Sud-Kivu : La faible production agropastorale, un manque à gagner pour la province

La province du Sud-Kivu fait actuellement face à  plusieurs défis liés à l’insuffisance des productions agropastorales. Pour se ravitailler en nourriture, la population est obligée de tourner le regard vers les pays étrangers.  Pourtant, dans  les années 70 et 80 le Sud-Kivu était parmi les provinces poumon du pays, la production de ses territoires alimentait la ville de Bukavu, certaines provinces du pays et quelques pays voisins.

Selon un rapport publié par l’organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, FAO, en décembre 2016, près de 100 000 ménages ruraux dans la partie Sud-Kivu ont connu de fortes inondations qui ont affecté la production agropastorale.

Outre le problème lié à l’inondation, les villages du Sud-Kivu font actuellement face aux multiples cas d’insécurité, la persistance des mosaïques qui ne favorise pas la fertilisation du sol et la perturbation climatique. Une situation qui fait à ce que les paysans qui jadis s’occupaient de l’activité agropastorale, se déplacent vers la ville pour d’autres activités.

D’autres qui continuent à vivre dans les villages du Sud-Kivu ne savent plus produire, car leurs produits périssent dans les champs, faute des routes de desserte agricole et de voix de liaison entre la ville et les villages et d’industries de transformation des produits agropastoraux. Ils préfèrent se déplacer  vers la ville pour s’approvisionner en denrée alimentaire.

Un manque à gagner pour la province

Cette faible production entraine la rareté des produits agricoles sur le marché, la hausse du prix des denrées alimentaires et la famine. Elle constitue aussi un manque à gagner pour l’économie de la province, qui ne compte plus sur l’agriculture et l’élevage pour son développement.

 « Cette non productivité fait à ce que nous enregistrions des cas de maladies liés à la malnutrition. Il y a aussi exode rural, car tout le monde espère trouver une bonne vie en ville. Plusieurs personnes partent dans les pays voisins pour se procurer de quoi manger, ce qui n’est pas une bonne chose pour la santé de notre économie» explique un habitant de la ville de Bukavu.

Plusieurs défis restent à relever

Face à ce problème qui affecte négativement l’économie de la province, plusieurs observateurs attendent une implication sérieuse du gouvernement Nyamugabo qui hérite une province où la plupart des habitants se tournent vers les pays voisins pour l’approvisionnement en denrées alimentaires.

Pour Sylvain Mapatano, coordonnateur de la plate-forme DIOBAS, la solution à cette situation passe par la mise en place des conditions sécuritaires pouvant garantir la bonne circulation des biens dans les milieux ruraux, la réhabilitation des routes des dessertes  agricoles pour faciliter l’acheminement des produits dans divers centres commerciaux et la distribution d’engrais pour fertiliser le sol.

Il demande l’implication des autorités compétentes, pour faire de l’agriculture, un canal de production pour l’émergence de la province et une profession capable de faire vivre les ménages.

Par Musaba Proust et François Mihigo