Sud kivu : Le lac kivu transformé en poubelle publique à la base de la pauvreté et faible production de l’énergie électrique

Des déchets en provenance de marchés, de maisons d’habitation, d’usines finissent leur course dans le lac Kivu. Une partie de ces déchets va directement vers des machines de la production d’énergie électrique de la SNEL. Une autre partie stagne en surface des eaux et dans les zones de reproduction des alevins. D’autre part, certaines maisons au bord de ce lac dirigent leurs fosses septiques dans le lac, idem pour des canalisations de certaines structures de santé et usines. Considéré comme une mère nourricière pour beaucoup de familles, certains chercheurs relèvent déjà la diminution de la production de certaines espèces aquatiques  telle que les alevins très consommés par beaucoup de ménages, a des conséquences sur l’alimentation ainsi que le commerce.

Des déchets de toutes sortes continuent d’être jetés dans le lac kivu. Des rivières et grandes canalisations  telles que Gauwa ou Wesha,  d’où l’on jette une partie de ces déchets finissent leur course dans le lac kivu puis au niveau des installations de la Société Nationale d’Electricité, SNEL via la rivière Ruzizi.

Le Directeur de la SNEL, Déo Mashali regrette de constater que des déchets des ménages, des entreprises et d’autres maisons  bouchent des canalisations de leurs installations. Il fait savoir que cette situation occasionne beaucoup de pannes au niveau de leurs équipements, mais aussi, augmente le coût d’entretien des machines.  

Au niveau des centrales de Ruzizi 1 ainsi celle de Ruzizi 2, des déchets continuent d’être visibles ; une situation qui perturbe le fonctionnement normal de nos machines, avec beaucoup de conséquences sur la production ainsi que la distribution de l’énergie électrique, fait savoir le Directeur.

« L’énergie électrique est la base du développement ; vous savez que ces déchets perturbent la production de l’énergie ; nous sommes obligé de couper l’énergie dans certains coins, ainsi beaucoup de secteurs se retrouvent alors affectés : l’industrie, des écoles que des hôpitaux Â»  confie Déo Mashali

Des étudiants et élèves ont besoin de l’énergie électrique pour étudier ; des ajusteurs et autres techniciens ; des structures médicales elles aussi ont besoin d’énergie en permanence, mais avec la présence de ces déchets, nous sommes perturbés pour bien fonctionner, dit-il.

Présence des déchets dans le lac kivu : des conséquences sanitaire, biologique et économique

Le chercheur en hydrobiologie Pascal Masilya fait savoir que du fait déjà de canaliser des eaux en provenance des usines, des structures de santé ouvre une grande brèche à la production des eaux de ce lac kivu, et pourtant capital pour la survie des familles.

Il signale que l’année passée, il a dirigé un étudiant de Biologie, qui a travaillé sur l’eau distribuée par une station de la société de distribution d’eau, qui pompe ses eaux dans le lac kivu. Après analyse, il a été constaté que des eaux des zones littérales sont un peu polluées ; d’où de conséquences sur la santé des habitants qui boivent cette eau.

« Nous avons constaté qu’après étude sur des impacts socioéconomiques et alimentaires, ces déchets canalisent, jetés dans le lac kivu, est à la base de la diminution des alevins, or la grande partie des ménages consomment cette espèce combien vitaminée. D’où le problème alimentaire et diminution de la fourniture au niveau du marché, d’où une perte financière pour beaucoup de femmes surtout, qui font ce petit commerce Â» confie Pascal Masilya

Présence des déchets dans le lac kivu : source de la pauvreté et sous-développement

Le coordonnateur de la société civile environnementale, Josué Aruna fait savoir que la présence des déchets dans le lac kivu est à la base de pauvreté dans beaucoup de familles.

 Â« Non seulement qu’il y a diminution des espèces aquatiques du côté congolais, à cause notamment de la présence de ces déchets, mais il y a risque que, la population qui consomme ces espèces, qui évoluent dans ces zones polluées soient sources de certaines maladies Â» confie Josué Aruna

Et de son côté, la responsable de l’organisation Action pour l’éducation environnementale, genre et développement durable au Kivu, Madeleine Bwenge, fait savoir qu’avant la fermeture des frontières, plusieurs femmes petites commerçantes, allaient en grande partie achètent des alevins dans les pays voisins. Pour elle, cette situation faisait perdre de devise à la RdCongo.

« S’attaquer aux eaux de la Ruzizi et du lac Kivu en particulier expose les habitants à une famine accrue et la pauvreté. Pour elle cette pratique est à bannir pour éviter la destruction massive de l’écosystème et ses dépendant et ainsi garantir un meilleur avenir aux générations futures Â» confie Madeleine Bwenge

Présence des déchets dans le lac kivu : Pistes de solution

Beaucoup d’observateurs des questions environnementales, estiment que l’Etat a le grand rôle à jouer pour mettre fin à la pollution du lac kivu, ainsi que la pratique d’y jeter des déchets.

 Â« C’est dommage ces constructions aux abords du lac kivu, et qui canalisent des eaux des matières fécales dans le lac kivu. Il faut que l’Etat applique la loi, en interdisant notamment de construction à moins de cinquante mètre du lac Â» propose la coordonnatrice de l’Association pour la conservation communautaire de la biodiversité, Marie Bwami

Le coordonnateur provincial de l’environnement, Jean de Dieu Olemwene fait savoir que son bureau a dépêché des équipes sur terrain, pour s’enquérir des gens qui canalisent des eaux usées dans le lac et y jettent des déchets, afin d’être sanctionnés.

En le maire de la ville de Bukavu, via sa brigade d’assainissement de la ville, fait savoir qu’ils sont attentes de la construction d’une usine de traitement des déchets liquides, afin de réduire ce risque de pollution des eaux du lac kivu.

Tout en invitant la population à une éducation environnementale, il indique aussi, qu’ils envisagent d’ériger plusieurs poubelles de transit dans tous les marchés de la ville de Bukavu, afin d’éviter que des déchets soient jetés dans ce lac.

Déo Cikuru