Sud Kivu : « Nous demandons au président Félix Tshisekedi de respecter l’article 14 de la constitution de la RDC qui prône la protection et l’épanouissement des femmes ».

Posté par  Cikuru Kadjunga   à       5 années ago     1027 Views     Laisser vos impressions  

«  La loi sur la parité à son article 14 stipule que : « L’homme et la femme jouissent de façon égale de tous les droits politiques. La femme est représentée d’une manière équitable dans toutes les fonctions nominatives et électives au sein des institutions .» rappelle les femmes du Sud Kivu dans leur cahier des charges à l’occasion de la célébration du mois de la femme, journée de la femme. Lors des élections cette année, pour l’ensemble du pays,  50 femmes sur un total de 485, soit 10,3%  ont été élues  députés nationaux Dans ce cahier, les femmes réclament la protection des femmes, la participation à la gestion ainsi que la représentativité des femmes comme le stipule la Résolution 1325 signé par la RDC. La RdC célèbre ce mois sous le thème : « Ensemble promouvoir la paix, sécurité et le genre par l’accès au service public de qualité ». La Résolution 1325 des Nations Unies vient renforcer le souci de la prévention, Protection, et la participation des femmes pour les Etats parties prenantes dont la RDC est signataire.                                                Les femmes du Sud Kivu aussi dans le cahier des charges, sur les plans sécuritaires, social qu’économique voire juridique, déplorent la situation de la crise financière, l’impunité des violences sexuelles, la discrimination des filles à l’éducation .

CAHIER DES CHARGES DES  FEMMES DE LA PROVINCE DU SUD KIVU A L’OCCASION DE LA CELEBRATION DE LA JOURNEE INTERNATIONALE DES DROITS DE LA FEMME, JIF 2019

A l’occasion de la célébration de la journée Internationale de la femme, JIF 2019, célébrée sous le thème national : «  Ensemble promouvoir la paix, la sécurité et le genre par l’accès aux services publics de qualité. »

Nous, femmes de la province du Sud Kivu réunies au sein des organisations non gouvernementales, plateformes de la Société Civile, entreprises publiques-privées, sociétés étatiques et para étatiques, des associations féminines, des parties politiques, etc, en cette journée commémorative de la femme avons l’insigne honneur de nous réunir devant l’esplanade la place de l’indépendance à l’issu de la marche de « plaidoyer » pour présenter le cahier des charges des femmes du sud Kivu adressé aux décideurs au niveau locale, national et international pour l’amélioration des conditions des femmes  dans tout les secteurs de la vie (politique, économique, social, culturel, judiciaire, etc)

A cet effet, nous référant aux textes règlementaires internes et internationaux (traités, accords, pactes et protocoles, diverses résolutions) promoteurs des droits des femmes en vigueur en RDC, nous saisissons l’occasion pour rappeler à notre gouvernement nouvellement établi  certains éléments qui reviennent dans ses responsabilités pour garantir effectivement  à la femme congolaise la Paix, la sécurité et le genre par l’accès aux services publics de qualité:

L’article 69 de la Constitution de la RDC stipule que le Président de la République est le Chef de l’Etat. Il représente la nation et il est le symbole de l’unité nationale. Il veille au respect de la Constitution. Il assure par son arbitrage, le fonctionnement régulier  des pouvoirs publics et des Institutions  ainsi que la continuité de l’Etat. Il est le garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire, de la souveraineté nationale et du respect des traités  et accords internationaux.

Rappelant quelques dispositions  de notre Constitution, en son article  14 qui  stipule : « Les pouvoirs publics veillent à l’élimination de toute forme de discrimination à l’ égard de la femme et assurent la protection et la promotion de ses droits.

Ils prennent, dans tous les domaines, notamment dans les domaines civil, politique, économique, social et culturel, toutes les mesures appropriées pour assurer le total épanouissement et la pleine participation de la femme au développement de la Nation.

Ils prennent des mesures pour lutter contre toute forme de violences faites à la femme dans la vie publique et dans la vie privée.

La femme a droit à une représentation équitable au sein des institutions nationales, provinciales et locales.

L’Etat garantit la mise en œuvre de la parité homme-femme dans lesdites institutions ».

Sur abondamment, la loi sur la parité à son article 14 stipule que : « L’homme et la femme jouissent de façon égale de tous les droits politiques. La femme est représentée d’une manière équitable dans toutes les fonctions nominatives et électives au sein des institutions nationales, provinciales et locales, en cela y compris les institutions d’appui à la démocratie, le conseil économique et social ainsi que les établissements publics et paraétatiques à tous les niveaux.»

Enfin, tenant compte des différents protocoles, traités et accords internationaux auxquels la RDC a souscrit l’oblige à faire de la promotion des droits des femmes une priorité du gouvernement.

La Résolution 1325 des Nations Unies vient renforcer le souci de la prévention, Protection, et la participation des femmes pour les Etats parties prenantes dont la RDC.

C’est à ce titre que les femmes jettent un regard critique sur leur l’égalité des chances et l’accessibilité aux services publics de qualité :

Sur le plan Politique :

Nous notons que pour l’ensemble du pays,  50 femmes sur un total de 485, soit 10,3%  ont été élues  députés nationaux.

Pour la Province du Sud Kivu, sur un total de 32 députés nationaux élus, seules  2  femmes, soit 6,25% . Il ressort donc que l’Assemblée Nationale de la RDC  ne connaitra que la participation de 2 femmes du Sud Kivu. Ces dernières représentent 4% de l’ensemble des femmes membres de l’Assemblée Nationale.

Au niveau provincial, nous notons que seules 3 femmes sur un total de 44 députés, soit 6,8% des élus sont membres de l’Assemblée Provinciale

Cette réalité dénote clairement que les femmes ne vont pas jouir de leur droit à 50% de représentation au sein des institutions gouvernementales.

. PROBLEME SECURITAIRE :

cette situation est générale dans presque toute la province du Sud Kivu, et se présente de manière accentuée dans différents villages où la femme est soumise au viol et violences sexuelles perpétrés  d’une part par   les groupes armés  qui naissent du jours au lendemain, appuyés en arme par des personnes et entreprises non autrement identifiés.

De l’autre part par les Hommes en uniforme  et parfois des civiles  qui jouissent d’une grande liberté car protégés également par certains responsables politico-administratifs,

A ces cas de viol la femme rurale est victime des enlèvements  par les assaillants  qui s’en servent comme esclave sexuelle, sans crainte d’être  inquiété par qui que ce soit ; des cas saillants sont identifiables dans différentes entités notamment :  Minova, Nyabibwe, Kabamba, Bunyakiri, Kitutu, Kasheke,  Kavumo, Nyamukubi, Luvungi, actuellement à Katana  sans évoquer le cas frappant de BENI au nord Kivu où nos frères et sœurs sont massacrés comme des animaux, etc

 

Situation qui affecte sensiblement le développement économique de la femme et de toute sa suite étant donné que par crainte de se faire attraper, la femme abandonne ses activités champêtres, de production artisanale pour quémander une surie dans le centre ville.

Pour d’autres, on constate un déplacement régulier à la recherche des endroits plus ou moins Secure

Sur le plan économique :

Les femmes de la province du Sud Kivu en particulier et celles de la RDC en général sont confrontées à plusieurs difficultés qui freinent son émergence économique ; parmi elles nous pouvons citer :

-la dégradation de la monnaie nationale face aux dollars américains ; ce qui est à la base de la flambée des prix des biens  de première nécessité d’où l’incapacité des familles à répondre aux  besoins primaires des familles

– l’état de délabrement avancé des routes de desserte agricole et des routes nationales limite l’accessibilité  des denrées alimentaires et production des femmes rurales vers  les grands centres économiques (cas de la route Miti- Bunyakiri, Bukavu-Kavumo- Kalehe, Bukavu-Uvira en passant par le Ngomo, Bukavu-Kamituga, etc) d’où  le recul constaté dans le développement économique des femmes.

-De l’autre côté, les barrières routières et  la multiplicité des taxes, dans plusieurs contrées de la provinces, sont à la base de la baisse de l’économie de la femme rurale qui préfère solder ses productions  dans son même milieu de production au lieu de s’exposer à ce qu’elle qualifie des tracasseries routières et violences.

Sur le plan social : les femmes et  filles congolaises font l’objet d’une inégalité sociale dans plusieurs secteurs de la vie :

l’éducation : Nos enfants, fille comme garçon sont confrontés à un problème d’accès à l’éducation, la question épineuse de paiement de la prime par les parents n’a jamais trouvé la solution.

Rien n’est point encore besoin de rappeler l’article 43 al 2 de notre constitution qui prône la gratuité de l’enseignement primaire
quant à la santé : les femmes constituent encore des victimes et n’accèdent pas facilement aux soins de santé primaire ; les examens ont prouvé que 2 femmes sur 10 meurent encore au niveau du pays suite à l’accouchement et aux complications gynécologiques.

Sur le plan juridique : l’accès des femmes à la justice demeure une autre réalité malheureuse, les cas de viol et violences sexuelles utilisées comme arme de guerre à l’égard des femmes et des filles congolaises restent impunies et la question de réparation  des crimes graves constitue une priorité sur laquelle le gouvernement doit s’investir (crimes rapportés dans le rapport Mapping des Nations Unies, et autres crimes graves imposées par les groupes armés actifs dans plusieurs coins de la province tels que Mwenga,  Shabunda, Fizi, etc

Avec l’impunité, la femme et toute la communauté congolaise se voient priver de leur  droit à la  mémoire qui suppose : le droit à la vérité,  à la justice en guise d’une responsabilisation des auteurs des crimes graves, la garantie de non répétition ainsi que la réparation.

L’autre soucis demeure la mise en application des instruments juridiques nationaux et internationaux de protection de droit des femmes en l’occurrence la Résolution 1325, La Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, la Charte Africaine de droit de l’homme et de peuple relative aux droits de la  femme ; la loi sur la parité en RDC,  la Constitution de la RDC, etc

Pour pallier à ces situations qui frisent encore l’épanouissement de la femme et qui ne  favorisent pas non plus l’émergence d’un Etat de droit où l’homme et la femme jouissent de façon paritaire des droits politiques, sociaux et économiques, nous femmes réunies solennellement ce 8 mars 2019, journée internationale de la femme saisissons de cette occasion  pour solliciter :

Aux décideurs du niveau national

1° Au président de la République nouvellement élu à la fois par les femmes et par les hommes de veiller scrupuleusement    à l’application de l’article 14 ci-dessus cité et repris dans son intégralité, 50% de la représentativité des femmes, lors de la nomination des mandataires publics de l’Etat au sein des établissements publics et dans la nomination des membres des gouvernements nationaux et provinciaux ;

2° Aux  députés  nationaux  et provinciaux  de veiller au respect de cet article lors de la constitution de leurs Bureaux respectifs ;

3° Aux députés provinciaux d’avoir en tête cet article lors de l’élection des gouverneurs de des sénateurs.

5° Aux institutions judiciaires de la RDC, de s’investir activement dans la lutte contre l’impunité des crimes des violences sexuelles et autres crimes graves  commis à l’égard des femmes et aux peuples congolais.

 

6° Au gouvernement de ressusciter la commission vérité et Réconciliation pour faire de la RDC un vrai Etat de droit.

A la communauté internationale

1° se s’investir activement et réellement pour le rétablissement de  la paix au Congo

2° D’Appuyer les initiatives pour la création d’un Tribunal Spécial pour la RDC

3° Aux  Coopérations et aux ONG internationales qui font de la promotion de la parité et du genre leur cheval de bataille, de plaider auprès de institutions de la République (Président, Gouvernement, Parlement) pour la nomination d’au moins 50% des femmes en vue de l’application progressive de la loi n° 15/013 du 1er Aout 2015 portant modalités d’application des droits de la femme et de la parité

Aux femmes du Sud Kivu et de la RDC en particulier

-de cultiver l’amour pour l’intérêt des femmes

-De s’approprier le prix Nobel de la Paix dans toutes leurs démarches visant à promouvoir les droits des femmes en RDC, en Afrique et dans le monde

– de franchir les pas de la peur pour faire entendre leur revendication à tous les niveaux ;

Nous  trouvons  que la mise en application de la constitution aux articles précités constitue une garantie suffisante pour l’accès des femmes aux instances de prise des décisions et pour le respect de leurs droits.

« Si les femmes s’arrêtent le monde s’arrête » soutenons-les

Fait à Bukavu, le 8/03/2019

Les femmes de la province du Sud Kivu.

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