SUD-KIVUÂ :JIFÂ : Les femmes plaident pour la voie du dialogue, qui reste le seul moyen de mettre fin au bain de sang. Â

La Journée internationale des droits des femmes (JDIF) est commémorée le 8 mars de chaque année. Cette année 2025, le contexte socio-sécuritaire précaire a rendu cette journée particulièrement méditative, différemment des années passées au Sud-Kivu.
Depuis son occupation par le mouvement politico-militaire de l’AFC/M23, la province du Sud-Kivu traverse une situation socio-sécuritaire très alarmante.
Selon les constatations de la rédaction de Maman Radio, les femmes petites commerçantes, les bureaucrates, les agents de l’État, les avocates et beaucoup d’autres femmes toujours mobilisées pour des conférences, des marches de plaidoyer et beaucoup d’autres actions vivent en clandestinité et ont abandonné leurs activités quotidiennes. Cette situation particulière n’a pas permis de commémorer cette journée comme d’habitude.
Pour Thérèse MEMA MAPENZI, une femme activiste des droits des femmes et directrice du centre Olame à Bukavu, la coutume veut que les femmes du Sud-Kivu fêtent la JIDF en célébrant leurs efforts, leurs succès et en évaluant leurs défis. Cette année 2025 au Sud-Kivu, cette journée passe d’un sentiment d’être des victimes à celui d’être des survivantes.
« Des femmes se voient dans l’impossibilité de célébrer parce qu’elles se questionnent sur leurs droits. Elles pleurent leurs enfants, leurs maris, leurs biens pillés, l’insécurité quotidienne avec une espérance de vie de 24 heures. Plusieurs femmes comme moi se demandent si elles ont encore des droits, si elles font vraiment partie de ces femmes du monde qui ont droit à la vie. Le Sud-Kivu, capitale du viol, est aujourd’hui victime d’insécurité que personne ne sait justifier. Qu’avions-nous fait pour mériter cette situation ? Les accords signés par les hommes, en quoi cela nous implique alors que nous n’y avions jamais été associés ? Chaque jour, des femmes enterrent leurs maris, leurs enfants, leurs frères. Celles qui osent parler sont envahies par la peur, le harcèlement et les menaces. » S’indigne Thérèse MEMA.
Thérèse MEMA MAPENZI se dit inquiète pour d’autres femmes qui sont obligées de fuir la province et qui ne savent plus jouer leurs rôles cruciaux de défenseuses des droits des femmes.
« Plusieurs femmes du Sud-Kivu souhaiteraient lever leurs voix et dénoncer tout ce qui ne va pas comme on en a l’habitude. Ces femmes fortes qu’elles ont toujours été sont en train de se voir par terre… subir la violence sans rien dire… Leurs cÅ“urs restent lourds et ne peuvent pas supporter les poids sur leurs poitrines. Elles ont toujours été ces femmes fortes, mais aujourd’hui, c’est le découragement qui les entoure. Comment se relever ? Comment dénoncer ce que les femmes vivent ? L’injustice populaire a remplacé la justice… Et le monde nous parle de la Journée internationale des droits des femmes, avons-nous vraiment des droits ? Comment célébrer les droits des femmes dans ce contexte ? Notre salut se trouve en l’Éternel, notre seul refuge. Bien que plusieurs se moquent de nous, nous avons foi que lorsque nos forces s’épuisent, lorsque nous nous sentons abandonnés par tout le monde, c’est alors que le Seigneur, notre Sauveur, vient agir », conclut-elle.
Dans son message, le point de coordination du mouvement « Rien sans les femmes » à Bukavu a, par l’intermédiaire de son point focal adjoint, appelé les femmes de Bukavu à la méditation et à la prière. Alice Kube, de l’Association des femmes juristes congolaises (AFEJUCO), souligne que les femmes de Bukavu ne vont pas bien mentalement : « La femme du Sud-Kivu en général et celle de la ville de Bukavu en particulier pleure. Le sang des innocents qui coule devant ses yeux ; c’est le deuil chaque jour. La femme de Bukavu vit le deuil, le stress, l’angoisse et le traumatisme, alors que de nombreuses familles sont séparées et d’autres en refuge ». Tels sont les mots qu’on peut lire dans son message.
« Que l’armée céleste combatte pour le rétablissement de la paix au Sud-Kivu et à l’est de la RDC en général » a-t-elle conclu.
Joint par votre rédaction, la présidente du bureau de coordination de la société civile, Me Néné Bintu IRAGI, compatit avec toutes les femmes victimes de la situation actuelle. Elle profite de cette occasion pour demander au gouvernement congolais de fournir plus d’efforts afin d’améliorer les conditions de vie et de travail des femmes.
« La population de la partie orientale traverse en ce moment une période très difficile, marquée par la guerre et ses multiples conséquences sur les plans social, éducatif et économique, etc. Le dialogue semble aujourd’hui la voie royale pour sortir du gouffre actuel, mais personne ne veut faire le premier pas des deux côtés. La voie militaire semble avoir montré ses limites. », Insiste Me Néné Bintu.
La présidente de la société civile pense que toutes les autorités de droit ou de fait sont appelées à respecter et à faire respecter la vie humaine, car le faire, c’est respecter les droits des femmes.
Le 8 mars est une journée d’action, de sensibilisation et de mobilisation pour les droits des femmes, l’égalité et la justice. C’est l’occasion de réfléchir, d’échanger et de se mobiliser en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes. L’objectif est de faire le point sur les avancées et les efforts restant à fournir concernant la place des femmes dans la société. Chaque année, des thèmes sont proposés à différents niveaux pour cette fin.
Cette année, le thème international retenu est : « Pour toutes les femmes et les filles ; droits, égalité et autonomisation ». En République démocratique du Congo, le thème est : « La congolaise au centre de toutes les ambitions ».
Alice W’iragi
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