Sud – Kivu : AFEM sensibilise contre les violences domestiques à l’égard des femmes à Kamituga

Les leaders communautaires de Kamituga s’engagent à combattre toute forme des violences domestiques à l’égard des femmes. Ils ont pris cet engagement à l’issue d’une table ronde organisée le 07 février 2022 par l’Association des femmes des médias (AFEM) en partenariat avec Internews. Selon les participants à cette table ronde, les violences domestiques prennent de plus en plus de l’ampleur à Kamituga, une ville minière du territoire de Mwenga située à environ 180 km de Bukavu à l’Ouest.

D’après les témoignages recueillis, environs 90% des femmes sont victimes de différentes formes de violences domestiques de la part de leurs maris aux foyers. Ces violences ne permettent pas aux femmes de s’épanouir sur plusieurs plans au vu des conséquences qu’elles présentent, croient savoir les participants à la Table ronde organisée presqu’un mois après qu’une femme journaliste, Charline KITOKO a été tuée par son mari après des coups et blessures.

Les leaders communautaires de Kamituga déplorent le fait que nombreuses femmes demeurent victimes et souffrent en silence par manque d’information de saisir la justice pour obtenir réparation, d’autre encore pour des raisons de confidentialité dans un ménage.

Au cours des échanges, AFEM estime que la persistance de certaines  pratiques, attitudes et les normes défavorables aux droits des femmes, la faible prise de conscience de l’ampleur de la violence domestique et ses conséquences sur la vie communautaire, le silence de la femme vis-à-vis de la violence à son égard sont les principales causes de ce phénomène inquiétant.

Les membres du noyau club d’écoute font savoir que ces violences domestiques sont non seulement physiques, mais aussi psychologiques, culturelles et économiques. C’est notamment les intimidations, les injures, les privations des libertés, les menaces, les humiliations et propos injurieux, la stigmatisation surtout en cas de stérilité, les coups et blessures, les tortures physiques, les assassinats ainsi que les violences économiques.

« J’ai été plusieurs fois victime des coups de mon mari. Je ne savais pas quoi faire, c’est alors que je suivie de sensibilisation des organisations qui expliquaient comment saisir la justice ; c’est alors que je suis partie saisir la justice Â» confie une femme à Kamituga.

Les violences basées sur le genre que vivent au quotidien les femmes congolaises sont liées pour la plupart, aux coutumes, traditions et mœurs, aux pratiques sociales dans la vie domestique, à la faible scolarisation et l’ignorance par les femmes de leurs droits, ainsi qu’aux conflits armés et autres qui ont marqué le territoire de Mwenga. Pour l’instant, il n’y a aucune mesure de protection étatique pour les femmes victimes de violence domestique, déplore un défenseur judiciaire et agent à la Mairie de Kamituga.

En outre, la législation congolaise ne prévoit pas la possibilité de prendre de mesures d’éloignement à l’encontre de l’auteur présumé des violences afin d’éviter que de tels actes ne se reproduisent. Il règne ainsi un climat d’impunité et les auteurs des violences domestiques restent dans la majorité des cas impunis, les victimes n’osant pas porter plainte.

Face à cette situation, les leaders locaux de Kamituga s’engagent à sensibiliser les couples, plus particulièrement les hommes à bien collaborer avec leurs femmes pour éviter des cas de violences physiques, mais aussi de promouvoir la scolarisation des jeunes filles afin qu’elles soient utiles à la société.

Dans le cadre de ses activités de lutte contre les violences domestiques, AFEM a procédé à l’affichage, à des places publiques à Kamituga, des messages de sensibilisation contre les violences domestiques et conjugales à l’égard des femmes à Kamituga.