Sud-Kivu : Des idées folles pour valoriser les déchets plastiques (Nicole Menemene)
Le génie inventif de cette jeune dame est remarquable. Pas besoin de retenir les exclamations en regardant in visu les Å“uvres d’art de son organisation « Plastycor » sur base des déchets. Des emplois sont créés, et s’ensuit, inévitablement, sa contribution au Trésor public, apprend-t-on de la directrice de cette entreprise sociale qui s’attend à voir une province, une République propre et belle.
Depuis 2016, Nicole Mugoli Menemene, 27 ans, est active dans le domaine de protection de l’environnement en recyclant des déchets plastiques.
Maison en bouteilles plastiques
Des pensées folles sont le point de départ de ses réalisations qui étonnent plus d’un au Sud-Kivu, sa province d’origine. Par son génie créatif, elle a réussi à construire une maison entièrement en bouteilles à Mwanda Katana, la première du genre, à plus de 50 km de la ville de Bukavu. Cette bâtisse est baptisée ’’La Gratitude’’.
« C’est un projet réalisé en 2020, mais il date de 2016. Cette maison en bouteilles est démonstrative pour dire qu’il est possible de donner un rôle capital aux déchets. Par la construction de cet ouvrage, plus de 18.000 bouteilles plastiques ont été mises hors d’état de polluer notre lac et boucher nos caniveaux. Bref, de salir notre ville« .
Menemene, assistante à l’université catholique de Bukavu fait savoir que cette envie de valoriser les détritus plastiques la démange. N’étant pas au sommet de ses ambitions, elle pense avoir « une multitude des choses à faire à base des déchets, et elle y va graduellement« .
Et d’ajouter :
‘’Dès qu’on aura une opportunité, des maisons habitables sous ce format seront massivement construites« . Décidément, l’une de ses idées folles est concrétisée grâce à l’ensemble des qualités qu’elle reconnaît avoir.  » Je suis équipée d’une dose de détermination, d’engagement, de courage, de leadership, d’esprit d’écoute et de curiosité’’. La rage de travailler dur lui tient à cÅ“ur, même en temps de confinement, se souvient-elle.
Inspirée, Nicole Menemene pense que ce secteur entrepreneurial lié à l’écologie est très rentable. Une dizaine des collaborateurs avec lesquels elle travaille s’en sortent déjà à si bon compte.
« Ensemble, nous travaillons à donner deux valeurs aux déchets, à savoir l’utilité et la beauté. C’est dans cet ordre d’idée que Plastycor s’efforce à fabriquer des pots de fleur, des fleurs, des paniers, des poufs en bouteilles et en pneus usés, à décorer les murs, à faire des tableaux décoratifs alliant style et élégance et consorts. Nous faisons ce qui est beau et agréable ».
Passion affirmée
Cette jeune passionnée du recyclage des déchets n’hésite, même un seul instant, à chercher des bouteilles. C’est, souvent, à travers le curage du lac avec ses organisations partenaires ou son réseau de ramassage par des jeunes et femmes désÅ“uvrés qui reçoivent en retour une compensation monétaire, une matière première pour cette initiative professionnelle.
‘’ Des tonnes et des tonnes de boissons en bouteilles plastiques traversent nos frontières depuis des décennies, et d’autres sont produites localement. Malheureusement, il n’y a pas de dispositif local satisfaisant de gestion des déchets pouvant résorber ces déchets plastiques’’, détaille Nicole Menemene, étudiante, dans le même temps, en master en gestion des petites et moyennes entreprises. Récemment, elle a été encouragée pour le recyclage ingénieux des déchets par la vice Premier ministre du plan, Elysée Munembwe et le directeur général de l’agence nationale pour la promotion des investissements, Anapi, Anthony Nkinzo.
Son intérêt à entreprendre est pointu pour des raisons variées. ‘’ La création de la richesse via les innovations sociales, j’en suis convaincue. C’est parmi les meilleures voies de sortie de cette situation de pauvreté accentuée de notre pays, tout en améliorant, sans doute, les conditions sociales de vie des habitants’’.
Sa genèse
Pour la petite information, Plastycor a commencé en 2016 dans un contexte d’insalubrité qui a révolté sa fondatrice.
« L’article que j’avais publié dans une revue de l’université, avec pour titre : « Mon sac poubelle pour un temps, Bukavu poubelle pour longtemps » était un déclic pour moi. J’étais révoltée par cette situation. Mon envie était de transformer des immondices en opportunités. L’autre chose qui m’avait boosté était le concours national des posters scientifiques portant sur le thème « Nature et environnement » dans le cadre de la 3ème édition de la Semaine de la Science et de la Technologie. J’en étais sortie troisième lauréate sur l’étendue nationale ».
A cela s’ajoute, renchérit-elle, l’expérience de recyclage vécue en Ouganda par une organisation dénommée « Social innovation academy, SINA« .
L’immense travail de Plastycor s’annonce prometteur, espère sa patronne, persuadée par sa vision résumée en deux phrases : ‘’Les déchets plastiques ont assez détruit notre environnement et Sali notre pays. Il est temps de leur donner un nouveau rôle’’.
ALICE KAJABIKA
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