveur de la lutte contre les tueries des femmes accusées de sorcellerie. C’est pour améliorer le degré d’implication des autorités politiques, administratives, judiciaires, les services de sécurité dans la lutte contre les tueries des femmes accusées de sorcellerie. Ces assises se tiennent à Bukavu, dans la province du Sud Kivu, en République Démocratique du Congo ce 13/03/2023.
AFEM regrette de constater que la province du Sud-Kivu est l’une de contrée de l’Est où la sécurité de la femme reste menacée. Plusieurs femmes sont victimes de cas de violences sexuelles et basées sur le genre dont les accusations de sorcellerie. Elle fait savoir qu’elle a documenté au moins 23 cas des femmes tuées dans les mêmes circonstances et 430 autres chassées de leurs villages et condamnées à l’errance depuis 2021. Le groupement de Kalonge en territoire de Kalehe a un chiffre très élevé avec plus de 300 femmes accusées de sorcellerie.
« Plusieurs cas sont répertoriés dans la ville de Bukavu et dans les territoires, des femmes battues, torturées et d’autres ont été brûlées vives dans leurs maisons par des manifestants en colère les accusant d’être à la base d’un décès ou d’autres malheur qui frappe leurs entourages », explique Julienne Baseke, coordinatrice d’AFEM.
Cette structure de défense de droits des femmes regrette de voir que l’accusation de sorcellerie faite à la femme continue à prendre de l’ampleur malgré des initiatives qui ont été menées par les organisations de la société civile pour demander aux autorités locales et provinciales d’adopter de stratégies pour protéger les femmes et les garantir une sécurité.
« …la situation est restée la même sur terrain, les femmes continuent d’être la cible des personnes de mauvaises volontés qui utilisent l’accusation à la sorcellerie pour régler leurs différents et en faisant subir aux femmes des actes inhumains et dégradants pourtant ces violations sans sanctionnées par les textes légaux qui protègent les droits humains… », regrette Julienne Baseke.
Elle ajoute : « C’est le cas d’un acte d’engagement signé par les participants à l’atelier de plaidoyer organisé par AFEM appuyé par Internews au mois de Mars 2021 à Bukavu. Le gouvernement provincial du Sud-Kivu à travers ses services techniques s’est engagé à enquêter, identifier et arrêter les présumés auteurs des enlèvements liés aux accusations à la sorcellerie avant de le déférer devant la justice et les sanctionner. A cela s’ajoute la décision de fermer les chambres de prières et maisons d’invocation qui versent dans les dérives liées aux accusations de sorcellerie… ».
En rappel, un édit provincial interdisant la justice populaire a été adopté en plénière à l’hémicycle provinciale lors de la deuxième législature en 2012. Ce texte juridique qui a déjà force de loi n’a jamais été promulgué par le gouverneur de province pour que les autorités judiciaires s’y réfèrent pour sanctionner tous les auteurs de justice populaire en province du Sud-Kivu.
Informons que cet atelier met autour d’une table les services techniques de l’Etat, comme le ministère de l’intérieur, ministère du genre, les divisions de la justice et des droits humains pour faire le suivi de l’édit portant interdiction de la justice populaire.
Cette activité s’inscrit dans le cadre du projet de promotion des droits des femmes au Sud Kivu à travers les actions de prévention et lutte contre les violences sexuelles et basées sur le genre pour la consolidation de la paix. Il est mis en œuvre par AFEM avec l’appui financier de la GIZ à travers le programme de la promotion de la paix et de la stabilité en RDC, ProPaix.
Rachel Rugarabura, JRI
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