Sud-Kivu : Des défenseur.es des droits humains en guerre pour le respect de la justice transitionnelle des survivantes des violences sexuelles
« La réparation des victimes des conflits est un droit pour ces dernières et non une faveur. C’est également un projet de l’Etat congolais ». Propos de Raphaël WAKENGE, Coordonnateur de l’Initiative Congolaise pour la Justice et la Paix, CICJ en sigle. Il l’a dit lors de sa présentation à la table ronde ayant pour thème : « pour une réparation efficace et durables des survivantes de violence sexuelle liée au conflit » organisée par l’Association des Femmes des Médias, AFEM, ce 29 décembre 2022 à Bukavu en province du Sud Kivu dans l’Est de RDC.
« L’ONU définit la justice transitionnelle comme : l’éventail complet des divers processus et mécanismes mis en Å“uvre par une société pour tenter de faire face à des exactions massives commises dans le passé, en vue d’établir les responsabilités, de rendre la justice et de permettre la réconciliation », a cité Raphael Wakenge.
Et d’ajouter que la justice transitionnelle traite les victimes des conflits de la même manière dont les sociétés répondent aux conséquences de violations graves et massives des droits de l’homme.
Tout en indiquant que la justice possède quatre piliers desquels la vérité qui fait allusion à l’établissement et la reconnaissance de la vérité sur les violations commises, Wakenge a souligné que chaque société doit se choisir un pilier qui lui convient le mieux.
« Au-delà de ces deux piliers, on note aussi la justice qui réfère à l’identification et la poursuite des auteurs des crimes. Les garanties de non-répétition pour tirer les leçons du passé afin de prévenir la commission future de violations des droits humains ainsi que la réparation qui veut dire que les victimes ont droit à une réparation adéquate pour le préjudice subi », a-t-il martelé.
Pour sa part, Maitre Arnold Nyaluma, professeur des Droits et défenseur de droits humains, pense que la République démocratique du Congo devrait se pencher sur le contexte politique national et régional pour parvenir à une réparation des victimes des crimes des guerres et principalement les survivantes des violences sexuelles liées aux conflits.
Touchants sur les défis qui bloquent le processus de réparation efficace et durable des survivantes des violences, cet homme de droit international a évoqué la résistance des forces politiques et la mauvaise foi de certaines puissances internationales qui cherchent à cacher leurs anciennes actes commis dans la région.
« Le temps paye son temps, la dynamique politique en République démocratique du Congo pousse à ce que certains acteurs politiques qui ont commis des crimes graves érigent des blocages dans le processus de réparation. Le lobby négationniste est plus fort que notre dynamique. Les lois internationales condamnent des auteurs des crimes qu’ils soient des acteurs politiques ou pas » a-t-il expliqué.
Pour aboutir à un meilleur résultat dans la lutte pour la réparation des victimes, Arnold Nyaluma suggère que chaque partie prenante prenne un engagement ferme dans cette lutte. Ceci car, d’après lui : « Il y a des gens qui sont en prison aujourd’hui pour des faits commis en 1940 grâce à l’implication des victimes qui n’ont pas lâché malgré la pression des bourreaux. C’est en ce sens même que les survivantes des violences sexuelles liées aux conflits doivent briser le silence et continuer à réclamer justice ».
Ces assises rendues possibles grâce à la Coopération Suisse ont réuni des survivantes de violences sexuelles venues des différents territoires du Sud-Kivu, des autorités politico-militaires, des responsables des organisations de la société civile et des défenseur.es des droits des humains.
Déo Cikuru et Fiduciaire Zaiga
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