Sud-Kivu : L’utilisation des enfants dans la pêche, une réalité à Idjwi

Les habitants du territoire d’Idjwi plaident pour la non exploitation des enfants dans la pêche. Ils l’ont signifié le dimanche 26 novembre à l’issue d’une émission publique organisée par Mama Radio au port Musheke dans le groupement de Mpene.

Cette émission Témoin spécial a pour objectif de sensibiliser la population sur des sujets de sociétés que la communauté n’aborde pas peur, par ignorance ou qu’elle considère tabou afin qu’il y ait l’implication des parties prenantes.

Ces habitants venus en masse assister, condamnent la présence des enfants mineurs dans les activités inappropriées et qui ne correspondent pas à leur âge. Inexpérimentés, nombreux se sont noyés dans le lac Kivu, d’autres ont négativement changé sur le plan comportemental selon des recherches menées sur place par les reporters de Témoin spécial.

Au cours des échanges, la population du territoire d’idjwi recommande au Gouvernement provincial de s’investir dans la lutte contre l’insécurité alimentaire due aux maladies qui affectent les plantes dans cette partie de la province. Une situation qui est à la base de la présence massive des enfants dans les activités de pêche.

Un travail à risque

Les enfants victimes de cette situation affirment vouloir étudier, mais sont confrontés au manque des moyens financiers.

 « J’ai 12 ans, j’ai intégré la pêche il y a deux ans. J’étais en cinquième année primaire jusqu’à ce que mes parents qu’il y a plus rien à me payer la prime. On nous donne les fretins et 1000 FC  par jour.  C’est un travail à risque car on se blesse et cela présente plusieurs dangers. Si j’avais les moyens j’allais retourner à l’école » témoigne un enfant.

Les pécheurs ne se soucient guère de cette situation, pour eux la pêche étant artisanale, ils sont obligés d’avoir une main d’œuvre pour mieux travailler.

« Nous utilisons les enfants dans la pêche car ils n’ont pas moyens d’aller à l’école à cause des frais scolaires. Au lieu que ces enfants puissent vagabonder dans des quartiers, nous travaillons avec eux et passons la nuit ensemble. Nous ne saurai pas dire si cela est bon ou pas car les autorités ne nous interdisent pas de le faire» explique un pêcheur.

Toujours les mêmes réponses

Le travail des enfants dans la pêche est exécuté dans des conditions dangereuses et malsaines les exposant à des blessures ou des maladies. L’article 3 de la convention nº 182 de l’Organisation internationale du travail fait également référence aux travaux qu’effectuent ces enfants les qualifiant de « travaux qui, par leur nature ou les conditions dans lesquelles ils s’exercent, sont susceptibles de nuire à la santé, à la sécurité ou à la moralité de l’enfant ».

Le gouvernement congolais semble ne pas se soucier du bien-être et de l’avenir de ces enfants qui dès leurs bas âge passent la nuit avec les pécheurs et parfois à belle étoile.

Contacté, Barthélemy Kangele chef de division du genre, famille et enfant dit ne pas être au courant de cette situation et promet d’entrain en contact avec ses services sur place pour qu’il soit fixé et prendre des mesures adéquates.

« La loi stipule que l’exploitation des enfants entraine 6 mois de prison et le paiement d’amande pour les auteurs. Les parents doivent envoyer les enfants à l’école mais pas dans des travaux inappropriés, même si on est confronté au manque des moyens, cela ne pas une excuse » indique Barthelemy Kangele.

Par Musaba Proust