Sud-Kivu : Elias Mukengere, ce dessinateur et bédéiste qui produit des faits hors de l’imagination
Jeune qu’il est, Elias affirme puiser son inspiration autour des sujets faisant référence à la femme. Amoureux du foufou aux haricots, il porte toujours ses lunettes et admire la musique congolaise surtout dans les titres de Fally Ipupa. Artiste dessinateur, peintre et bédéiste illustrateur fils de Mukengere Nyogolo Ernest et d’Elizabeth Mwa Mushengezi, il est né le 05 aout 1992 à Bukavu.
Pour lui, son un talent est beaucoup plus inné. Il commence par l’autoformation à l’âge 12 ans quand il était encore à l’école secondaire à travers des concours de dessin dans son établissement scolaire. Attiré par la nature, à ces débuts ces dessins sortaient déjà de l’ordinaire, une lampe allumée, un cours d’eau, une forêt, tels sont les genres de dessins dans lesquels ce jeune prodige noyer son inspiration.
En 2011 il sort de l’ombre et participe à un concours dénommé à la découverte de mon talent organisé par un collectif artistique de Goma. Il remporte le prix de meilleur dessinateur et participe à un atelier avec d’autres artistes professionnels de la région œuvrant dans la même discipline afin de partager de l’expérience.
Après cela, il continue ses études à l’Université officielle de Bukavu en faculté de droit. Il intègre Bukavu Youth action center BYAC, une maison culturelle qui encadre des jeunes talents, en tant que dessinateur et commence à ce moment une vie professionnelle. Avec d’autres artistes du club d’arts de BYAC ils peignent une murale d’espoir à l’entrée de l’athénée d’Ibanda qui montre l’importance de la femme dans le changement des mentalités au sein d’une société. Dans la même année il organise avec le même club une production de dessin et peinture en live dans la salle New Delicia. Ils vont juste après peindre une autre murale à la maison Dorcas 3 à Panzi dans la ville de Bukavu et forment en arts par la même occasion des enfants issus du viol pour leur auto prise en charge.
En 2016 ; avec la communauté Saint ’Egidio il produit sa première bande dessinée portant le nom de Aminata et les garçons de la casa famiglia, dans laquelle il montre comment les membres de cette communauté apporte du soutien aux enfants de la rue.
Au début de l’année 2017 après la fermeture de la maison culturelle BYAC, lui et ses deux acolytes Freud Mugisho et Yves Kulondwa Cayen créent leur propre club appelé Code b’arts. Ils font appel à d’autres artistes de la ville dans le but de contribuer au désenclavement de secteur en faisant usage  des différents supports artistiques non habituels. Le groupe compte à ces jours seize membres dont six artistes professionnels dessinateurs et peintres qui interagissent entre eux, présents dans innombrables rendez-vous artistiques grâce à la diversité dont ils font montre.
Elias est dessinateur réaliste, portraitiste, peintre et bédéiste. Son ami Freud fait la sculpture en papier mâché, un art qui consiste à la transformation des papiers déchets en sculpture et Cayen est caricaturiste et bédéiste. Ce dernier travaille également avec Le souverain, un journal paraissant à Bukavu.
Avec Code b’arts ils ont produit une bande dessinée pour la fondation Panzi, J’aime mon pays, une autre intitulée Espoir pour World vision qui relate le massacre de Beni.  Deux autres projets BD sont en cours de rédaction signale Elias ; un chrétien face à la corruption pour Saint ‘Egidio et Aminata : le malheur Jadelle, un projet propre à lui.
« Nous voulons apporter un changement positif sur la mentalité des gens à travers notre art. Nous nous inspirons de tout ce qui se passe dans la communauté, notre art c’est un outil de transformation positive de mentalité. Nos murales également conscientisent la société, celle de l’athénée invite la femme à se sentir fière de ce qu’elle est, celle de l’hôtel Elizabeth revient sur les personnalités du pays qui ont tout fait pour la RDC. L’art des papiers mâchés intervient dans un projet de lutter contre la pollution et actuellement les BD ont tendance à avoir comme rôle majeur de contribuer à la résolution pacifique des conflits » fait savoir Elias Mukengere tout fier de lui-même.
Son objectif principal et personnel est d’apporter un plus pour faire avancer l’art de son terroir pour que celui-ci soit considéré à sa juste valeur.
« Un artiste c’est celui qui travaille tous les jours car pour évoluer on ne peut pas se permettre de ne pas évoluer. On a également le devoir d’être humble, trop humble même car l’humilité est un grand atout malgré tout ce qu’on peut avoir comme compétences et dévouement » ajoute-il en souriant.
Il invite les artistes des différents domaines d’arts à faire de même pour qu’ensembles ils puissent redorer le blason de l’image ternie de la République démocratique du Congo à travers la culture.
Par Musaba Proust
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