Sud Kivu/ Santé : Des femmes prisonnières des hôpitaux plus exposées à Covid 19

Posté par  Cikuru Kadjunga   à       3 années ago     377 Views     Laisser vos impressions  

« Un bébé est mort  asphyxié  après que sa maman retenue à l’hôpital plus de trois mois, ait tenté de le faire passer dans un seau, parce que n’ayant de frais médicaux» se rappelle un garde malade. Plus exposées aux maladies nosocomiales et covid 19 selon des professionnels de santé, elles sont des milieux des femmes retenues dans plusieurs structures sanitaires en province, faute de paiement, après soit l’accouchement ou des soins reçus. Elles sont une dizaine  gardées à l’Hôpital général de Kaniola dans le territoire de Walungu. Plusieurs questions restent poser sur la politique du gouvernement pour pallier ce problème, où  encore aussi le problème d’accès aux soins de qualité reste un défis pour certains.

Dans plusieurs structures sanitaires dans la province du Sud Kivu, surtout dans les territoires, plusieurs femmes restent retenues dans ces installations fautes de paiement des frais d’hospitalisation, ou des soins reçus soit elles-mêmes ou alors leurs bébés.

Des sources médicales proches de la division provinciale de la santé, DPS, au Sud Kivu signale que dans le groupement de Kamanyola, plus de trois cent femmes étaient retenues dans des hôpitaux entre les mois de Mai et de Juin par manque de moyen financier pour honorer leurs factures.

Ces mamans et leurs bébés ont été bloqués à l’hôpital depuis leur accouchement. Et pour cause, elles n’ont pas pu régler leurs factures d’accouchement. L’hôpital ne peut les libérer que lorsqu’elles parviennent à régler la note, indique ces mêmes sources

« Personnellement, je n’ai rien comme sous à payer à l’hôpital après accouchement. Mon mari est chômeur et personnellement, je n’ai pas grand-chose de mon petit commerce avec un capital de 20. 000 francs congolais. Comment avoir au moins 50 US Américain, et voilà ça fait six mois que je suis retenue ici Â» confie Pascaline Mwinja, une maman de 30 ans rencontrée dans une structure de santé

À l’instar d’autres mères condamnées à subir ce même sort, Mufungizi affirme que son espoir de régler la note se rétrécit comme une peau de chagrin. Son mari est sans le sou et est pris dans les griffes du chômage, dit-elle.

Cette situation est quasi la même à l’hôpital de Nyantende ; docteur Angélique de cette structure signale dans le service de pédiatrie, il y a plusieurs femmes et leurs bébés, qui y ont retenus faute de régler leurs factures.

Même tableau à l’hôpital général  de Kaniola, le médecin traitant à cette structure de santé, docteur Ciza Justin signale une vingtaine de femmes retenues ainsi que leurs bébés.

Des femmes retenues dans des hôpitaux : une perte économique et sociale

Et beaucoup d’observateurs estiment que cette situation de rétention des femmes à l’hôpital à plusieurs conséquences sur ces femmes ainsi que sur la communauté.

Ils font avoir que cette situation impacte sur les ménages, car les femmes retenues dans ces structures de santé, ne peuvent plus répondre aux différents besoins de leurs familles.

« Une femme retenue à l’hôpital est coupée de l’éducation de ses enfants. Elles ne peuvent plus travailler, ni faire autre chose ; ainsi elle devient quasi une prisonnière de l’hôpital Â» confie Aurelié Bidubula, une sociologue

Selon elle, la rétention des malades à l’hôpital ne constitue pas une garantie de paiement, d’où il faille réfléchir à autre alternative.

Des femmes retenues dans des hôpitaux : des conséquences sanitaires

Des professionnels de santé font savoir que ces femmes et enfants retenus dans des structures de santé sont exposés aux infections, aux maladies nosocomiales qui sont de maladies qu’on attrape dans les installations sanitaires. Ils disent craindre surtout que ces derniers puissent être victime de Covid 19, car des gestes barrières semblent être moins respectés dans ces dernières.

« D’autres femmes préfèrent maintenant accoucher chez elles par manque  de moyen ; ce qui constitue un danger pour la santé de la mère et de l’enfant. Bien d’autres, faute de frais médicaux s’adonnent à l’auto médication pour se soigner, ou soit soigner leurs bébés Â» confie docteur Willy Murhula

Et de son côté, la responsable de CAPSA, une organisation qui travaille dans le secteur de la santé, Marie Migani indique que le manque des soins médicaux appropriés et argent pour payer ces soins  peut constituer des troubles psychologiques, le risque de développer d’autres maladies et le recours à l’automédication.

Celle-ci estime que l’Etat congolais comme dans d’autres pays devraient réfléchir comment garantir l’accès gratuit aux soins de santé maternelle comme dans d’autres pays.

Des femmes retenues dans des hôpitaux : Implication des acteurs et l’Etat pour trouver solution

Le ministre de la santé dans la province du Sud Kivu, Cosmos Kusimwa regrette cette situation. Il indique que cette année la province programmée déjà un budget pour pallier ce problème, mais tout a été bouleversé suite à l’apparition de Covid 19.

Actuellement pour la nouvelle année, nous avons déjà commencé la prise de contact avec différentes zones de santé et structures sanitaires pour remédier à ce problème, que connaissent plusieurs femmes.

« Nous allons définir les critères par rapport aux malades, qui doivent bénéficier de ce budget pour l’année 2021. Dans la catégorie des bénéficiaires, il y aura aussi des malnutris, des orphelins et bien d’autres indigent que nous allons identifier Â» confie Cosmos Kusimwa

De son côté, un responsable de la communauté ecclésiastique vivante de l’Eglise Catholique, Docteur Christelle Zagabe indique que lors de l’apostolat, leur équipe profite souvent de libérer deux à trois femmes malades, qui sont incapables de payer des frais médicaux.

Celle-ci invite surtout l’Etat congolais à trouver solution à ce problème, car selon elles, beaucoup de femmes continuent d’être détenues dans des structures de santé, faute de moyen, ces dernières restent exposer aux maladies et Covid 19, car l’hôpital est aussi parmi le milieu où l’on facilement attrape cette pandémie.

Déo Cikuru

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