Elections en RDC : plaidoyer des femmes pour décaler la date de scrutins

Posté par  Elisée MUZALIA   à  ,      1 année ago     493 Views     Laisser vos impressions  

Les organisations des droits des femmes et celles de la société civile du Sud Kivu lancent un plaidoyer pour la modification du jour de la tenue des élections en République Démocratique du Congo. Le calendrier de la Commission Electorale Nationale Indépendante, CENI, prévoit les élections présidentielle, législatives nationales et provinciales, ainsi que municipales le 20 décembre 2023, un mercredi de la semaine. Pour les femmes, ce jour ne favorise pas aux habitants d’aller massivement voter pour les candidat.es de leur choix, étant donné que mercredi est un jour de travail. Ils plaident pour que la date des élections soit décalée au dimanche 24 ou 31 décembre 2023 afin également d’éviter un taux élevé d’abstention.

Au cours d’une journée culturelle sur la mobilisation de l’électorat pour un processus électoral démocratique, crédible, apaisé et inclusif, les membres des organisations de défense des droits des femmes se sont engagés à initier des actions de plaidoyer auprès de la centrale électorale afin de décaler la date des élections à dimanche pour faciliter à tout le monde de répondre à ce devoir civique.

Selon les organisateurs, mercredi, jour de vote retenu dans le calendrier électoral en vigueur, est un jour de travail et des marchés dans la plupart des localités rurales au pays et plus particulièrement au Sud Kivu.

Suite aux conditions socio-économiques précaires actuellement en RDC où la population vit au taux du jour, des risques d’une faible participation des électeurs sont inévitables, précise la CFDDH.

La Coalition des Femmes Défenseures des Droits Humains déplore le fait que maintenir la tenue des élections à mercredi 20 décembre risque de réduire les chances des femmes candidates à se faire élire massivement, alors qu’actuellement engagées et déterminées à participer à la gestion du pays, conformément aux dispositions constitutionnelles.

« Les grands défis par rapport à l’élection des femmes c’est par rapport à la date des élections ; c’est le mercredi qui est un jour des marchés dans plusieurs localités à l’intérieur de la province, surtout en ce qui concerne les femmes candidates dans les territoires, les communes rurales. Et quand on sait que ce sont les femmes qui supportent l’alimentation de la famille, où est ce qu’elles vont se pencher ? Nous vivons au taux du jour ; les femmes vont-elles se pencher à chercher comment nourrir leurs familles ou élire les candidats ? Là il y a un problème Â», craint Matilde Muhindo, Point focal de la CFDDH et conseillère à la composante Femme de la société civile.

A travers cette journée culturelle, la Coalition des Femmes Défenseures des Droits Humains a voulu sensibiliser les femmes candidates ainsi que les responsables des partis politiques par rapport aux enjeux des élections.

Au regard des étapes qui sont déjà passées dans le cadre de ce processus, notamment la publication des statistiques des personnes enrôlées, le pourcentage de femmes au niveaux national et provincial déjà publié, bien que faible, il est important de réfléchir sur ce qu’il faut améliorer en vue de l’élection massive des femmes, soutient notre source.

« Nous avons même écrit au président de la CENI, Dénis Kadima pour dire que la date de mercredi 20 décembre ne va pas arranger la population, ça risque de donner un taux élevé d’abstention aux élections parce que le mercredi est un jour au milieu de la semaine, ce n’est pas un jour férié, et puis c’est le jour des marchés. Ceux qui vont plus dans les marchés, la plupart sont des femmes ; les femmes sont les plus grandes électrices, avec le taux du jour et les problèmes socio-économiques actuellement, c’est difficile de voir les femmes ne pas aller au marché mais aller voter. Nous, nous avions déjà alerté depuis l’année passée mais nous n’avons pas été entendu. Nous pensons que si vraiment la ceni veut organiser les élections pour le peuple congolais elle doit être à l’écoute de cette population. Depuis 2006 nous organisons toujours les élections les dimanches, donc nous voulons qu’on puisse décaler au dimanche 24 décembre ou même le dimanche 31 décembre 2023. Même si on déclarait mercredi 20 décembre journée fériée, c’est un jour des marché et les jours fériés les gens vont au marché Â», renchérit Me Néné Bintu, vice-présidente du Bureau de coordination de la société civile et l’une des panélistes.  

Une certaine opinion estime par ailleurs que le plaidoyer tombe en retard ; à pratiquement deux mois des élections, rien ne peut plus changer pour une CENI qui ne tient qu’au respect du calendrier électoral.

Par ailleurs, la journée culturelle a permis de déceler l’autre défi qui risque de compromettre l’élection des femmes, un défi lié à la loi électorale qui ne s’est limitée qu’au payement de la caution pour le dépôt des candidatures, alors qu’elle devrait beaucoup plus contraindre les partis politiques à déposer des listes zébrées homme-femme. Ceci pourrait permettre aux femmes de se représenter massivement aux élections en tant que candidates, ajoute la même source.

« Nous pensions qu’aux communales nous aurions plus des femmes mais là nous avons 45 femmes sur 206 candidats, au niveau provincial nous avons 1 881 candidats mais seulement 220 femmes, au niveau national nous avons plus de 2 000 candidatures mais seulement 530 femmes. On est donc à 18 pourcents, on n’a même pas atteint 30 % et donc ça présage déjà que la représentativité ne sera pas atteinte à 50% et donc on continuera à faire des plaidoyers pour qu’au niveau de la loi il y ait des dispositions contraignantes d’exiger à la ceni de ne pas réceptionner la liste électorale qui n’est pas zébrée mais aussi encourager le gouvernement à prendre des mesures de cota pour des postes de nomination Â», renchérit Néné Bintu.

La Coalition a également soulevé des défis liés notamment à l’impréparation des partis politiques, le manque de moyens logistiques et financiers aux femmes pour battre campagne.

L’activité a été organisée le samedi 30 septembre 2023 par la Coalition des Femmes Défenseures des Droits Humains en partenariat avec la Protection Internationale, grâce à l’appui financier de l’organisation 11 11 11 Belgique et s’est tenue dans la salle Concordia de l’archevêché de Bukavu.

Elysée Muzalia

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