Guerre M23 : AFEM alerte sur la situation alarmante de violation des droits en santé sexuelle et reproductive des femmes déplacées du camp “Bassin du Congo”

Posté par  Cikuru Kadjunga   à       2 mois ago     315 Views     Laisser vos impressions  

Dans une visite de travail le samedi 9 mars 2024 au camp des déplacés dit “Bassin du Congo » en territoire de Nyiragongo dans la province du Nord-Kivu, l’Association des Femmes des Médias AFEM a rencontré les femmes déplacées de guerre de ce camps. L’objectif étant un échange sur la situation socio-humanitaire et sécuritaire que mènent les femmes de ce camps de déplacés depuis leur arrivée jusqu’à ces jours.

Depuis le début des attaques rebelles du M23 dans les territoires de Rutshuru et Masisi, nombreuses femmes et filles ont été victimes des atrocités relatives à cette guerre. Se retrouvant face à la vie difficile dans les camps de déplacés en territoire de Nyiragongo et en ville de Goma, plusieurs subissent des violences et viols du jour au lendemain.

Celles rencontrées par l’association des femmes des médias AFEM, ont partagé leurs vécus quotidiens et ont émis le vœu de voir la paix et la sécurité revenir dans leurs milieux d’origine, aujourd’hui sous occupation rebelle.

D’innombrables cas de viols restés impunis dans les camps

Une femme, mère de dix enfants dit ne jouir d’aucun de ses droits avec toute sa famille. Son mari, ses dix enfants et elle, passent tous nuit dans une même chambre sous une petite tente.

“Nous connaissons des graves problèmes dans ce camp.  Au-delà de manque de  nourriture, mon mari et moi ne pouvons plus jouir de notre vie conjugale. Nous dormons dans une même tente avec les enfants. Quand on n’a pas de quoi manger, je suis de fois contraint de céder face à mon bourreau qui me propose la nourriture en échange du sexe. Mes enfants déambulent et de là où ils vont chercher à manger, les filles sont victimes des viols et qui se réfugient dans des foyers de façon précoce”, témoigne Solange (nom d’emprunt).

Nathalie(nom d’emprunt), elle, victime de viol, a également une fille victime de viol et de grossesse non désirable:”je suis allée travailler dans un champs et le propriétaire de ce champs m’a violé après m’avoir drogué. Je n’ai pas pu le dire à mon mari sinon il me chasserait de la tente et je n’aurai nul part où aller. Ma fille de 15 ans, a été engrossée par un bandit qui l’a violé quand elle allait chercher des bois de chauffe.”

Une situation similaire à celle de Jeanne ( nom d’emprunt) qui elle, a vu sa fille tombée enceinte après un viol de là où elle passait nuit.

“J’ai dû déplacer mes enfants et les amener passer nuit ailleurs dans une autre tente pour nous permettre, mon mari et moi de jouir de nos droits conjugaux. A ma grande surprise, une de mes filles, encore mineure, est tombée enceinte d’un homme qui l’a pris de force de là où elle passait nuit », précise-t-elle avec une voix tremblante, pleine d’émotions.

Joséphine , elle, mère de sept enfants, a été abandonnée par son mari parce qu’elle ne voulait pas passer à l’acte sexuel dans leur petite tente en présence de leurs enfants.

“ quand j’ai dit à mon mari que nous ne devons pas faire le rapport sexuel en présence des enfants,  il m’a lancé des paroles blaissantes et est parti, m’abandonnant avec nos sept enfants. Je reste seule à me battre pour ma survie et celle des enfants. Je vis dans des conditions vraiment difficiles “, avoue Joséphine.

Pour Aline(nom d’emprunt), cette jeune fille de 18 ans, qui affirme être contraint de rester toute la journée dans la tente pendant les menstrues par manque de kits hygiéniques: “quand j’ai mes règles, je n’ai pas de kits alors je suis obligée de rester dans notre tente parce que si je sors, tout le monde se moquera de moi. Quand ma seule jupe que je porte, est très chargée des règles, je la lessive et la reporte mouillée. C’est très dur pour moi de vivre dans ces conditions. “

Près de 80% des femmes déplacées de guerre dans ces camps, sont dans une telle précarité quand il s’agit des questions des droits en santé sexuelle et santé de reproduction.

AFEM plaide pour des actions de protection et d’appui en faveur des femmes et filles déplacées

L’associationdes femmes des médias AFEM visant un monde juste et équitable où les femmes et les hommes sont épanoui(es) et jouissent pleinement de leurs droits, elle s’aligne pour mobiliser davantage les décideurs, les organisations qui ont pour mission la défense des droits humains dont les droits de la femme, les  structures féminines et autres partenaires de se lever et d’agir en faveur de toutes ses femmes et filles, victimes des viols et autres formes de violences basées sur le genre dans le camps de déplacés “bassin du Congo “ dans le territoire de Nyiragongo.

Aux femmes et filles victimes des viols d’être remises dans leurs droits et trouver réparation.

Au regard des multiples incidents de protection liés aux droits en santé sexuelle et reproductive, les organisations humanitaires, les structures féminines,  le gouvernement congolais, la société civile et toutes les parties prenantes, devront se mobiliser afin d’apporter des réponses pratiques qui tiennent compte des besoins spécifiques des femmes, des filles,  des hommes, des garçons, des personnes âgées, des personnes vivant avec handicap, de peuples minoritaires, à ces problématiques de façon durable.

Rose Mathe

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