Sud-Kivu : Bin Kabodjo Joyeux, la réincarnation d’un humour nouveau à Bukavu.

Posté par  Mama_Radio   à       7 années ago     1009 Views     Un Commentaire  

Depuis belles lurettes l’humour Bukavien se concentre sur l’aspect lié au déguisement pour attirer le public, mais depuis un moment on observe une autre catégorie d’humoristes longtemps dans l’ombre qui s’adonne de plus en plus à cet art comique.

Souvent bien habillés, ces comédiens épatent l’assistance sans se concentrer uniquement sur les gestuelles, ou sur la déformation vocale, et cela en faisant usage de la langue française comme langue de narration.

Mama radio a rencontré Joyeux Kazimbe Bin Kabodjo qui est parmi de ceux qui contribuent à l’ascension de l’humour à Bukavu. Il  explique dans cette interview nous accordée, sa conception de l’humour.

Mama R/ Monsieur Joyeux Bin Kabodjo, Bonjour !

Bin/ Bonjour Monsieur le Journaliste,

Mama R/ Vous êtes un humoriste connu à Bukavu, mais si l’on vous demandez de vous présenter, que diriez-vous ?

Bin / Ce n’est pas toujours facile de parler de soi-même. Je suis humoriste en résidence à l’institut français de Bukavu, je pense que la phrase qui me résume mieux est :« j’aime faire rire les gens, quand j’y arrive ».

Mama radio/ Depuis quand avez-vous commencez l’humour ?

Bin/ Je sais seulement que j’ai commencé à monter sur scène en 2009 c’était à l’église dans un théâtre dans lequel j’ai joué Hérode, mais je voulais quelque chose où les gens rigoler tout le temps. Ce n’est qu’à travers le théâtre scolaire que je vais rencontrer en image Pie Tshibanda que j’ai commencé à imiter pour cette poésie comique.Après avoir connu plusieurs humoristes français et de l’Afrique de l’Ouest, j’ai voulu faire cet art à travers lequel on arrache le sourire aux gens.

Mama radio / Et quel sens donnez-vous à votre humour et comment définiriez-vous cet humour dans votre façon de faire ?

Bin/ Dans ma manière de faire, l’humour c’est le ridicule de la réalité, c’est l’unique façon d’exprimer ce qui est ridicule dans une réalité quelconque.  Faire rire des gens en leur faisant une leçon, parce qu’on ne se limite pas à faire rire, je préfère que les gens réfléchissent aussi sur ce que je fais passer comme message.

Mama radio/  Est-ce que l’humour a une importance quelconque sur le plan social ou sanitaire ?

Bin/ Ça efface les rides, je m’attache à une phrase d’une jeune fille à mobilité réduite que j’ai rencontrée, et qui m’a dit Joyeux, le seul endroit où je me sens comme les autres, c’est dans tes spectacles car handicapé ou pas, chômeurs ou travailleurs, on rigole. Il y a donc cohésion sociale, des gens qui ne se connaissent pas mais qui synchronisent les rires. Il y a d’autres avantages physiques, cognitifs, sociaux et émotionnels liés à l’humour.

Mama radio/ Etes-vous convaincu que l’humour en tant qu’art peut changer quelque chose dans la société.

Bin/ L’humour peut apporter un changement, c’est de l’art, et si un artiste se placarde dans un coin pour peaufiner son art, ce n’est pas pour que demain l’on oublie ce qu’il a dit, mais c’est pour que de ce qu’il a dit découle un changement dans la société. Mon spectacle le nègre n’est pas noir, est un spectacle qui parle de la race humaine, ce texte voudrait montrer au monde que nous n’avons pas de couleur dans le fond.

Mama radio/ Qu’est-ce que l’humour a déjà changé dans ta vie ?

Bin/ L’humour a fait de moi l’homme que je suis devenu actuellement à Bukavu, en RDC et à l’étranger, l’homme sur qui on peut compter pour faire rire.

Mama radio/ Et quelles sont les difficultés que vous avez déjà rencontrées dans votre carrière ?

Bin/ Il m’est arrivé de faire un spectacle où les gens n’ont pas rigolé, et là c’est un échec. Il y a aussi des difficultés financières, malgré toutes les contraintes je me sens à l’aise car ayant investi dans ce que j’aime.

Mama radio/ Que devons-nous faire pour que la ville de Bukavu arrive au seuil d’autres pays qui ont vu cet art prospérer.

Bin/ C’est la bataille, la lutte, il y aura toujours une course interminable à parcourir pour que l’humour soit considéré comme un métier, une profession dont on peut vivre à Bukavu.

Mama radio/ Quel message donnez-vous alors à tous nos auditeurs et lecteurs et surtout à tous ces jeunes humoristes qui t’ont toujours considéré comme idole.

Bin/ L’atelier d’humour que j’anime à l’Institut Français de Bukavu m’a appris qu’on peut apprendre aux gens à faire rire, il y a ceux qui me disent, Joyeuxje vais apprendre et aujourd’hui je jure il y a certains d’eux qui sont de loin meilleur que moi, je le sais et je l’admets. Il y a d’autres qui viennent et disent je vais apprendre juste pour faire rire ma mère à la maison parce qu’elle est souvent de mauvaise humeur. Et nous continuons à recevoir les gens à l’institut français. Le message c’est seulement de tenir à ce que l’on aime, un jour ou l’autre sa finira par payer.

Mama R/ Monsieur Joyeux Bin KABODJO, Mama Radio vous remercie.

Bin/ C’est moi qui vous remercie.

 Par Musaba Proust

 

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