RDC : Mérou Mégaphone : A travers la finesse de mes vers, je plaide la cause des marginaux de la société (Portrait)
Mesurant 1mètre 67, Mérou, comme il se fait affectueusement appelé par ses proches est un artiste né et grandi à Bukavu. Fils de Namegabe Zihalirwa et Mujijima Charlotte, il est l’ainé d’une famille de sept naissances.
Amoureux du plat des pommes de terre associées aux poissons ; Mérou Mégaphone est un poète-slameur considéré comme la pépite qui actuellement arrive à tutoyer ses pairs afin de se hisser au sommet de cet art qui prend une ascension fulgurante dans la ville de Bukavu.
Souvent silencieux et parfois timide  en dehors de la scène, Hervé Mushagalusa Namegabe dit Mérou, est un jeune étudiant issu d’une génération que lui-même qualifie de consciente.  Ses textes ont généralement pour leitmotiv de plaider la cause des marginaux de la société à travers une finesse des vers qu’il ne cesse de fignoler de manière à captiver l’attention de plus d’un spectateur.
Habitué de la scène de l’Institut français, Mérou est depuis une année membre de l’atelier de l’art de la parole et de l’écriture de l’Institut Français de Bukavu qui pour le moment est la pépinière des talents locaux.
Il se lance dans le monde du Slam en 2014 d’une manière imprévisible alors qu’il noyait depuis un moment son inspiration dans une poésie toute fine.
« C’est en fait par le biais du cours de français vu en quatrième des humanités que je vais me plonger dans la quintessence de la littérature en général et c’est là même l’épicentre de ma flamme aux arts oratoires. Pour le slam, c’est grâce à l’expertise de Grand Corps Malade et la lucidité de Souleymane Diamanka que je vais acquiescer de me baigner dans l’océan du slam » signale-t-il avec un accent poétique.
En 2015, dans le but de se forger un style d’écriture digne de ses idéaux ; il se met à jour à travers une documentation sur certaines époques littéraires telles que la renaissance et le classicisme.  Elles se caractérisent respectivement par l’adoption d’une philosophie humaniste et la définition d’un ensemble de valeurs et de critères qui dessinent un idéal s’incarnant dans l’ « honnête homme ».
Il se décide de s’inscrire dans la logique de la renaissance en vue d’opérer « une  mise à jour » des consciences en combattant la beauté des choses qui anime le chef de certaines personnes afin dit-il de créer un 21ème siècle aspergé d’idées innovatrices.
Le Slam c’est tout d’abord pour lui une poésie démocratique qui lui permet d’émettre ses idées grâce à une expression narrative qui devient rimée et rythmée à partir de la cadence musicale des vers qu’il faut associer.
« Je m’inspire des poètes et des slameurs qui travaillent à la bien à l’instar de la véhémence de Grand Corps Malade, la lucidité et la grandiloquence de capitaine Alexandre, mais également des poètes et slameurs locaux comme Musaba Proust, ParDieu M’, Élie Bal’s, Raphael, Roland Manful, etc. Je lis aussi beaucoup de livres de la littérature africaine et je débriefe avec Å“il diligent les faits communautaires » fait savoir ce jeune Slameur qui adule le speech de Barack Obama avant d’ajouter avec un ton beaucoup plus sérieux « …dans mes textes, la femme est l’amour car impossible d’écrire sur l’un sans faire allusion à l’autre. Je cherche à plaider pour elle à cause de la façon la plus morose que ma société la traite. C’est la racine de nos satisfactions ».
Timide jusqu’à un certain âge, le slam est pour lui le canal par lequel il s’exprime sans frousse ni angoisse. D’où le surnom de Mégaphone, un haut-parleur au service de la communauté.
Le 18 mai 2018 il produit son premier spectacle solo dénommé « La bouche parle mais l’âme dit » à l’institut Français de Bukavu. Ce spectacle explicite le côté superficiel du slameur et passe de peigne fin une dizaine de thèmes allant de la paix à l’amour en passant par la conscientisation et la prise de conscience.
Il invite tous les amoureux de la culture Slam de s’investir pour changer le monde au travers un vers et les souhaite la bienvenue dans son spectacle avant de conclure en disant « Jah Bless ».
Par Musaba Proust
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