Sud-Kivu : Le vagabondage sexuel, une triste réalité à Miti, plus de 20 cas de grossesses précoces recensés (Enquête)
Au Sud-Kivu, il s’observe dans certains centres ruraux, des jeunes filles et garçons qui s’adonnent à une sexualité qui dépassent les bornes. C’est le cas de la zone de santé de Miti-Murhesa dans le territoire de Kabare où le sexe est devenu comme une monnaie d’échange. Les jeunes filles sont engrossées (avec des auteurs parfois inconnus) n’importe comment et par n’importe qui
Une situation qui laisse perplexe et embarrasse plus d’une personne. En l’espace de six mois, le centre de santé de Miti l’une des structures de santé de la place dit avoir reçu une vingtaine de filles victimes de grossesses.
L’on parle de vagabondage sexuel lorsqu’une personne possède plusieurs partenaires avec lesquels elle entreprend des rapports sexuels.
« J’ai ma petite sœur qui est tombée dans le même contexte. A 12 ans, lorsqu’elle est arrivée en sixième année primaire, elle a eu des mauvaises fréquentions qui ont influencé sa conduite. Quand on niveau de la famille, nous lui prodiguions des conseils pour un changement positif de son comportement, elle ne voulait pas et retorquait si nous voulions qu’elles nous initient également. Trois ans après, elle a été engrossée par un père de famille qui avait 42 ans de plus qu’elle. Elle a mis au monde dans des mauvaises conditions, mais le père en question n’a pas voulu d’elle. Actuellement elle a remis ses pieds sur terre, mais on ne sait pas si ça va durer » témoignage Natasha Richard, jeune fille de Miti.
Les jeunes filles et garçons sont concernés au même titre par cette triste réalité en dépit des répercussions néfastes que cela présente à court, à moyen et à long terme. Baraka Shamavu, un jeune homme de 18 ans qui, il y a quelques mois était toujours accro au sexe : « j’ai couché avec une fille pour la première fois à l’âge de 11 ans. J’ai continué dans la même lancé jusqu’à l’âge de 17 ans et par mois je pouvais coucher avec pas moins de six filles différentes et parfois à plusieurs reprises avec certaines d’entre elles. Je regrette d’avoir perdu ma chasteté, peut-être que je suis plus productif sur le plan sexuel ».
A chacun ses propres raisons
A la question de savoir qu’est ce qui expliquerait l’ampleur de ce phénomène dans ce milieu, une autre jeune fille du coin, Francine Kiyame rétorque : « cela est principalement dû à la situation socioéconomique des familles qui demeure catastrophique. Lorsque mes parents sont incapables de mettre à ma disposition des moyens financiers pour subvenir à mes besoins, je suis obligée de faire la prostitution surtout que je reconnais que je suis belle. Au de là de ça il y a ce que je qualifierai de recherche absolue de plaisir sexuel par les jeunes garçons et filles car ils ceux-là qui sont pris en charge comme il se doit se retrouvent dans la même terrain ».
Pour Bahati Lambisho, chef de centre de Miti, le vagabondage sexuel est aussi occasionné par l’absence de l’emploi pour ceux-là qui ont fini les études primaires ou secondaires et qui n’ont des ressources nécessaires pour le prochain cycle. « Certains jeunes qui par manque d’occupation, passe la journée à consommer des boissons fortement alcoolisées de moindre coût, ce qui les conduit à des actes souvent irréfléchis et dépravent au passage certaines mœurs » signale-t-il.
Une faible implication pour conséquences énormes
Cette problématique présente des retombés énormes sur le plan social, sanitaire et économique des jeunes et des habitants de ce coin de la province du Sud-Kivu.
« La famille est réticente à accorder de la confiance à la jeune fille engrossée ou au jeune garçon qui a engrossé. Il y a aussi des moyens financiers qu’il faut mettre en œuvre après la naissance de l’enfant car généralement les filles qui mettent au monde sont rejetés par les auteurs de la grossesse. Surgissent alors des déceptions au sein de la famille parfois de querelles. Pire encore il y a de fois divorce en cas de pédophilie » précise une habitante dont le fils a engrossé une fille le mois de Février de cette année.
Patient Wimba, médecin gynécologue aux cliniques universitaires de Bukavu ajoute que le même phénomène est à la base d’infections urinaires et/ou génitales, divers virus comme celui du VIH Sida et de l’hépatite. La stérilité est également une conséquence non négligeable qui survient suite à cela.
Pacifique Ntakobajira responsable d’un regroupement local des jeunes fait savoir qu’ils mènent avec leur association des sensibilisations au sein de la communauté pour montrer les conséquences qui découlent du vagabondage sexuel. « Nous essayons de dissuader les écoliers à entreprendre une vie sexuelle précoce. Nous les appelons à s’abstenir car c’est le seul moyen trop efficace pour s’épargner des multiples conséquences » renchéri-t-il.
Des plaidoyers ont été aussi menés dans cette optique pour intensifier les sensibilisations au sein des différentes couches sociales à en croire le chef de centre de Miti. Il appelle les autorités territoriales et provinciales à arrêter des stratégies durables afin d’endiguer cette triste situation qui met mal à l’aise.
Produit avec l’appui de Free Press Unlimited.
Par Musaba Proust
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