Sud Kivu : AFEM analyse les mécanismes d’applicabilité de l’édit portant interdiction du recours à la justice populaire
Pour réfléchir sur les mécanismes de vulgarisation, suivi et effectivité de l’Edit interdisant le recours à la justice populaire, l’Association des femmes des Médias, AFEM, avec son partenaire « Agence allemande de la coopération Internationale » GIZ en sigle, organisent un atelier stratégique pour le suivi de l’effectivité et mise en œuvre de l’édit portant interdiction du recours à la justice populaire promulgué depuis 2014. Il se tient à Bukavu, province du Sud Kivu en République Démocratique du Congo ce 27 Juin 2023.
A en croire Julienne BASEKE, coordinatrice de l’AFEM, il est question d’améliorerle degré d’implication des autorités politiques, administratives, judiciaires, les services de sécurité dans la lutte contre les tueries des femmes accusées de sorcellerie. Elle regrette de voir que la province du Sud-Kivu demeure l’une de contrée de l’Est de la RDC où la sécurité de la femme reste menacée. Plusieurs femmes sont victimes de cas de violences sexuelles et basées sur le genre, à l’occurrence les femmes accusées de sorcellerie qui subissent des traitements cruels, inhumains et dégradants.
« Elles sont lapidées, molestées jusqu’à la mort parce qu’accuser sans aucune preuve d’avoir utilisé de pouvoir maléfique au détriment de leurs communautés locales. Plusieurs cas sont répertoriés dans la ville de Bukavu et dans les territoires, des femmes battues, torturées et d’autres ont été brûlées vives dans leurs maisons par des manifestants en colère les accusant d’être à la base d’un décès ou d’autres malheurs qui frappent leurs entourages… » Explique-t-elle.
Elle a fait savoir que depuis le début de l’année 2023, AFEM a documenté 97 cas dont 15 femmes tuées, la ville d’Uvira vient en tête avec 6 femmes tuées, 3 femmes à Kalonge, 2 femmes tuées à Burhale, 2 femmes tuées à Minova et 2 autres à Luvungi. De ces cas, l’on note 82 femmes chassées de leurs villages et leurs cases détruites. Pour elle, cette situation est aussi alimentée par des fausses prophéties ou encore des par des pratiques coutumières ou test traditionnel que l’on fait pour chercher celle qui est à la base du malheur qui arrive dans la communauté.
« … malheureusement ce sont les femmes du 3e âge, les femmes cheffes des familles ou encore femmes célibataires, les veuves, les petites filles, les femmes qui n’ont pas beaucoup des moyens, qui sont toujours accusées et livrées à la vindicte populaire. Accusées injustement sans preuves sont humiliées, dénudées lynchées et brulées vives sans aucune assistance ; leurs cases sont détruites également. Celles qui parviennent à échapper de justesse à la vindicte populaire, quittent leurs villages pour vivre en clandestinité sans aucune assistance ni espoir de retour car considérées comme des éléments nuisibles dans la société… », a-t-elle ajouté.
Rappelons que, dans cette même lutte, en Mars 2023, AFEM avec l’appui de la GIZ a organisé un atelier stratégique avec les leaders religieux sur Ia problématique des femmes accusées de sorcellerie pour repenser les stratégies de prévention et de lutte contre des accusations de sorcellerie à l’égard des femmes et des filles. À l’issu de cet atelier une déclaration conjointe et un acte d’engagement a été présentée à la presse. Les leaders religieux de différentes confessions religieuses ont pris l’engagement de lutter contre toutes les pratiques d’accusation de sorcellerie envers les femmes et de lutter contre les violations de droits des femmes liées à ces pratiques au sein de leurs églises respectives et de la société.
Informons que depuis le 10 janvier 2014, le Gouverneur de Province, à l’époque Marcellin CISHAMBO, avait promulgué l’Edit interdisant le recours à la justice populaire (Edit n° 001/ 2014), Ce texte a été par la suite publié dans le bulletin officiel de la Province le 6 avril 2016(page 17 et 18) Cliquez ici pour accéder à cet édit. Force est de constater que jusqu’à présent, cet édit n’est pas non seulement vulgarisé mais aussi mis en application.
Cet atelier regroupe les services techniques de l’Etat comme le ministère de l’intérieur, commissaire en charge du genre, le directeur de cabinet du gouverneur de province, les divisions de la justice et des droits humains, le genre, les organisations de défense des droits humains, la police, les auxiliaires de justice comme les avocats, les administrateurs judiciaires ainsi que quelques magistrats. A la fin de cette activité, une note de plaidoyer sera élaborée pour la mise en œuvre de l’Edit interdisant le recours à la justice populaire.
Rédaction.
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