Sud-Kivu : Le protocole de MAPUTO, un ouf de soulagement pour les femmes et filles (Acteurs sociaux et Etatiques)
Les acteurs communautaires, dans leur diversité, sont unanimes sur la question. D’un ton encourageant, ils estiment que ce protocole de Maputo que la RDC a déjà ratifié est un salut incontournable pour les femmes à plus d’un titre. Le besoin d’appropriation de cette charte s’impose à raison.
C’est ce que pense l’activiste des droits des femmes, Eliane CUBAKA, coordinatrice de l’ONG Fight for Teenagers in Africa, FITA à pied d’œuvre sur le chantier de la santé sexuelle des adolescents en province.
A l’en croire, ce protocole, à son article 14, vient donner la chance aux femmes et filles de préserver leur santé sexuelle et reproductive.
« En cas de viol ou d’inceste dont le taux est si élevé chez nous au Kivu, ce protocole devrait être appliqué sans atermoiements. Il est un ouf de soulagement, une solution quant à l’avortement sécurisé dans ce cas de figure, en lieu et place, des avortements clandestins que nous ne cessons de décrier. Des cas de décès dus aux avortements non médicalisés se multiplient dans notre communauté à notre grande surprise ».
Cette militante des droits des femmes ajoute que la mise en pratique de ce protocole permet, assurément, aux femmes de disposer librement de leurs corps.
Une teinte de scepticisme, cependant : une société patriarcale qui ne veut pas laisser d’espace décisionnel aux femmes de jouir pleinement de leurs corps, et de recourir aux méthodes contraceptives à leur guise, renchérit une source anonyme.
Dans les instances publiques au Sud-Kivu, ce protocole est accueilli à bras ouverts. Le ministre de la santé Cosmos BISHISHA s’en félicite d’autant plus qu’il constitue un instrument de protection des femmes par excellence. C’est pourquoi, rappelle-t-il, la RDC l’a ratifié et promulgué même dans le journal officiel depuis mars 2018. Ce qui vient s’ajouter à l’immense arsenal juridique congolais qui promeut les droits des femmes, sans accent spécifique sur la santé sexuelle comme il en est le cas dans cet instrument d’envergure africaine.
Interrogé, jean Moreau TUBIBU de l’ONG Groupe Jérémie soutient que ce protocole est avantageux et mérite d’être porté largement à la connaissance des communautés. Problème ? Malgré ses bienfaits dans le contexte d’avortement médicalisé, voire de planification familiale qu’il prône, par ailleurs, ce protocole demeure peu connu.
« Il est à peine vulgarisé de manière à le faire connaitre à toutes les femmes et aux jeunes. Les organisations féminines et les hommes ‘’genrés’’ devront descendre sur terrain et parler de ce protocole dans un langage accessible à tous. Ça ne suffit pas de le ratifier ou l’adopter, il faudra vulgariser son contenu ».
L’unanimité des acteurs sur la conscientisation des communautés à ce sujet saute à l’œil. Chose qui pourrait briser le mur de l’indifférence affichée par certains hommes d’église vis-à -vis du protocole de Maputo auquel ils s’insurgent sans équivoque, insinue TUBIBU conscient que le protocole est quelque peu ‘’confiné’’ dans les tiroirs des autorités et défenseurs des droits des femmes.
‘’C’est à cette condition de sensibilisation de masse que chacun pourra s’en approprier véritablement’’, martèle la même source.
ALICE KAJABIKA
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